désir

Epices : sexualité et bonheur

Parce qu’elles sont échauffantes, qu’elles piquent, qu’elles brûlent ou anesthésient la langue, les épices ont toujours eu la réputation d’être aphrodisiaques. C’est vrai qu’à partir d’un afflux de sang au visage consécutif à l’ingestion d’un piment fort ou d’une autre épice, il n’est pas difficile de le concevoir dans le reste de l’organisme et plus particulièrement dans les organes génitaux.

C’était d’ailleurs un argument de vente pour ceux qui faisaient le commerce des épices, et des philtres d’amour épicés n’ont pas manqué d’être inventés, comme aujourd’hui les sites internet ne manquent pas de mentionner les épices parmi ses réponses à la question « aphrodisiaques naturels » posée au moteur de recherche. Pour autant, si les aphrodisiaques sont aussi réputés dans la culture populaire, ont marqué notre imaginaire et continuent de faire vendre, la plupart des produits estimés comme tels ont échoué à démontrer scientifiquement leur efficacité.

Leur réputation et leur popularité ne se dément pourtant pas, surtout s’il s’agit  d’épices, et pour cause. Nous avons avec les épices une longue et vieille histoire à l’origine de routes commerciales parmi les plus anciennes, de luttes d’influence, d’explorations, de découvertes et de colonisations qui ne s’expliquent que par la valeur qu’on leur donnait. On les a effectivement aimées et recherchées de d’Antiquité au Moyen-Age, de la découverte du Nouveau Monde aux grands comptoirs coloniaux, et jusqu’à nos jours où pour diversifier le marché du luxe dans l’alimentation, des gens parcourent le monde à la recherche de nouvelles épices qu’ils proposeront dans les épiceries de luxe ainsi qu’aux chefs les plus renommés.

De nouvelles sensations, c’est ce qu’apportent les épices depuis la première fois qu’on les a utilisées, acceptant de les payer à prix d’or pour en avoir. Dans leur utilisation en cuisine, il y a toute la capacité des hommes à rêver, inventer, transformer une vie dure où se nourrir des produits qu’on a sous la main est vital en une vie agréable où manger devient un plaisir fait d’art, de culture et de mystère. Qui a pu cuisiner indien s’en est rendu compte avec stupéfaction : la cuisine indienne est pauvre car, comme dans la nôtre, on n’y trouve en réalité que quelques légumes, légumineuses et viandes. Elle n’acquiert son extraordinaire richesse que par son utilisation et sa maîtrise des épices qui poussent sur son sol et les rendent ainsi  plus accessibles et bon marché que pour nous, pour qui elles doivent faire le tour du monde avant de nous parvenir.

Le rapport des gastronomies européennes aux épices est d’ailleurs en lien avec leur rapport au commerce des épices; l’Angleterre ayant colonisé l’Inde, son emploi des épices dans sa gastronomie est importante. En France, monsieur Poivre a donné son nom à une épice qu’il a contribué à commercialiser avec l’autre courante de la gastronomie française dont le pays avait l’exclusivité : la noix de muscade. Mais les épices, c’est aussi une dépense pour des moments d’exception : en Europe, les préparations de Noël, moment où le luxe et le plaisir sont de mise, emploient traditionnellement des épices pour réchauffer au coeur de l’hiver mais aussi parce que fêter la naissance du Christ ne pouvait se faire sans faste.

Alors, comme les épices font d’un plat de pauvre un plat de roi, donnant une dimension, une richesse à ce qui n’en avait plus, il est logique qu’on ait aussi attendu d’elles qu’elles réveillent la sexualité de ceux qui ont la libido éteinte. Il n’est d’ailleurs pas anodin qu’on parle de « pimenter une vie sexuelle ». Les aphrodisiaques sont en effet considérés comme des produits pouvant provoquer le désir là où il n’était pas; à l’inverse, des produits comme le viagra qui n’agissent que s’il y a déjà du désir.

Les Chinois, eux, ont très bien compris l’aspect multi-dimensionnel attribué aux épices quand ils font du piment un de leur porte-bonheur censé booster, pimenter tous les aspects de la vie de celui qui en accroche le symbole chez lui. Tout comme il réveille les plats qu’on oublierait sans lui, le symbole du piment se propose de vous faire une vie savoureuse dans tous les domaines, sexuel, amoureux, professionnel. En Europe, Italiens du sud et Siciliens ont eux aussi comme porte-bonheur une corne d’abondance rouge à l’aspect et au nom de piment qui ont les mêmes propriétés.

Au Maroc, c’est dans l’assiette qu’on se propose de booster votre vie. Le vrai Ras-el-Hanout – pas le mélange rassurant et exotique d’épices à couscous vendu sous ce nom en France – est un mélange d’épices choisies au gré du moment, de l’acheteur et de l’épicier et qui comprend obligatoirement, parmi les 24 à 40 épices et ingrédients – dont beaucoup ne sont pas employés en Europe – plusieurs composants aphrodisiaques comme les célèbres cantharides, aphrodisiaque mécanique avéré mais particulièrement dangereux et qui a déjà produit des accidents.

Suivez la route fascinante des épices pour réveiller votre passion de la vie; mais n’oubliez pas de surveiller quand même la voie qu’elle emprunte pour le faire…

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L’imaginaire des aphrodisiaques

Les substances aphrodisiaques, censées provoquer le désir, sont recherchées depuis toujours, l’envie d’une sexualité optimale faisant partie des ambitions ordinaires de l’être humain, voire de l’ensemble du vivant. Or, si cette ambition naturelle est assurée facilement par le désir qui nous pousse vers l’autre, ce désir, rendu parfois défaillant par des circonstances souvent vécues comme mystérieuses, se révèle surtout incontrôlable. Ce faisant, il peut être source d’angoisse. C’est particulièrement vrai pour les hommes qui, à la fois ne peuvent dissimuler leur absence de désir et à la fois doivent culturellement, ne jamais en manquer.

Cette peur universelle qui suscite l’offre et la demande, est au coeur du marché des aphrodisiaques dont la variété et les catégories de produits proposés révèlent une histoire ancienne ainsi que la nature complexe et mobile du désir humain. Car contrairement à celui des animaux, il a aussi ses racines dans la culture, les phénomènes intellectuels et la conscience de la mort. De fait, s’il est vrai que certaines substances fonctionnent physiologiquement et donc mécaniquement sur le désir, la plupart, plus culturelles et plus proches du psychisme où le désir prend de plus en plus racine au fil des expériences et du temps, fonctionnent par effet placebo. Aimer, désirer, c’est d’abord être soutenu par la foi et la confiance.

De ce fait, l’imaginaire des aphrodisiaques est riche et peut agir de différentes manières :

  • Par suggestion visuelle au travers des formes phalliques utilisées depuis toujours dans des représentations pour des rituels de fécondité, des pierres dressées sur lesquelles les femmes se frottaient pour tomber enceinte au gisant de Victor Noir du Père Lachaise noirci à l’entre-jambe à force de frottements et qu’on dut même entourer de barrières pour assurer sa préservation.Dans ces cas-là, le pouvoir passe par le toucher. Dans les substances aphrodisiaques, il passe par le fait d’ingérer un aliment évocateur de forme ou connoté comme le bien nommé bois bandé dont on convoite certainement les qualités de longueur et de dureté, les cornes ou les pénis d’animaux ou les huîtres et les coquillages, les testicules du taureau tué lors de la corrida, en Espagne, mais aussi les racines aux formes évocatrices comme la dangereuse mandragore ou le gingembre.
  • Par analogie symbolique, avec ce gingembre qui est une de ces substances qui « fait dresser le yang », comme a pu le définir un asiatique. Les produits aphrodisiaques naturels sont en effet culturellement marqués et appartiennent à un domaine de croyances ou de représentations, mais ils correspondent aussi à une logique universelle. Ainsi, ceux qu’on estime aphrodisiaques sont sont souvent considérées comme échauffants, de cette chaleur qu’on attribue également à l’amour, au désir, qui en effet, élèvent la température du corps et rendent indifférent à la température extérieure. Le vocabulaire en témoigne à travers des expressions populaires comme : « brûler de désir« , « avoir le feu au cul« , »être chaud« , « faire monter la température« , etc. De fait, gingembre, piment, poivre, clou de girofle et beaucoup d’autres épices qui piquent la langue sont considérées comme des aphrodisiaques au point d’être interdits aux religieux et d’inquiéter les gens prudes.
  • Par logique morbide. C’est peut-être le point le plus obscur du désir mais il est désormais incontesté qu’Eros, principe de vie, est indissociable de Thanatos, principe de mort et que la conscience de la mort peut pousser à l’instinct de reproduction. Chez nombre d’animaux, d’ailleurs, désir et reproduction sont souvent liés à la mort. C’est le cas du rut violent des cerfs, des kangourous, de la dévoration de la mante religieuse mâle par la femelle au cours du coït, ou la mort massive des saumons remontant le cours des rivières au péril de leur vie pour leur ultime voyage de reproduction. Ainsi, bien que conscients de la dangerosité de la mandragore comme des cantharides, aphrodisiaques réputés dont la consommation peut être mortelle, les hommes n’ont pourtant jamais vraiment cessé d’en consommer, sans doute à cause de cette croyance qui veut que tout ce qui ne nous tue pas nous rende plus fort. Comme les pèlerins du Moyen-Age venus dans un lieu dangereux comme le Mont Saint-Michel environné de sables mouvants se sentaient plus vivants et favorisés par Dieu s’ils survivaient aux dangers, ceux qui prennent le risque de consommer un aphrodisiaque toxique n’espèrent-ils pas ce surcroît de vie sexuelle offert à celui qui croyant mourir, se voit sauf et donc infiniment, intensément en vie ? Quand on sait que le fugu, le célèbre poisson-globe très toxique dont les japonais raffolent et que seul un spécialiste peut cuisiner est considéré comme un aphrodisiaque, il n’est pas difficile de le penser.

 

Loin d’un levier morbide et suicidaire pour stimuler ta libido, je te souhaite, cher lecteur, chère lectrice, de forts élans de vie au rang desquels l’amour et la sensualité pour soutenir tes pas vers la beauté de l’existence.

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Principes de magie d’amour

Quiconque connaît un peu la magie et toute la culture qui s’y rapporte peut constater plusieurs choses : d’abord, la magie est universelle, et il est donc possible de trouver des recettes, des formules dans toutes les civilisations. Ensuite, la magie possède des règles, des formules particulières qu’il faut toujours respecter scrupuleusement car elles correspondent à une symbolique très précise censée contraindre l’univers à se mettre en marche pour exaucer le désir de celui qui l’a utilisée.

Un autre point particulier à l’univers de la magie est son caractère éparpillé. Ainsi, il peut être facile de trouver des livres de magie assez anciens et publiés s’ils sont assez célèbres, on peut aussi trouver des livres d’historiens très sérieux ayant étudié le phénomène et donc relevé certaines formules et pratiques, mais globalement, la magie relève plutôt d’une culture du privé, du secret, de choix personnels, voilà pourquoi un livre de magie même célèbre peut consister en des mélanges sans cohérence de formules venues de partout dans le temps et dans l’espace en fonction de ce qui aura plu à celui qui les aura retranscrites.

La magie, c’est aussi, malgré ses règles strictes, un ensemble de pratiques où peut entrer une part de créativité parce que chaque demandeur est unique, mais où la loi principale, inchangée depuis les débuts de la magie, considère que ce qui est en bas est comme ce qui en haut et que, mimer son désir ou le mettre en scène de façon symbolique en donnant son nom, en invoquant les bonnes divinités ou juste en faisant les bons gestes avec les bons objets forcera l’univers à l’exaucer. La magie rend actif le désir qui ne fait pas que consumer celui qui l’éprouve mais le rend créatif et injonctif pour que ce désir soit contagieux.

Rituel d’amour de l’Egypte antique

« Quand tu désires qu’une femme aime un homme, 

Tu prends la sève d’un arbre-her;

Tu prononces leur nom exact devant eux.

Tu la mets dans une coupe de vin ou de bière;

Tu la donnes à la femme pour qu’elle la boive. »

( Charme issu d’un papyrus du III ème siècle dans Chants d’amour de l’Egypte antique )

La magie, c’est aussi de la mythologie qui se rejoue symboliquement par certains actes, une imitation de la vie des dieux dont l’efficacité doit pouvoir reposer sur la similitude. Puisque les dieux ont créé l’univers et le manifesté, en faisant des choses semblables à ce qu’ils ont fait, le désir devrait logiquement se réaliser car comment le dieu pourrait-il être insensible à un tel hommage ? Une formule magique, c’est donc toujours l’expression d’un ordre, mais aussi parfois, l’évocation, l’hommage, ou l’imitation de l’acte d’un dieu. Et dans la magie d’amour s’y ajoute très souvent de l’organique, du fluide, du vivant.

Rituel d’amour sumérien ancien

« Je te frappe sur la tête, perturbant ton esprit

Que ma volonté soit ta volonté

Que ma décision soit ta décision

Je te possède comme Ishtar a possédé Dumuzi

Comme la bière attache celui qui la boit

Je t’ai attaché avec ma bouche chevelue

Avec mon vagin ruisselant de liquide séminal

Avec ma bouche qui salive

Avec mon vagin ruisselant de liquide séminal

Aucune rivale ne se mettra entre nous. »

(1974-1954 av. J-C. V. Grandpierre. Sexe et amour, de Sumer à Babylone)

Si on fait appel à une divinité, il est très courant de manifester son intention, son nom, le nom de la personne désirée, utiliser des parfums, représentations ou symboles qui lui sont associés.

Rituel Babylonnien ancien

Prenez une grenade ou une pomme, belle et appétissante, isolez-vous dans une pièce sans lumière et sans témoins, et dites :

« La plus belle des femmes a inventé l’amour ! Ishtar, qui se délecte des pommes et des grenades, a créé le désir. Monte et descends, pierre d’amour, entre en action à mon avantage. C’est Ishtar qui doit présider à notre accouplement. »

Réciter trois fois sur le fruit consacré à la divinité et faire croquer à la personne désirée.

( Jean Botéro. Amour et sexualité à Babylonne )

Et parce que c’est une culture à part, intemporelle et marginale, les livres de magie, ça peut aussi nous offrir la surprise de voir conservé le fragment d’un livre célèbre qu’on a toujours évoqué sans jamais prouver qu’il existait vraiment et qui a donc plus l’air d’un mythe que d’une réalité. La recette mystérieuse, la voici :

« Il est écrit dans le livre de Cléopâtre qu’une femme qui n’est pas contente de son mari comme elle souhaiterait n’a qu’à prendre la moelle du pied gauche d’un loup et la porter sur elle, il est certain qu’elle en sera satisfaite et qu’elle sera la seule qu’il aimera. »

( Alexandre Legran.Les vrais secrets de la magie noire : applications.)

Dans le labo de Cléopâtre : Cléopâtre et son célèbre bain au lait d’ânesse

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Reflet de Cythère (5)

Dans Reflet de Cythère, une poésie, invocation, ou texte permettant de mieux connaître Aphrodite et son culte est choisi.

Aujourd’hui, ce sera le poète Léonidas de Tarente qui s’y collera.

Il s’était attaché à décrire avec tendresse la vie des petites gens et s’était fait une spécialité des ex-voto réels ou fictifs. Il a été choisi pour illustrer un poète et non une poétesse vénérant la déesse de l’Amour et de la Beauté.

Car le domaine d’Aphrodite intéresse aussi bien les hommes que les femmes, et malgré mon étonnement constant face à cette réalité et la grande discrétion de la majorité d’entre eux, les hommes sont nombreux à suivre ce blog, bien plus nombreux que ce que j’aurais pu m’imaginer.

C’est à leur intention et en pensant d’abord à eux que ce poème a été choisi, bien qu’il s’adresse à tout le monde.

Hymne à Aphrodite

« Je vais chanter Cythérée, née à Chypre. Elle fait aux mortels de doux présents; son aimable visage toujours sourit et elle porte la gracieuse fleur de la beauté. 

Je te salue, déesse, reine de Salamine et de Chypre; accorde-moi des chants qui excitent les désirs; je me souviendrai de toi et des autres chants. »

Léonidas de Tarente. III ème siècle av. J-C

Dans cette poésie, on portera notre attention sur la notion de chant. Aujourd’hui, le chant est quelque chose de laïc, banal et récréatif, mais à la base, c’est une pratique religieuse et magique ( en latin, le chant, c’est carmen, qui signifie le charme, la formule magique ) et pouvait donc inspirer des désirs en convoquant les dieux.

La parole inspirée et le chant n’ont pas perdu de leur pouvoir sous prétexte que les dieux grecs ne sont plus vénérés. Il y a toujours quelque chose d’Orphée dans la parole inspirée de celui qui aime.

Toi aussi, quand tu auras été inspiré par l’Amour au point que tes paroles et tes chants suscitent le désir, souviens-toi d’Aphrodite l’espace d’un instant.

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Le meilleur aphrodisiaque

Vous cherchez un aphrodisiaque efficace ?

Voici le meilleur actuellement disponible sur le marché.

                                                   Amour

Veuillez lire attentivement l’intégralité de cette notice avant de prendre ce médicament. 

1. Qu’est-ce que Amour et dans quel cas est-il utilisé ?

Amour est un médicament 100 % naturel et bio-chimique synthétisé ici par les laboratoires https://echodecythere.com/.

Il est préconisé contre les sentiments de solitude, de manque affectif, de vide existentiel et de misère sexuelle. Dans ce dernier cas, c’est un aphrodisiaque puissant.

2. Quelles sont les informations à connaître avant de prendre Amour ?

Même s’il peut faire des miracles, Amour ne guérit pas de tout.

En revanche, tout le temps de sa durée, il peut vous faire voir la vie en rose, vous rendre plus fort au quotidien, plus généreux, plus altruiste, plus confiant, plus extraverti, plus serein, plus lumineux, plus beau, plus patient et plus endurant face aux problèmes de la vie en général, sexuels ou non.

Il peut augmenter considérablement votre libido, démultiplier votre vie sexuelle, son intensité et sa qualité. Il peut vous faire faire également tout un tas de projets d’avenir que vous n’aviez jamais eus auparavant : mariage, enfants, vie de famille, etc.

3. Mise en garde spéciale

Amour ne doit pas être pris avec légèreté car c’est un médicament de l’âme aux effets puissants qui exacerbe en même temps les failles psychologiques du sentiment de soi et de la perception de l’autre.

Autrement dit, Amour révèle aussi bien le meilleur que le pire de vous-mêmes. Donc, soyez prudent.

Analysez bien votre comportement pendant la prise pour conserver au mieux ses effets bénéfiques et n’ayez pas peur d’être à l’écoute des critiques constructives et bienveillantes de l’être aimé.

Interactions médicamenteuses

Attention, Amour ne doit pas être pris avec Personnalité destructive.

4. Comment prendre Amour ?

Pas de recommandations spéciales, c’est un médicament à dosage intégré : Amour se prend donc comme il vient.

Néanmoins, en cas d’oubli à cause du stress, de mauvaises conditions de vie momentanées, reprenez une petite dose d’Amour en pensant à toutes les qualités de l’être aimé, à tout ce qui vous lie et vous unit à lui.

5. Quels sont les effets indésirables éventuels ?

Comme tous les médicaments, Amour est susceptible d’avoir des effets indésirables bien que tout le monde n’y soit pas sujet.

Effets indésirables très fréquents

– Perte d’appétit

– Augmentation de l’appétit

– Perte de poids

– Prise de poids

– Perte d’intérêt pour ce qui n’est pas l’être aimé

– Perte du sentiment de réalité

– Changement de personnalité

– Augmentation impressionnante de la libido

– Exacerbation de la vie sexuelle

– Monomanie

– Jalousie modérée

Effets indésirables fréquents

– Insécurité

– Peur de la perte

– Possessivité

– Dépendance

Effets indésirables peu fréquents

– Paranoïa

– Jalousie maladive

– Désespoir

Effets indésirables très rares

– Suicide

– Crime passionnel

En cas d’effet indésirable dangereux pour votre santé et celle des autres, cessez Amour sans vous décourager. Une autre prise fonctionnera peut-être mieux à un autre moment de votre vie. N’hésitez pas à demander de l’aide en cas de problème récurrent après une autre prise.

6. Comment conserver Amour ?

Ne pas utiliser après la date de péremption au risque d’aggraver les souffrances.

Amour se conserve plus longtemps si on l’emploie avec Respect et Conscience.

Composition : mélange naturel et biochimique constitué dans des proportions inconnues d’attirance, de désir et d’autres sentiments mêlés variables et personnels selon la constitution et l’histoire de chacun.

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Reflet de Cythère (3)

Dans Reflet de Cythère, une poésie ou une invocation à Aphrodite est mise à l’honneur. Généralement, il s’agit d’une poésie de l’Antiquité, époque où on croyait encore aux dieux anciens. Mais il existe des exceptions, et certaines fois, des gens conservent un coeur et une sensibilité païens sans qu’eux-mêmes sachent pourquoi.

C’est le cas de Leconte de Lisle, un de nos poètes un peu oubliés du XIX ème siècle. Parnassien, épris de Beauté, il était inspiré par la Grèce ancienne dont il traduisit des poèmes dans des vers d’une grande perfection formelle. C’est sans doute même ce qu’on lui reprocherait aujourd’hui.

Mais peut-on vraiment reprocher à un être épris de Beauté d’être prisonnier des formes ?

Cette poésie s’affirme comme Hymne orphique, imitant des Hymnes d’Orphée consacrés à chaque divinité sous le nom de « parfum » suivi du nom de la divinité et qui sont parvenus jusqu’à nous. Mais rares sont ceux qui les lisent encore.

La myrrhe était le parfum précieux de l’Antiquité consacré à Aphrodite, du nom de l’arbre d’où venait la sève odorante à la base du parfum et d’où sortit son grand amour Adonis. Une vieille histoire, encore !

PARFUM D’APHRODITE
« La Myrrhe
Ô Fille de l’Écume, ô Reine universelle,
Toi dont la chevelure en nappes d’or ruisselle,
Dont le premier sourire a pour toujours dompté
Les Dieux Ouraniens ivres de ta beauté,
Dès l’heure où les flots bleus, avec un frais murmure,
Éblouis des trésors de ta nudité pure,
De leur neige amoureuse ont baisé tes pieds blancs,
Entends-nous, ô Divine aux yeux étincelants !
Par quelque nom sacré que la terre te nomme,
Ivresse, Joie, Angoisse adorable de l’homme
Qu’un éternel désir enchaîne à tes genoux,
Aphrodite, Kypris, Érycine, entends-nous !
Tu charmes, Bienheureuse, immortellement nue,
Le ramier dans les bois et l’aigle dans la nue ;

Tu fais, dès l’aube, au seuil de l’antre ensanglanté,
le lion chevelu rugir de volupté ;
Par Toi la mer soupire en caressant ses rives,
Les astres clairs, épars au fond des nuits pensives,
Attirés par l’effluve embaumé de tes yeux,
S’enlacent, déroulant leur cours harmonieux ;
Et jusque dans l’Érèbe où sont les morts sans nombre,
Ton souvenir céleste illumine leur ombre ! »

Leconte de Lisle. Derniers poèmes publiés à titre posthume par José Maria de Hérédia. 1899.

Qu’y a-t-il dans les vrais Kâma Sûtra ?

Lorsqu’on évoque ce qu’il appelle « le Kâma Sûtra » avec un Occidental, il connaît toujours, même lorsque ce n’est pas un lecteur – thème de nature obsessionnelle oblige ! -, mais il le connaît comme un manuel de postures sexuelles. Tapez Kâma Sûtra dans un moteur de recherche et vous aurez bien souvent dans les premières pages des propositions de postures excitantes pour pimenter vos nuits, proposées très généralement par des magazines bien intentionnés. Du Kâma Sûtra de la femme enceinte au Kâma Sûtra de l’avent, pour vendre, tout y passe !

Or, les Kâma Sûtra, ce n’est pas un manuel de postures. Tout comme dans le temple de Khajurao célèbre pour ses bas-reliefs érotiques, les postures ne représentent qu’une faible portion de l’ouvrage, mais en matière d’exotisme, notre culture est l’héritière de ces voyageurs colonialistes projetant volontiers leurs obsessions sexuelles qui se débridaient hors du cadre judeo-chrétien strict dans lequel ils vivaient en Europe. Cette capacité colonialiste et méprisante à réduire la culture des autres à un fantasme trouve un prolongement favorable dans une société qui a la consommation pour logique, où seul ce qui se désire et peut être satisfait semble digne d’intérêt, alimentant le circuit de l’offre et de la demande.

Alors, que trouve-t-on dans les Kâma Sûtra, littéralement les versets du Désir ?

D’abord, on y trouve une culture différente dans toute sa complexité, c’est sûrement ce qui embarrasse le consommateur. C’est un manuel qui a du sens dans une société où les codes sociaux et moraux ne sont pas les mêmes que les nôtres, l’ouvrage étant déjà très ancien puisqu’il remonte à une période indéterminée, entre le I er et le V ème siècle d’une Inde dans laquelle nous ne vivons pas.

Ensuite, on y trouve des gens. Des hommes qui veulent faire l’amour ou se marier, à qui les Kâma Sûtra expliquent comment réaliser une approche et conclure, des femmes, belles ou laides, jeunes ou vieilles qui viennent de se marier ou qui vont le faire, à qui on donne des conseils pour conserver l’être aimé, des courtisanes à qui le manuel apprend à évaluer les hommes et les situations, à calculer pour soutirer le plus d’argent à un amant en le choisissant bien puis en adoptant certaines attitudes et employant certaines ruses pour le conserver assez longtemps pour lui soutirer le maximum. Il y a aussi des entremetteuses, des eunuques, des soeurs de lait, des amies, des femmes de harem, etc. Enfin, et c’est sûrement ce qui est le plus étonnant, il y a, pour l’écrire, un brahmane motivé et rigoureux, qui compile et résume, sous le nom de Kâma Sûtra, un ensemble d’ouvrages écrits antérieurement. Ce brahmane n’hésite pas à prendre la parole et à l’assumer. Ce n’est donc pas l’ouvrage honteux d’un anonyme mais un ouvrage d’érudit s’acquittant du mieux possible de sa mission.

Puis il y a aussi des considérations techniques : le type de plaisir éprouvé selon la taille du pénis et du vagin des deux partenaires, des intentions mutuelles qui président à l’accouplement, les conditions dans lesquelles ça se fait, des liens logiques de cause à effet entre un type de comportement adopté et la réaction qui viendra de la part du partenaire. Les Kâma Sûtrâ sont d’une incroyable finesse psychologique, ce qui ne doit pas non plus être fait pour exciter un consommateur pressé.

On y trouve enfin des pratiques. Pratiques sexuelles qui ont beaucoup fait rêver les Occidentaux alors qu’il semble évident qu’à part une ou deux postures très techniques, ils les ont déjà pratiquées tant tout cela, en Inde comme ailleurs, est plus instinctif que scientifique, bien heureusement. C’est bien sûr le cas de la fellation qui, contrairement à ce qu’on croit, est assez unanimement considérée comme une pratique méprisable. D’autres pratiques sont mentionnées comme des baisers et des caresses qui ont toujours des noms surprenants mais qui ne font pas toujours envie et des pratiques qu’on peut trouver barbares comme celle qui consiste à mettre de légers coups de poing entre les 2 seins de la femme pendant l’acte sexuel ou les morsures et griffures qui, exhibées ensuite, rappellent l’acte d’amour qui les a provoquées et sont de nature, paraît-il, à raviver la flamme.

Mais les pratiques les plus importantes, et c’est certainement ce qu’il y a de plus surprenant, ce sont celles des 64 arts qui vont de la musique au jeu en passant par la poésie, la cuisine, la conversation, les divertissements, la danse, l’architecture, la stratégie militaire ( si, si !), l’art floral, etc. Ces 64 arts à maîtriser, exigés en tête du livre avant toute autre considération et estimés comme garants d’une séduction infaillible, témoignent d’une culture qui entend malgré tout faire passer les plaisirs de l’esprit avant ceux du corps.

Finalement, quelle est la qualité des Kâma Sûtra ?

Comme souvent dans la pensée indienne, la qualité des Kâma Sûtra réside dans leur tolérance car ils se nourrissent d’abord du génie des autres et donnent sur tous les sujets aussi bien le point de vue généralement admis – englobant celui de l’auteur – que celui des auteurs d’avis contraire. C’est également un manuel qui donne des conseils pour faire l’amour mais qui précise aussi que dans le feu de l’action, aucune règle n’existe. Ouvrage inscrit dans une société, il propose aussi des conseils pour se marier selon sa caste mais admet qu’ « on ne trouve le bonheur qu’avec celle que l’on aime vraiment, quelle qu’elle soit » et que « le meilleur des maris reste celui qui possède toutes les qualités qu’une femme a pu souhaiter. »

C’est donc leur subtilité qui fait des Kâma Sûtra une lecture intéressante, bien au contraire de ce à quoi on a voulu les réduire.

Pour les courageux dont l’intérêt aurait été éveillé, on peut trouver l’ouvrage notamment ici : http://www.atramenta.net/lire/les-kamasutra/2696/3#oeuvre_page

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Seins et symbolisme

Spécificité du corps féminin, caractère sexuel secondaire qui, paradoxalement prend la première place par sa visibilité bien qu’il soit couvert, le sein, de toutes les manières qui lui sont possibles, occupe bien souvent l’espace principal du rapport homme-femme.

Les seins apparaissent chez la femme à la puberté, comme le reste des autres caractères sexuels secondaires, mais celui-ci, contrairement aux autres – les poils, qu’on peut épiler, les règles, qui ne se manifestent que 5 jours par mois – s’installe aussi bien dans la durée que dans la contrainte.

Car les seins paraissent libres, poussant comme ils le veulent, en taille, en forme, apparaissent selon des lois génétiques et hormonales se déclarant soudainement et évoluant selon des changements hormonaux ou relatifs à d’autres causes pas toujours identifiables et qui peuvent laisser perplexes. En bref, ils semblent mener leur propre vie sur le corps de la femme, comme ces parasites qui colonisent d’autres espèces pour pouvoir vivre, occasionnant parfois des gênes, des douleurs, et, parce qu’ils sont également une zone érogène, le plaisir et l’excitation.

Ils sont si contraignants, si envahissants, si puissants qu’ils exigent même un appareillage, un vêtement, qui leur est réservé pour pouvoir les dresser, les sangler et les contraindre à plus d’obéissance et de discrétion !

Mais ce ne sont pas les seuls problèmes qu’ils génèrent, car apparaissant à un âge où les idées de séduction, de désir et d’identité, commencent à émerger, ils ont le pouvoir d’occasionner bien des complexes selon qu’une jeune fille se voit dotée bien malgré elle d’une poitrine conforme à ce que les autres désirent ou non. Trop petite, on se moquera d’elle, trop grosse, on se moquera également d’elle et elle attirera bien souvent des comportements grossiers d’une violence d’autant moins certaine qu’elle se prétendra souvent involontaire. Un sein frôlé, n’est-ce pas un petit plaisir que certains s’offrent hypocritement, à peu de frais, se retranchant derrière l’accident ?

Ainsi, en plus d’être des parasites, les seins sont les éclaireurs à  l’avant-poste de la vie sexuelle, laissant deviner sa part violente et pulsionnelle qu’il faudra cerner et maîtriser avant de pouvoir la vivre sereinement. Car les seins, de par leur position comme de leur fonction initiale destinée à nourrir l’être à qui on a donné la vie, nous projettent hors de nous-mêmes, dans cette arène désirante que constitue le monde.

Et dans ce monde d’hommes où la femme est l’objet du désir, les seins ont la première place, créant des inégalités entre celles qui en ont et celles qui n’en ont pas, celles qui en ont de gros, celles qui en ont de petits, celles qui sont inhibées, celles qui ne le sont pas, tournant la roue du destin dans un sens inattendu, révélant à certaines leur pouvoir, à d’autres qu’elles n’en ont pas, et donnent l’idée aux plus ambitieuses et limitées à leur enveloppe physique, d’en acquérir de plus gros. Comment s’en étonner quand certaines publicités pour la lingerie, entre autres, cachant le visage du mannequin et se focalisant sur la poitrine pour une meilleure identification, symbolisent à merveille le rapport que la société entretient vis-à-vis des femmes, c’est-à-dire avec leur corps plutôt qu’avec leur esprit, ce corps muet sur lequel projeter tous ses désirs ?

Cette réduction, assez courante pour finir par devenir inaperçue est donc logiquement autant ce qui aliène la femme au désir que ce par quoi elle va pouvoir manifester son pouvoir, sa colère et sa contestation dans la langue où on a le plus envie de l’entendre, c’est-à-dire l’exposition de son corps. En mai 68, les femmes brûlaient leur soutien-gorge dans un rituel destiné à brûler également toute entrave faisant de la femme un être aliéné. Dans les années 70, une femme se promenait dans les rues de Paris, les seins enfermés dans une boîte, proposant à des hommes inconnus de les caresser, montrant combien le corps de la femme était un objet. Seuls nos seins vous intéressent ? Et bien, c’est désormais eux qui parleront, semblent dire au monde les Femen, féministes activistes dont les seins sont les pancartes sur lesquelles elles inscrivent leurs revendications.

Ainsi, les seins, lieu de notre faiblesse et de notre aliénation, savent aussi devenir lieu de notre pouvoir et de notre révolte.

Ce pouvoir, c’est aussi celui de participer à la nature quand une femme décide d’allaiter ou de revendiquer sa liberté quand elle choisit à l’inverse de ne pas le faire, mais aussi de le faire en public, comme la nature le lui permet et comme la société ne l’accepte plus. Car à force de les avoir érotisés, exposés dans un but d’excitation purement sexuel depuis que la Renaissance a adopté le point de vue hédoniste des Grecs de l’Antiquité, les seins dénudés ne signifient plus désormais, dans nos vies où ils sont à vendre, ce don de l’amour et de la vie offerts à un nouvel être tel que le Moyen-Age en avait l’habitude dans les représentations de Vierge à l’enfant.

Logique alors qu’ils soient le lieu de tous les paradoxes, clivages, oppositions et révoltes. Les seins sont donc les contestataires qui remplissent nos soutien-gorge, des bombes sociales qui ne se désamorcent que dans la maturité de la relation apaisée d’une femme avec elle-même, dans toutes ses dimensions physiques et spirituelles – qu’elle peut découvrir parfois à la suite d’une ablation – mais aussi avec le monde, quand celui-ci accepte qu’elle soit aussi autre chose qu’une belle femme : une belle personne.

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Désir versus Sehnsucht

Au-delà de sa dimension instinctive et primordiale, le désir est aussi quelque chose de culturel et donc différent d’une société à une autre. Sa manière de se concevoir passe par la langue – forgée par les écrivains et les poètes – qui a le pouvoir de façonner la pensée.

En français, le désir vient du latin desiderare qui signifie désirer et regretter l’absence de, mais il est aussi de la même famille que sidus, l’étoile. Nous considérons donc le désir à la fois comme une tension vers un objet en même temps que son regret avec la tête et les yeux tournés vers les étoiles ou regrettant que la destinée – qui se décide dans les étoiles dans la grande tradition antique encore vivace de l’horoscope – ne soit pas plus favorable à nos amours et à nos voeux.

En Allemagne, en revanche, le désir, Sehnsucht, est comme en français marqué du sceau du désir et de la nostalgie, mais aussi de l’attente passionnée, de la langueur et de l’impatience. Sur le site de Karambolage, Bettina Wolfahrt nous précise :  » Tous ces états d’âme passionnés résonnent en allemand dans ce seul mot de Sehnsucht. » On a déjà dépassé le champ sémantique du mot désir. Néanmoins, s’y ajoute encore une émotion : la souffrance. Toujours sur le site de Karambolage, pour l’expliquer, on cite Goethe qui écrit :  » Seul qui connaît la Sehnsucht sait combien je souffre. », et on nous précise que la Sehnsucht est un état d’âme exclusivement allemand.

Pourquoi une telle différence entre ces façons de concevoir le désir ?

La réponse se trouve peut-être dans la culture littéraire.

Les artistes révèlent en nous ce que nous possédons sans le reconnaître et définissent nos émotions, leur donnant une âme au moyen de leurs oeuvres. Ce sont des miroirs en même temps que des accoucheurs d’âme dont le nouveau-né sera le langage, la langue vivante que l’usage par le poète ou l’écrivain finira de façonner et que les utilisateurs de la langue qui viendront après lui finiront de faire grandir.

Goethe, chef de file des romantiques allemands, auteur de première importance, a marqué l’âme de son pays en exprimant la souffrance et le tragique de l’amour impossible à travers Les souffrances du jeune Werther et Les Affinités électives. C’est le Goethe des Allemands, celui qui préfère aussi une injustice à un désordre. C’était un écrivain plus contemplatif qu’engagé, avec un goût prononcé pour les sciences qui nécessitent autant d’observation que de solitude.

Or, ce Goethe-là, ce n’est pas celui des Français. Le Goethe des Français, c’est celui qui a écrit Faust. Une oeuvre qui nous a tellement plu que ce sont des Français, Gounod et Berlioz, qui en ont fait un opéra, tandis que d’autres Français l’adaptèrent au cinéma et même à la télévision. La pièce de théâtre, Faust nous a plus séduits que ces lamentations et langueurs amoureuses contenues dans les romans de son auteur. Et pour cause : c’est une oeuvre française du XV ème siècle, Le miracle de Théophile, qui l’a inspirée.

L’âme des Français, contenue dans leur littérature et que leur littérature leur a aussi permis de révéler, c’est celle de la fronde, de la rébellion. Et parmi ses romantiques, demandez-lui de choisir entre Lamartine et Baudelaire, le Français choisira Baudelaire, le ténébreux, le marginal qui n’aime les Fleurs que quand ce sont celles du Mal; demandez-lui de choisir entre Chateaubriand le dépressif et contemplatif et Victor Hugo, tout aussi dépressif mais épris de justice sociale et qui a lutté pour elle, et il choisira toujours Hugo. Les romantiques qu’il préfère sont les plus frondeurs, et la beauté des vers, la beauté de la prose doivent s’associer pour lui à un combat contre autre chose : la littérature elle-même ou les inégalités dans la société, les préjugés, etc. N’importe quoi pourvu qu’il y ait combat.

Dans notre façon française de désirer, il y a un peu de cela : une volonté de contrer le sort et d’atteindre les étoiles, d’atteindre son but. C’est une manière frondeuse de vivre l’amour et le désir qui, si elle n’exclut pas la nostalgie, lui laisse néanmoins peu de place.

Dans la manière allemande, cette façon hyper-sensible de désirer est emprunte de ce romantisme qui fut l’Age d’Or de son rayonnement littéraire à travers le monde et dont les romantiques français n’ont été finalement que de pâles imitateurs.

Et quand on fait une recherche d’images comparées, le mot désir nous proposera des images uniquement érotiques et sensuelles tandis que le mot Sehnsucht nous présentera aussi beaucoup d’images de paysages et de messages mélancoliques, bien que des photos érotiques ainsi que des messages d’amour nous soient également proposés, reflétant bien la diversité des sens de ce mot.

Néanmoins, qu’on ne s’y trompe pas. D’accord, la Sehnsucht, ça a pu être ça et d’autres choses du même style : https://www.youtube.com/watch?v=b1TIjFSR5KE.

Mais c’est aussi ça

Et soudain, on comprend à quel point ce sentiment peut être aussi puissant que subtil.

Dommage qu’il soit inaccessible aux Français.

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Désir et civilisation

Le désir est un des sentiments les plus ambivalents auxquels la civilisation ait à se confronter, et ce quelle que soit la civilisation.

Chez les Grecs, et d’abord pour Hésiode, Eros est un dieu primordial qui vient opposer au Chaos un ordre du monde qui lui permet d’être stable. Cette idée, on la retrouve chez Empédocle et sa loi aphrodisienne d’attirance et répulsion qui crée la cohérence de l’univers. Mais à l’inverse, plus tardivement, Eros, le désir, est devenu le petit dieu ailé, insolent, indiscipliné qui dicte sa loi au père des dieux lui-même et sème paradoxalement…le chaos.

Car le désir, c’est l’inattendu, la force qui fait agir hommes et femmes, leur fait construire ou détruire des vies, des enfants, des familles, des empires, même, comme le roi Edouard VIII qui abdiqua pour épouser Wallis Simpson.

Le désir est d’une telle puissance qu’il n’est pas une civilisation qui ne se soit méfiée de lui tout en reconnaissant qu’on ne peut faire sans. Et entre la tendance humaine à l’absolu apportée par l’intelligence et la tendance naturelle au désir de vivre imposé par l’espèce, les plateaux de la balance ne sont jamais vraiment parvenus à s’équilibrer. De la satisfaction de ses désirs prônée par Epicure à la maîtrise de ceux-ci par Platon, la philosophie grecque a pu affirmer une chose et son contraire.

En Orient, en revanche, rien ne vaut la maîtrise de soi et la paix de l’esprit. Chez les Hindous, il existe un dieu du désir, Kamâ, dont le Kamâsûtra tire son nom. Pourtant, le jour où Shiva s’éprend de son épouse Paravatî, il le fait sans l’aide du dieu du désir qu’il a pulvérisé de son 3 ème oeil pour avoir osé le perturber pendant sa méditation.

Ce mythe est très éclairant et la suite le confirme : il est du devoir de Shiva d’épouser Parvatî pour engendrer le chef de guerre des dieux, Skanda, destiné à les protéger. Le devoir ! Pas le désir. La maîtrise. Le dieu hindou se doit de dépasser tous les conditionnements imposés par la matière dont il n’est pas fait. Dans l’idéal, l’Homme devrait les dépasser aussi, et dépasser ce qui conditionne son espèce, cette espèce qui le rapproche de la bête et l’éloigne de Dieu.

Car le désir, c’est ça : cette puissance qui nous rappelle qu’à force de vouloir faire l’ange, on finit par faire la bête, cette bête que l’on est aussi et qu’on voudrait bien oublier.

Pire même, à force de vouloir faire l’ange, le Bouddhisme lui-même dut assouplir sa philosophie uniquement destinée aux vrais renonçants, et valoriser le mariage, la famille, au risque de voir chacun vouloir devenir moine ou nonne et voir s’éteindre du même coup, bien sûr, la doctrine. Le détachement absolu, ce n’est pas bon pour la natalité ni pour la diffusion de la doctrine qui serait morte en une génération si chacun avait suivi ses préceptes libérateurs. Sur le site Buddhachannel tv, on peut lire un article portant néanmoins ce titre révélateur de ce que le Bouddhisme du Petit Véhicule reflète : «  Procréer, c’est engendrer le dépérissement et la mort. »

Et c’est un peu la posture de toutes les religions à l’origine des civilisations : leur survie dépend beaucoup de ce démon logé au fond du corps qu’il faut tenter de canaliser, équilibrer pour l’empêcher de faire oublier Dieu.

Et puis, Freud est arrivé pour nous expliquer que le désir était à la base de la construction compliquée de notre psyché et nous a également appris que sa répression avait permis à l’Homme de créer la civilisation, mais que son passage dans l’inconscient faisait de nous des marionnettes qui pilotions en automatique.

Cette vérité sera reprise à son compte par son neveu Edward Bernays qui, sur la base des découvertes de Tonton, inventera la propagande moderne et le marketing – inspirant ironiquement Goebbels qu’on croit souvent être l’inventeur de la propagande -, n’hésitant pas à utiliser des images phalliques et user et abuser de ce démon controversé des religions dans le commerce pour nous faire consommer.

Et c’est pourquoi, à la télé, les femmes semblent avoir un orgasme quand elle goûtent un carré de chocolat ou une tasse de café, se caressent nues en mettant du gel douche dont les ventes vont sûrement exploser sans que soit intervenu l’entendement, le jugement critique, l’attention portée aux choses qui nous entourent et qui nous conditionnent.

Saisi par les ailes et mis en cage par le père de la psychanalyse, le bel Eros est désormais condamné à nous envoyer ses flèches par campagnes publicitaires, films ou musiques médiocres interposés pour un succès facilement assuré. Il fut un dieu, le voici désormais aussi esclave que nous.

Souviens-toi toujours que le désir est sacré pour lui rendre sa liberté et fonder la tienne.

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