À Athènes, évidemment, impossible d’échapper à Aphrodite puisque c’est une figure à la fois historique, culturelle, mythologique locale. Partout ailleurs qu’en Grèce, où elle n’a pas fait l’objet d’un culte religieux et donc d’un récit mythologique riche et varié, nous en conservons plus une image sublimée, une forme d’idéal universel dans lequel elle rejoint un archétype.
Qu’on regarde d’ailleurs l’empressement fiévreux autour de la Vénus de Milo et on comprendra immédiatement. La même folie a existé et existe encore à travers la Vénus d’Arles. Finalement, certaines images d’Aphrodite adhèrent parfaitement avec l’idéal, et c’est là que la vénération et le sublime se produisent. Dans les salles du Louvre, sa mise en évidence traduit cette attente.
Au musée archéologique d’Athènes, quand j’y suis allée, certaines statues d’Aphrodite avaient été mises en scène de façon sublime pour l’exposition sur le Beau qui s’y déroulait. On les reconnaît sur les photos à leur habit de lumière et d’ombre.
Pourtant, lors de cette exposition, la figure d’Aphrodite s’incarnait aussi dans la petite déesse au cou potelé portant sur ses genoux un miroir, et une autre, avec des restes de polychromie, en compagnie d’Eros, son fils, lui donnant un statut maternel.
Ailleurs, on la rencontre ailleurs sous les traits d’une toute jeune fille naissant d’un coquillage, une sublime jeune femme essayant de cacher sa nudité mais aussi tentant de repousser les assauts de Pan un peu trop insistant.
Une figure banale de la vie d’une femme, n’est-ce pas ?
En cela beaucoup plus, elle rejoint son rôle d’archétype dans le fait d’assumer tous les rôles de la vie de femme, même les plus ordinaires, à la limite du vulgaire.
Car pour les Grecs de l’Antiquité, il existait deux Aphrodite : une céleste et une vulgaire. Celle-là, vous ne la voyez pas trop dans les musées internationaux. En revanche, vous la rencontrez plus facilement à Athènes : elle porte un pot à eau dans la main ou pire, elle a la main posée sur une hanche légèrement déboîtée pour la mettre en valeur d’une façon qui nous rappelle d’autres icônes appelées Carmen, Arletty, Amy Winehouse..
Oui, des images fort loin des belles Vénus de Milo et d’Arles, je vous l’accorde.
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