Mois: mai 2017

Séduction : conditions intérieures et extérieures

L’amour est une nécessité du vivant pour perpétuer la vie, cause de la grande importance qu’on donnait autrefois aux divinités qui le représentaient. La quête de l’amour est en effet un intérêt universel. Chacun cherche à rejoindre l’autre pour aimer – même mal – être aimé, en investissant tout ensemble son désir sexuel, sa propre croyance en l’amour, ses forces et failles psychologiques qu’on offre et impose sans même le savoir.

Mais parce qu’aimer, c’est prendre un risque, s’exposer à l’autre dans sa vérité, ça se fait souvent dans un état émotionnel qui empêche toute lucidité et capacité au recul permettant à la fois de relativiser, d’y voir plus clair et de mieux s’orienter.

Ainsi, lorsqu’on a pour objectif de séduire la personne qui nous plaît, axé sur notre objectif, seul dans notre tête qui est loin d’être froide, nous n’arrivons pas à voir certaines réalités simples ou complexes qui conditionnent une relation.

  • Critère d’évaluation

Si vous voulez séduire une personne qui vous plaît selon certains critères, elle aussi possède des critères qui lui permettent d’accepter ou de refuser votre proposition. Et si vous l’interrogez sur ces critères et croyez correspondre à ceux-ci d’après ses réponses, elle vous a pourtant peut-être rangé dans une autre catégorie que vous ne pouvez pas envisager car elle correspond à une histoire personnelle et des valeurs dont elle-même n’a pas conscience car elles ont fait son éducation, et que vous ne pouvez envisager car on vous a donné d’autres valeurs.

La question pour garder le cap : l’image qu’on a de moi correspond-elle à celle que je me fais de moi-même et est-elle à mon avantage ? 

  • Valeurs

Toute société s’établit sur des valeurs qu’on peut croire parfois communes et qui ne sont pourtant pas forcément déterminantes. On peut très bien penser être sexy et élégante en mini-jupe alors que dans une autre classe socio-culturelle, ça pourra être vu comme vulgaire et racoleur; et vice-versa. Et ces questions, loin de concerner uniquement l’apparence physique, vont aussi toucher la morale, la politique, les choix éthiques, la façon de s’exprimer, de se comporter, l’alimentation, etc.

Les questions pour garder le cap : cette personne mérite-t-elle le sacrifice de mes valeurs ou, si j’adopte ses valeurs, celles-ci ne sont-elles de nature à m’apporter quelque chose de positif ou est-ce l’inverse ?

  • Rapport à l’autre

Il peut nous arriver d’aimer quelqu’un qui n’est pas capable d’amour ou qui ne pourrait absolument pas nous aimer. Ca arrive particulièrement dans les moments où on ne s’aime pas, où on déprime, où notre image de nous-même a été affectée. Parfois, c’est un problème insoluble et on passe sa vie entière à tomber sur les mauvaises personnes par tendance à l’auto-destruction. Que se passe-t-il alors ? On tombe amoureux de quelqu’un qui n’aime que les gens du sexe différent du nôtre ou d’une personne narcissique qui ne pourra jamais nous aimer, n’aimera jamais qu’elle-même et se servira de nous pour se valoriser, ou bien on s’éprend de quelqu’un de violent physiquement ou psychologiquement.

La question à se poser pour garder le cap : cette personne est-elle réellement et sincèrement capable de m’aimer ou est-ce moi qui ai besoin de me le figurer ?

  • La réalité de l’offre

L’acceptation ou le rejet dépendent aussi parfois de l’offre, qui dépend de beaucoup de paramètres. La personne qui nous intéresse est-elle intéressante pour les autres et cela a-t-il de l’impact sur elle ? Dans les sociétés où la répartition entre hommes et femmes est inégalitaire, le rapport à la séduction est très concurrentiel. Là où les femmes sont en excès, comme dans les sociétés touchées par une guerre, elles rivalisent dans l’élégance, les gadgets érotiques ou la chirurgie esthétique, et la surenchère est obligatoire pour se distinguer. Là où les hommes sont en excès, c’est la bataille matérielle qui fait rage et ce sont plus riches qui finissent en couple. Pourtant, rien de ces conditions ne définit l’être humain dans sa beauté d’âme et dans ce qu’il a réellement à offrir à l’autre.

Les questions pour garder le cap : la bataille pour cette personne vaut-elle la peine ou ai-je mes chances par rapport à l’offre proposée et les valeurs qui sont les miennes ?

  • Mes valeurs et qualités

Les forces en présence, c’est aussi soi-même, pas seulement les valeurs que l’autre pense qu’on incarne mais ce dont on est réellement porteur. Quand on est jeune, naïve, sincère et mignonne, on aime souvent les bad boys qu’on rêve de dompter. Plus généralement, c’est nous qui nous faisons dresser en perdant au passage nos illusions et la foi en nos valeurs. Une condition importante à notre séduction est dans ce que nous pouvons apporter à la relation en tant que personnalité profonde et surtout d’en prendre conscience. Et c’est celle-là qu’il s’agit avant tout d’apprendre à aimer pour ensuite la faire aimer.

La question pour garder le cap : quelles sont mes qualités et vont-elle s’épanouir ou se flétrir avec cette personne ? 

Nouvel article labo de Cléopâtre

 

Cet article et photo sont les propriétés du site Echodecythere. Il est interdit par le code de la propriété intellectuelle de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

L’image du couple au sommet de l’Etat

L’élection d’un nouveau président est le moment de multiples attentes sur les plans politique, économique, social, international et bien d’autres encore. Dans le cadre de la démocratie, il y a la fois la nécessité d’avoir un chef et la responsabilité de le choisir. La nécessité de ce choix nous fait osciller entre le soulagement de la liberté et la gêne de la responsabilité. Souvent, à titre privé, des électeurs peuvent dire au cours du mandat décevant d’un président pour lequel ils ont voté : « Je m’en veux d’avoir voté pour lui. », « Quand je pense que je lui ai donné ma voix ! ».

En démocratie, le citoyen se sent donc responsable du choix de son chef – et donc de ses erreurs – et n’a aucun mal à projeter ses valeurs sur la personne présidentielle, et ce de plus en plus. Et si nos grands-parents se souviennent d’une époque où on considérait que la vie privée du chef d’Etat ne regardait que lui et n’avait pas à être divulguée dans la presse, force est de constater que c’est désormais une époque révolue.

Beaucoup disent que la cause est à chercher dans un certain voyeurisme propagé par la vulgarité des médias qui orientent l’intérêt du grand public vers l’aspect « people » des hommes politiques les plus puissants. Mais d’une manière générale, on le doit probablement plus à une exigence plus grande dans les mentalités. On le voit aujourd’hui avec la première mesure prise par le gouvernement portant sur la moralisation de la vie politique.

Certes, les mesures portent sur les questions financières, mais force est de constater que cette volonté du citoyen d’avoir un chef de l’Etat exemplaire concerne de plus en plus  d’aspects de sa personnalité. Quand l’électeur d’un pays libre choisit un chef, au minimum, il doit avoir les mêmes valeurs, mais dans l’idéal, il doit être meilleur que lui. Et si les citoyens d’autrefois, majoritairement catholiques, donnaient de la valeur à l’absolution par la confession de ses péchés à à un prêtre, dans un pays aux mentalités déchristianisées et ultra-connecté, la responsabilité personnelle est totale et est un soin de chaque instant.

Dans ce monde basculant au gré de cette modernité, un président qui se veut lui-même exemplaire et qui trompe sa compagne déguisé en livreur de pizzas, ça ne passe plus. Et quand sa compagne trahie en fait un livre plutôt que de s’enfermer dans le silence moins digne que déprimé – adopté il y a encore peu de temps par les épouses présidentielles – le public lui donne raison en achetant son livre à plus d’un million d’exemplaires quand experts et journalistes condamnent.

Le temps des compagnes de chefs d’Etat devant ronger leur frein en silence pendant que leur président de mari offre des « bâtards à la République » n’est plus celui que les citoyens cautionnent. Et Valérie Trierweiler, reconnue dans Barbès, fut elle-même surprise quand des femmes, se reconnaissant sans doute en elle, l’accueillirent avec joie là où, à une autre époque, on l’aurait peut-être regardée avec pitié.

Car ce que les chefs d’Etat de ces époques n’ont peut-être pas mesuré, c’est que dans l’image de leur couple, le public voit le modèle des relations entre hommes et femmes à l’image d’un pays tout entier. Et ces relations tendent de plus en plus vers l’égalité. A une époque ou presque plus personne ne croit sincèrement à une vie meilleure après la mort, où tout le monde est devenu conscient du rôle fondamental de l’amour et de l’harmonie dans la santé mentale de chacun, la construction du bonheur individuel est devenue un enjeu aussi important que la réussite professionnelle.

Par ailleurs, l’explosion d’intérêt pour le développement personnel témoigne d’une conscience rapide – et donc un peu anarchique parfois – de la réalité des interactions positives ou négatives entre nos actes et notre destinée, nos conceptions sur le monde et notre façon de les rendre effectives, notre façon de nous comporter avec notre partenaire et l’impact sur son épanouissement. Bref, dans ce contexte d’émergence depuis pas beaucoup plus de 10 ans, de la psychologie positive, notre capacité à aimer est devenue un des critères d’évaluation de notre personnalité morale.

La monarchie anglaise ne le sait que trop bien depuis que le peuple ne lui a pas pardonné le sacrifice de la princesse Diana à ses intérêts dynastiques. Car quand le peuple défend sa « princesse des coeurs », il dit aussi au pouvoir en place : »Vous êtes censés nous représenter, mais vous êtes en retard. Nous ne voulons plus que les rapports entre hommes et femmes soient aussi déséquilibrés que ceux-là. On couple doit être fondé sur l’amour » Et la monarchie obéit. Par Kate et William, elle montre qu’elle a bien retenu la leçon et redore du même coup son blason.

Et pour la toute première fois, en France, le nouveau chef d’Etat est en avance sur son peuple qui, sur les réseaux sociaux et ailleurs, se moque du couple inégal qu’il forme avec sa femme plus âgée que lui, comme au Moyen-Age le charivari – joyeux concert de casseroles – accueillait des mariés d’un genre qu’on trouvait trop atypique.

Ce parti-pris surprenant et assumé impose l’image d’une façon de vivre et d’aimer au-delà des apparences et en accord avec ses convictions profondes – ce qui doit être le droit et l’idéal personnels des individus – et ce malgré les obstacles et la réprobation de toute une société. Et il faut du courage, de la détermination et de l’amour infini pour être le beau-père d’enfants qui ont presque son âge et le mari d’une femme qui doit presque avoir celui de sa mère. Et avec cela, il faut tenir, aimer quand même et l’imposer au monde dans la durée.

De cela, même la déesse de l’Amour s’en étonne !

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