Mois: juillet 2014

Les secrets de l’élégance

Dans l’Hymne homérique consacré à Aphrodite, on apprend que la déesse, éprise d’Anchise, met des vêtements « magnifiques » et des bijoux en or pour le séduire. Cet adjectif, « magnifique », met l’accent sur la beauté tout en n’en disant rien. Le lecteur reste confronté à son imaginaire, à ce qui, pour lui, peut-être qualifié de magnifique.

Le terme d’élégance est encore plus obscur, à tel point que si on y réfléchit, on s’aperçoit qu’on se fait une idée vague de ce qu’est l’élégance, qu’on a toujours su s’en faire une idée mais que finalement, on n’en connaît pas la définition. Voici celle donnée par le petit Robert : » Qualité esthétique qu’on reconnaît à certaines formes naturelles ou créées par l’homme dont la perfection est faite de grâce et de simplicité ».

C’est là que le mystère devient entier, car la définition ne renvoie pas plus à quelque chose de précis. Quelles formes naturelles ? Quelles formes créées par l’homme ? Comment définir la grâce ? A quoi la reconnaît-on ?

Le langage ne parvient pas à circonscrire ce qui constitue l’élégance comme les théologiens ont rempli des milliers de livres aux innombrables pages pour expliquer qu’on ne pouvait connaître Dieu.

L’élégance a en effet quelque chose de divin : on la désire, la devine, la perçoit sans pour autant la connaître, ce qui est l’essence du divin. Pourtant, autant on est capable de reconnaître l’élégance, autant on est incapable de la définir. C’est d’autant plus vrai qu’aucun vêtement, aucun accessoire ne peut porter à lui seul la responsabilité de l’élégance qui consiste en une harmonie, une construction à laquelle doivent participer tous les éléments qui font dire d’une personne qu’elle est élégante. Une seule pièce inappropriée est capable de faire passer une tenue du divin au commun, ce qui fait de l’élégance un objectif aussi mystérieux, désirable que rarement atteint.

Cette abstraction pure, cet idéalisme esthétique mis en mouvement, ayant besoin d’un visage et d’un corps harmonieux pour lui donner vie et sens, c’est le but recherché par les créateurs de mode, tous mus par une philosophie et un objectif artistiques voulant élever les hommes et les femmes au rang de dieux.

Mais l’une des autres significations de l’élégance, plus personnelle, consiste en le bon goût d’une personne, lequel laisse deviner sa personnalité unique faite de connaissance souvent intuitive, de sensibilité particulière, de capacité à créer de la Beauté. Car dans l’élégance personnelle, ce n’est pas le créateur qui habille le mannequin et donne des directives concernant sa coiffure, son maquillage et ses bijoux. La personne élégante a elle-même construit sa beauté au moyen de vêtements, accessoires, coiffure, maquillage quand c’est une femme, sur la base de capacités que tout le monde n’a pas mais que tout le monde remarque.

L’élégance donne du prix à une personne même si celle-ci est par ailleurs pauvre, puisque le bon goût est une qualité intrinsèque qui n’a pas besoin de luxe pour s’exprimer. C’est comme une belle vitrine qui donne envie d’entrer dans un magasin et de découvrir les objets qu’il contient quitte à ce que ceux-ci soient sans intérêt. De la même façon, c’est l’apparence gracieuse d’un être qui semble promettre la beauté de son esprit, même si ce n’est qu’un leurre, l’élégance pouvant aussi bien être l’écrin magnifique de la plus vulgaire superficialité.

Et pourtant, la seule qualité d’être élégant peut également suffire en tant que manifestation réelle et tangible d’un état de grâce, d’une capacité à faire advenir la Beauté dans un monde contraint par la loi humaine de la nécessité. D’un seul coup, le besoin prosaïque de s’habiller plus ou moins chaudement selon le climat, à sa taille, de façon décente pour la société, etc; est éclipsé par la beauté, l’amour et l’art de le faire.

Et quand le style et les manières de Brummel faisaient seuls sa célébrité sous le nom de dandysme dans l’Europe du XIX ème siècle, de même que quand les rois de la sape magnifient par leur présence les rues boueuses des bidonvilles africains, on hésite toujours entre l’admiration et l’indignation. Pourtant, on finit par trancher en faveur de l’admiration, car les élégants, par leur présence, font s’unir le monde d’en Haut et le monde d’en Bas en une manifestation visuelle unique.

Grâce à eux, un peu de merveilleux pourtant accessible et public s’incarne dans le monde sensible pour transcender l’ordinaire.

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Emission Voyages en beauté

 

Rediffusion des émissions de Voyages en beauté sur France O, les samedis et dimanches à partir de 12h05.

Deux femmes de la France d’aujourd’hui, une blanche, Capucine, et une noire, Awa, vont à la rencontre des gens d’un pays, d’une civilisation différente à chaque nouvelle émission.Deux types de peaux, deux personnalités, deux origines, deux sensibilités différentes mais une même complicité et un même désir de découvrir la richesse des autres dans leur pratiques esthétiques et leur conception de la beauté.

Quelques extraits ici :

http://www.voyage.fr/voyages-beaute

Une émission géniale pour découvrir, au-delà de tout conditionnement marketing, que la Beauté est une conception toute relative, historique et culturelle, et que c’est cela qui fait sa richesse.

Un vrai petit bijou !

Pourquoi choisissons-nous certains cosmétiques ?

D’un point de vue psychologique, on peut diviser les cosmétiques en 2 catégories : ceux de soin, liés à l’intimité et à l’enfance et dont les effets ne sont pas visibles par les autres, et les cosmétiques qui modifient visiblement l’apparence, liés au fantasme, à la séduction, et donc plutôt sexualisés.

Les cosmétiques censés prendre soin de nous agissent symboliquement comme nos parents lorsque nous étions enfants. Les noms qui leur sont donnés ou les mots qui leur sont associés sont assez éclairants : « lait », « doux », »douceur », »satin », »satiné », »caresse », etc. Et pour justifier la nécessité des soins de beauté, on insiste fréquemment sur le fait que la peau est « fragile », « sensible », caractéristiques du bébé et de l’enfant en bas âge.
Quand nous choisissons un soin, nous savons à peu près ce que nous voulons, car généralement, c’est un souci, un manque, un problème précis qui nous font chercher la solution dans un cosmétique. Jusque-là, tout est presque raisonnable, justifiable. La vraie question qui se pose est celle du choix.
Sur quels critères choisissons-nous et pourquoi ?
Si on regarde objectivement, on n’aura pas de mal à constater qu’à moins d’avoir fait des études de chimie, nous sommes bien incapables de choisir un soin sur de vrais critères objectifs et scientifiques.
En gros, nous sommes dépendantes des explications fournies par l’emballage, qui sont plus que confuses ( mélange de termes chimiques et scientifiques inaccessibles et de lexique sur-valorisant ) et qui sont les seules que nous ayons à disposition. Ce problème est compliqué par le fait que des milliers de marques envahissent le marché et proposent des produits très semblables les uns aux autres.
Et si nous ne choisissons pas forcément toujours des produits de même marque, il est malgré tout possible de remarquer des constantes chez une même femme, moins dans les marques elles-mêmes que dans l’image qu’elles véhiculent.
Choisir un soin, c’est comme choisir un autre parent, quelqu’un en qui on pense pouvoir avoir confiance pour nous rendre belle.
Que révèlent ces choix ?

– Je choisis une marque parce qu’elle n’est pas chère

Si vous avez vraiment des ennuis d’argent, cela se justifie. Mais si vous n’en avez pas spécialement, vous souffrez d’insécurité et la perte, le besoin ou la peur de manquer font partie des expériences qui vous ont construite. C’est encore plus vrai si vous avez tendance à accumuler les soins de petit prix pour avoir le sentiment de ne manquer de rien.

– Je choisis les marques les plus connues

Vous choisissez selon votre budget, les marques élues dans votre classe sociale et véhiculées dans les médias. Vous avez certainement grandi dans la confiance en votre famille, votre milieu social et votre société. Etre hostile ou méfiant envers ce qu’on vous propose ne fait pas partie de vos réflexes grâce à cette confiance, votre puissant socle.

– Je choisis des marques jeunes, originales, à contre-courant

Vous êtes dans une quête identitaire, vous éprouvez le besoin de vous faire entendre, de vous démarquer ou bien vous refusez les modèles établis parce qu’on n’a pas été réellement à la hauteur de vos attentes. Directement ou indirectement, le sentiment de trahison est celui qui vous a construite. C’est encore plus vrai si aucune marque ne vous satisfait jamais. Ou bien alors vous êtes en quête d’absolu dans vos relations et n’avez pas trouvé ce qu’il vous faut.

– Je choisis les marques de parapharmacie

C’est la peur de la maladie, de la saleté, la souillure, qui vous gouverne – surtout si vous choisissez les marques les plus médicales – ou bien la volonté de contrôle, de maîtrise. Si vous soignez une allergie ou autre chose, il est normal de prendre les produits adaptés. Si vous n’avez plus confiance qu’en ces produits même lorsque ça n’est pas utile, c’est que la peur et la volonté de contrôle appuyés sur votre force de caractère ont envahi votre vie.

– Je choisis les marques bio et éthiques

Vous êtes marquée par une expérience spirituelle qui vous oblige à dépasser votre point de vue personnel et vous ne pouvez envisager de prendre soin de vous au risque de nuire aux autres. Il y a de bonnes chances pour que le sentiment qui vous ait construite soit l’injustice, que vous l’ayez subie ou que vous en ayez été témoin. C’est le combat contre elle qui motive vos choix. A moins que ce soit le désir de paraître parfait aux yeux des autres pour mieux mettre une distance entre eux et vous.

– Je choisis des marques parce qu’elles sont chères

Si c’est parce que votre meilleure amie en rêve et ne peut se l’offrir, c’est bien sûr l’envie, la jalousie qui vous dominent. Dans d’autres cas, vous pouvez avoir eu une expérience de vie qui vous a fait penser que l’argent était la seule valeur en ce monde ou bien vous avez un manque de confiance en vous ou souffrez de votre origine modeste et tentez de projeter sur vous la valeur de la marque pour rehausser cette confiance et le sentiment de votre valeur.

Bien entendu, les choses ne sont pas figées, plusieurs cas sont possibles, car plusieurs expériences nous ont construits et l’analyse ne vaut que pour des habitudes installées et non pour un choix unique. D’autres cas, non mentionnés, existent également, comme le fait de choisir la même marque que maman, faire ses cosmétiques soi-même, mais est-il besoin d’expliquer ce que ça signifie ?

Cette analyse est basée uniquement sur l’observation et l’auto-observation et est l’exclusivité d’Echodecythere.

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Pourquoi désirons-nous la Beauté ?

Il n’est pas d’époque ni de civilisation qui n’ait connu la notion de Beauté et qui ne l’ait recherchée pour soi-même, en soi ou en l’autre. Pourtant, cet idéal peut être extrêmement contraignant et pousser à des actes inquiétants : auto-mutilations, actes de chirurgie dangereux, invalidants, exposition à des substances toxiques, naturelles ou chimiques, sans parler de l’endettement auquel cette quête incessante peut conduire chez les êtres fragiles et pas assez fortunés pour répondre aux impératifs imposés discrètement par la société.

Car l’idéal de beauté physique, poussé à un niveau toujours plus élevé à mesure que se développent des technologies de plus en plus pointues, engendre aussi du mal-être par les objectifs inatteignables que proposent des modèles sur-médiatisés mais également au régime depuis 20 ans, shootées des milliers de fois pour une dizaine de photos conservées, et surtout corrigés par photoshop.
Cette dictature de la beauté, aussi contraignante qu’absurde lorsqu’on y réfléchit, est pourtant celle à laquelle sont soumis même les plus lucides des penseurs qui pourtant ne manquent pas de ressources pour prendre du recul et analyser objectivement la situation.
Alors pourquoi et comment cette dictature est-elle possible ?

D’abord parce que nous sommes une espèce de celles décrites par Darwin, soumise à l’évolution. Dans le règne animal lui-même, certaines espèces mâles rivalisent lors de concours de beauté dont l’issue leur vaudra le droit de se reproduire avec la femelle qui les aura choisis. La Beauté, brute, essentielle, étant aussi bien l’indice de la bonne santé que de la variété des gènes qui permet de l’assurer, est le premier critère pour le choix d’un partenaire sexuel avec qui se reproduire. La nature sélectionnant les gènes les plus forts dans le but de l’évolution de l’espèce, c’est de façon primordiale, inconsciente et pourtant programmée que nous désirons la Beauté.

Ensuite, en tant qu’espèce vivant en société organisée et basée sur la culture et les valeurs que nous avons créées au fil de notre histoire, nous vivons cet impératif à un autre niveau, culturel cette fois. Dans celui-ci, nous sommes soumis à d’autres codes, parfois contradictoires et nés de circonstances aussi aléatoires que complexes d’une société à une autre. Ainsi, les femmes doivent être minces ici, grasses là, minces à cette époque-ci, grasses à cette époque-là, avoir le cou allongé, la lèvre agrandie, le pied minuscule, le front épilé, la chevelure blonde, des fesses proéminentes, etc. Et tout cela pour des raisons culturelles qui n’ont rien à voir avec la volonté de se reproduire.
Or, pourquoi les suivre, ces diktats contraignants et objectivement absurdes ?
Pour le pouvoir, pour faire sa place, pour être entendu, reconnu, pour être estimé. Comme dans la loi évolutive, c’est la loi du plus fort qui se manifeste sur un autre plan, celui de la société humaine dans laquelle on s’inscrit. Dans la société occidentale, en plus d’offrir la perspective d’un riche mariage, la Beauté est un des pouvoirs permettant de faire carrière et de rendre son nom aussi connu que celui d’un prophète.
A l’inverse, ne pas obéir au diktat, ne pas rechercher la Beauté, ne pas être belle, c’est être condamnée à la solitude relationnelle et sexuelle, à une moindre estime, une moindre écoute, un moindre crédit, à moins de disposer d’une force compensatrice.
D’après Sophie Cheval, psychologue et auteure de Belle autrement. En finir avec la tyrannie de l’apparence, les gens beaux réussissent plus facilement leurs études et leur carrière, le gain en terme d’apprentissage chez les belles personnes par rapport aux autres équivalant à 2 ans d’expérience de plus.

Enfin, la Beauté, c’est aussi le meilleur moyen d’entrevoir le mystère créateur, la Beauté divine. Dans le Banquet de Platon, le discours de Socrate – rapportant les propos de Diotime, considérée comme une spécialiste de la question – explique comment la Beauté d’un seul être nous ramène à la Beauté de tous et la Beauté de tous à la Beauté en soi, la Beauté divine. C’est par la Beauté qu’on devine le divin. Ainsi, même dans la Bhagavadh Gîta, texte le plus sacré des hindous, Krishna, connu pour sa Beauté et sa sensualité et incarnation parfaite de cet aspect du divin affirme en révélant sa nature suprême :  » Tout être porteur de rayonnement, de beauté et d’énergie, sache qu’il a pour origine une parcelle de ma splendeur. »
La Beauté est une parcelle du divin, du mystère de la Création, de la splendeur originelle, et la rechercher, c’est pour certains êtres la marque d’une nature spirituelle, élevée qui, consciemment ou non, est touchée par la grâce de l’Univers.
Et qu’on le veuille ou non, d’une façon qui peut paraître paradoxale à certains, c’est ce mystère que cherchent à percer aussi bien les scientifiques que les religieux les plus sincères, tous touchés par le mystère de la Beauté de l’Univers.

La Beauté est donc une déesse à l’origine de l’Amour, du désir, des lois sociales, de la philosophie, de la religion et la science. En bref, c’est bien elle qui régit l’Univers, comme l’affirmaient les Anciens.

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Le concours de beauté des déesses

A l’origine de la guerre de Troie, on trouve le Jugement de Pâris lors du concours de beauté entre Athéna, Héra et Aphrodite, destiné à déterminer laquelle des trois mérite la Pomme d’Or lancée au mariage de Thétis et Pelée par Eris, la Discorde. Sur cette pomme était gravée cette embarrassante formule :  » A la plus belle ».On pourrait remarquer d’abord ce fait qu’à l’origine des grands maux mythologiques, il y a souvent une pomme. Or, ce n’est pas ce qui frappe le plus.

Ce qui est frappant là-dedans, c’est que lorsqu’il s’agit de la Beauté, les lois divines ne s’appliquent plus. En effet, puisqu’il est admis qu’Aphrodite est la déesse de la Beauté, dans l’Olympe comme sur Terre, comment se fait-il qu’Athéna et Héra puissent oublier cet état de fait et prétendent mériter cette Pomme d’or ? Et comment se fait-il que Zeus n’y mette pas le holà mais nomme plutôt le berger Pâris arbitre de cette discorde ?

Peut-être d’abord parce que s’il n’y a qu’une seule déesse de la Beauté chez les Olympiens, seules les belles déesses peuvent être des Olympiennes là où il n’est pas nécessaire d’être un beau dieu pour être un Olympien. La dictature est la même chez les Hommes : il n’est pas nécessaire d’être bel homme pour être influent et avoir des conquêtes, mais il est indispensable d’être une belle femme pour, au minimum, ne pas être moquée et méprisée. La femme est d’abord jugée sur des critères esthétiques, après quoi peut-être aura-t-elle la chance d’être entendue. La Beauté est donc l’élément minimum et primordial indispensable au pouvoir lorsqu’on est de sexe féminin.

La conclusion de ce mythe est tout aussi étonnante. A aucun moment en effet, Pâris n’a dû être juge de la beauté de l’une ou de l’autre des déesses puisque chacune, corruptrice, a proposé un don en échange du prix : le pouvoir pour Héra, la victoire à la guerre pour Athéna et la plus belle femme du monde pour Aphrodite. Les déesses ne sont absolument pas soucieuses d’être jugées sur de réels critères de beauté. La corruption décomplexée dont elles sont capables est d’ailleurs l’indice de leur pouvoir, qui seul les intéresse. Entre elles, c’est moins un concours de beauté qu’un concours d’influence. D’ailleurs, dans la religion athénienne et dans les oeuvres grecques anciennes, les auteurs affirment que les Hommes sont indispensables aux dieux par les cultes qui leur rendent et dont ils ont besoin. Le lien qu’ils ont avec les Hommes est donc un lien de dépendance. Dans l’Iliade, on voit d’ailleurs que les dieux ne sont pas occupés à autre chose qu’au conflit qui oppose les Achéens aux Troyens.

En définitive, Pâris choisit Aphrodite et ce choix plonge le monde dans la guerre. Mais à y regarder de plus près, il ne choisit pas Aphrodite, il choisit la récompense promise par Aphrodite, à savoir la belle Hélène, et c’est par l’obtention de cette récompense qu’il décide de la Beauté de celle qui l’avait déjà par loi divine. Paradoxal, non ?

Le fait est que dès qu’on parle de Beauté, les choses deviennent toujours un peu compliquées puisque c’est un absolu aussi individuel que mouvant, ce qui est aussi un paradoxe. Ainsi, une personne qu’on a pu trouver laide peut devenir belle à nos yeux quand se découvrent ses qualités morales, sa beauté de coeur. Le mythe de la Belle et la Bête rend d’ailleurs compte de ce phénomène.

La Beauté ne parvient donc pas à se figer dans une vérité immuable et aliénante. Elle est ailleurs, toujours à construire, toujours à découvrir.

A partir de ce mythe du concours des déesses, quelle image de la Beauté se profile ? En analysant, on s’aperçoit que si Pâris ne choisit ni la puissance ni la gloire, c’est que ces deux biens ne l’attiraient pas, mais ils auraient très bien pu. La déesse élue aurait donc été une autre. Pâris n’avait pas besoin des déesses pour révéler ses qualités et les désirs de son âme qui précédaient leur demande d’arbitrage, et Aphrodite était juste la seule à posséder ce qu’il désirait déjà.

Le mythe pourrait donc vouloir dire qu’on peut aussi bien être belle que ne l’être pas, si on possède ce que le coeur d’un homme désire, on sera l’Elue. La Beauté, c’est l’ensemble des qualités, des dons qui répondent aux désirs profonds de notre coeur, même s’ils doivent, comme c’est le cas pour Pâris, avoir pour objectif la Beauté elle-même, absolu qui se dérobe pourtant sans cesse et qui ne se laisse jamais mettre en cage.

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Reflet de Cythère (2)

 

Les Grecs sont plutôt connus pour des poèmes libertins. Les moeurs en effet étaient légères et on parlait volontiers de l’amour entre hommes, entre femmes, voire les 2, et on sut même philosopher parfois très sérieusement sur la valeur de ces inclinations, plus volontiers portées sur les hommes pour des raisons culturelles. Car les hommes ayant accès à l’éducation tandis que les femmes non, le fossé intellectuel se creusait entre les deux sexes et l’un et l’autre ne partageaient plus grand chose quand ils faisaient partie des familles de l’élite.

Cette liberté d’écriture sera condamnée quand le christianisme prendra de l’importance, et finira par disparaître avec son triomphe et l’interdiction des cultes païens.

Mais parfois, les poètes célébrèrent l’amour conjugal, l’attachement à vie basé sur l’intelligence représenté par Aphrodite Ouranie, la déesse primordiale chantée  par Hésiode, à la différence de l’Aphrodite dite populaire, plus moderne, fille de Zeus et de Dioné, qui inspirait l’amour physique.

Pour une statue d’Aphrodite-Ouranie

 » Cette Aphrodite n’est point l’Aphrodite populaire, c’est l’Aphrodite-Ouranie. La chaste Chrysogone l’a placée dans la maison d’Amphiclès, à qui elle a donné plusieurs enfants, gages touchants de sa tendresse et de sa fidélité. Le premier soin, tous les ans, de ces heureux époux est de vous invoquer, puissante déesse, et en récompense de leur piété, tous les ans, vous ajoutez à leur bonheur. Ils prospèrent toujours, les mortels qui honorent les dieux. »

Théocrite, poète de la célèbre Pléiade antique, III ème siècle avant notre ère.