Curiosités

Femmes, grenouilles et sorcellerie

Il existe un lien entre femmes, sexualité et grenouilles, si ce n’est, évidemment, entre sorcières et grenouilles.Comme d’habitude dans notre Occident chrétien, tout commence par un symbole païen positif dévoyé en diablerie. La grenouille était en effet un symbole de fertilité plutôt répandu.

Pouvant vivre à la fois hors de l’eau et dans l’eau, la peau imberbe, visqueuse et froide, elle a toutes les qualités pour évoquer le sexe, dans toutes ses caractéristiques. Et c’est loin d’être la seule chose fascinante – le fascinus est le sexe dressé pour les Romains, un très ancien symbole de protection qui a donné nos fascinant, fasciner, fascination, etc – On voyait aussi, semble-t-il, les grenouilles comme un symbole de transformation, de régénérescence, particulièrement chez les Egyptiens obsédés par la vie après la mort.

Les multiples formes de la grenouille, passant de l’oeuf au têtard – qui ne laisse rien présager de sa forme et sa couleur futures par cette couleur noire, la présence de cette queue et cette vie exclusivement sub-aquatique – sont à l’origine du symbole de transformation qui lui est associé. Plus étonnant encore, depuis l’invention du microscope, l’Homme a pu découvrir que la forme des têtards comme leur manière de se déplacer étaient très semblables à celles des spermatozoïdes, à l’origine de sa propre conception.

C’est donc clair : d’où qu’on porte nos yeux sur ses qualités, la grenouille semble nous parler le sexe sans jamais l’avouer. Mais de sexe trouble, mystérieux, toujours un peu teinté d’incompréhension, de sorcellerie ou de mystère. La forme même de la grenouille, toujours hésitante avec celle du crapaud, et qu’on ne distingue réellement qu’en les connaissant bien – se décline en symbole maléfique de luxure sur les façades des églises chrétiennes, ou protectrice de l’édifice sous la forme de gouttière dont le nom se rapproche du sien : la gargouille.

Crapauds et grenouilles se retrouvent également dans les recettes de médecine, mais aussi de magie populaire – elle-même dans une proximité trouble avec la médecine ancienne – et particulièrement dans les sorts d’amour ou de fidélité :

« Prélevé sur le côté gauche d’une grenouille, un osselet (…) qui, jeté dans l’eau, donnerait l’impression de la faire bouillir (…) ajouté dans une boisson, il exciterait l’ardeur amoureuse et les querelles; attaché au corps, il stimulerait le désir vénérien.« Pline. Histoire Naturelle, Livre 37

Une vertu aphrodisiaque avérée qui a été aussi scientifiquement démontrée lors du séjour d’une troupe de soldats français en Algérie : « Les effets des cuisses de grenouille ont été constatés sur une troupe de soldats français séjournant en Algérie durant le XIXe siècle. Alors qu’ils avaient consommé des batraciens capturés dans les marécages, ils furent victimes d’érections douloureuses et prolongées. » ( Aticle Le Point 2014)

En réalité, c’est la cantharidine – présente dans les coléoptères faisant partie du régime alimentaire des grenouilles et contre le poison duquel elles sont immunisées – qui avait eu cet effet, les cantharides étant un aphrodisiaque aussi efficace que potentiellement létal à trop forte dose.

Quoi qu’il en soit, les grenouilles ont souvent un lien avec la sexualité, et particulièrement celle de la femme : « Si l’on transperce des grenouilles avec un roseau, des parties naturelles jusqu’à la bouche, et qu’un mari trempe cette tige dans le sang menstruel de sa femme, cela dégoûte celle-ci de ses amants. » Pline Histoire Naturelle. Livre 37.

Une image peu ragoûtante qu’on retrouve incarnée littéralement dans le film d’animation Les triplettes de Belleville, où 3 anciennes stars françaises qui firent carrière dans l’Amérique des années Jazz croisent le chemin de Mme Souza, venue chercher son petit-fils – un cycliste enlevé par la French Mafia. En bonnes françaises caricaturées par l’oeil américain, leur régime est exclusivement constitué de grenouilles à tous les stades de leur développement, et parmi la variété proposée au menu figure une brochette de grenouilles transpercées « des parties naturelles jusqu’à la bouche », et servies par 3 vieilles femmes aux cheveux longs et blancs qui évoqueraient volontiers les sorcières de nos frayeurs d’enfants – qui furent celles auquel crut le Moyen-Age.

Il n’est pas une recette de sorcellerie historique ou imaginaire qui n’emploie un sortilège à base de crapaud ou de grenouille, dont certains spécimens sont effectivement toxiques et peuvent se révéler réellement efficaces pour faire périr les gens, comme ça arrive encore par le biais de la médecine chinoise contrefaite.

Outre cela, le croassement des grenouilles évoque toujours les bavardages féminins, surtout auprès des mares que furent les bénitiers, où leur présence ne fut jamais tolérée qu’avec suspicion. Finalement, sorcière, femme ou Français – qui fait peur par ses pratiques alimentaires -, ce qui les rapproche de la grenouille, c’est toujours l’altérité, le fait d’incarner cet autre qui fascine et qui fait peur en même temps par son étrangeté supposée.

(Photo à la Une : Echodecythere, autres photos : Sylvain Chomet. les Triplettes de Belleville. 2003 )

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La Bouqala, poèmes des femmes d’Alger

Les questions sur l’identité féminine et les droits des femmes touchent toutes les sociétés, des plus traditionnelles aux plus contemporaines. Sur cette question, il y aurait bien des choses à dire, qui loin de tous préjugés et de conclusions hâtives, nous surprendraient par leurs complexités de points de vue possibles.

Pour l’heure, je partage avec vous une merveilleuse découverte grâce à Mohammed Kacimi et Rachid Koraïchi, écrivains et artistes d’origine algérienne qui lui ont consacré un livre. C’est une tradition unique et exclusivement féminine associant poésies et divination : la Bouqala.

Lors de réunions nocturnes et conviviales exclusivement féminines, les femmes d’Alger s’adonnent souvent à un jeu complexe dans lequel chaque convive dépose un bijou dans un bocal rempli d’eau par la maîtresse de maison. Puis, le bocal est pris et tourné 7 fois au-dessus de l’encens pendant que des formules incantatoires sont récitées.

Chaque femme présente doit penser à une personne ou situation qui la préoccupe puis réciter un poème de son choix, motivée par la mémoire ou l’inspiration du moment.

Ensuite, une jeune fille est nommée pour sortir au hasard un bijou de l’eau qui désignera celle dont on interprétera le poème.  Au regard de ses désirs, attentes et ambitions, on interprétera le choix du poème qu’elle a fait pour le projeter dans son avenir possible. De cette interprétation, nous ne saurons rien. C’est un secret mystérieux du gynécée, celui que toute femme garde dans son coeur sans le partager avec ceux qui ne comprennent pas ses attentes ou qui voudraient lui en faire le reproche.

Une belle tradition presque initiatique qui touche un univers à part, celui des femmes d’Alger associant dans quelque chose de bien vivant la poésie, la culture, leurs désirs, leurs rêves et espoirs.

– Quelques poèmes d’amour de la « Bouqala, chants des femmes d’Alger » de Mohammed Kacimi et Rachid Koraïchi, aux Editions Thierry Magnier :

  • « Une fenêtre face à une à une autre dérobée

Une gazelle du quartier s’y tient

Je veux lui offrir une coupe d’or

Avant de l’enlever. »

 

  • Ramiers et tourterelles sur le dôme du hammam

Une blanche colombe se tenait sur la terrasse

J’ai baisé sa joue et lui mis une rose dans les cheveux. »

 

  • « J’aimerais tant revoir ta gracieuse taille

Tes joues de roses et tes lèvres au goût de pomme

Puissions-nous jouir d’une nuit 

Avant de goûter au repos. »

 

  • « Un jeune homme passa une canne à la main

Portant beau le chéchia et le costume

Pour lui, j’abandonnerais mari et enfants

Et je ferais de la ville un désert. »

 

Les poèmes, profonds, ne parlent pas que d’amour mais aussi du temps qui passe, de la vie, des émotions, des désirs d’amour et même de Dieu et de sexualité. Laissez-vous emporter par cette façon qu’ont les femmes d’Alger de déposer leurs désirs et laisser le jeu du hasard décider du sens à donner au poème qui leur est venu en tête.

  • « Je ne veux de la pomme que le rouge sur mes joues

Je ne puis prendre un vieillard pour époux

Je préfère un beau jeune homme avec lequel je jouerai au lit. »

 

Par cette tradition, la poésie est un art très ancien pourtant toujours vivant :

  • « Maîtresse, ô maîtresse, pourquoi cette détresse

Aurais-tu perdu ton aiguille ou ton coupon de soie ?

J’ai tout ce qu’il faut pour broder

Un jeune homme aux yeux noirs m’a quittée. »

Ce poème rappelle en effet un ancien poème de Sappho, cité dans Héphestion, traîté des mètres :

  • « Ma mère, ô tendre mère, ô ma mère indulgente,

Je n’ai plus rien filé, je n’ai plus rien tissé,

Car j’aime un beau jeune homme et mon coeur est blessé. »

(Photo à la Une : illustration de Rachid Koraïchi pour le livre Bouqala, chants des femmes d’Alger)

Nouvel article Labo de Cléopâtre

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Découvrir les épices aphrodisiaques

Parce qu’elles utilisent une nouveauté et des sensations surprenantes dans un monde auparavant sans surprises, les épices introduisent de la magie dans notre alimentation sans en changer les ingrédients de base, juste en provoquant une sorte de réveil. Réveil spirituel, réveil sensuel : si une viande, une céréale, un légume nous nourrit, il est vrai qu’une épice nous interpelle et interroge notre conscience, nous poussant à déployer plus d’attention à ce que nous goûtons pour tenter de comprendre ce qui a changé.

Cette spécificité des épices est allée jusqu’à ce qu’on les qualifie parfois d’aphrodisiaques, en tout cas pour certaines d’entre elles. J’ai voulu mener l’enquête et faire un article sur celles qui m’ont interpellée. Dans cette entreprise, je n’ai pas été seule, obtenant de l’aide que j’avais demandée à l’équipe de L’île aux épices qui m’a gentiment fourni des épices à tester comme je le désirais. J’ai choisi cette entreprise en ligne pour la richesse de produits et d’actualités qu’ils offraient puisque leur site regorge d’informations historiques, anecdotes, recettes et conseils d’utilisation pour chaque produit qu’ils proposent. Et, détail qui va peut-être paraître négligeable mais qui compte pourtant beaucoup : une date de péremption.

En effet, si une épice semble se conserver indéfiniment parce qu’elle est sèche et ne pourrit donc pas, elle perd malgré tout au fil du temps ses qualités aromatiques et ses vertus. Les spécialistes des épices que sont les Indiens ne s’y trompent d’ailleurs pas : normalement, ils n’achètent pas de poudre ou de mélanges d’épices en poudre – plutôt réservés aux Occidentaux – mais concassent les épices juste avant la réalisation de leur préparation pour leur conserver toute leur saveur et leur puissance. Pour suivre leur exemple et profiter aux mieux des épices, je vous conseille d’investir dans un mortier.

En attendant, voici quelques-unes de mes découvertes

Petit fruit d’une liane, sa saveur piquante rappelle effectivement les caractéristiques des épices considérées comme aphrodisiaques, généralement échauffantes, tout comme le désir sexuel mis sous le signe du feu et qu’on retrouve dans des expressions comme « être en feu », « avoir le feu au cul », « être chaud », etc. Le poivre long est censé être un aphrodisiaque pour femmes exclusivement; sa belle forme phallique épaisse à la base et fine en haut nous fait effectivement penser à un sexe masculin.

Herbe aux Satyres de l’Antiquité, elle n’a pas été qu’un condiment, mais aussi un ingrédient privilégié – et redouté- des philtres et potions aphrodisiaques. Voici d’ailleurs ce qu’en disait Ovide dans son Art d’aimer : « Il y a des vieilles femmes qui conseillent de prendre de la sarriette, plante malfaisante à mes yeux, c’est un poison. » A la place, il recommandait l’oignon…Non seulement la sarriette n’est pas un poison, mais n’est pas tue-l’amour comme l’oignon. Au contraire, peu employée dans notre culture malgré son ancienneté, elle gagnerait à mon avis à être découverte, même pour ses vertus aphrodisiaques.

Ce mélange d’épices du Maghreb est celui qui me fascine le plus et avec lequel il faut être un petit peu exigeant. Son mélange, qui peut aller au-delà d’une trentaine d’épices et qui doit forcément contenir au moins un ingrédient aphrodisiaque – dont le plus dangereux peut être la cantharide, mortel – est de loin le plus mystérieux. On peut prendre des risques à le consommer dans sa région d’origine, et en même temps, il n’y a rien à vivre en consommant les mélanges aseptisés des commerces ordinaires où vous ne trouverez que des épices que vous connaissez. Bien sûr, les mélanges varient d’une région à l’autre, mais voici quelques exigences à conserver pour choisir un mélange intéressant : ne l’achetez pas en grande surface où son peu d’épices bien en plus trop balisées ne vous fera pas voyager, mais ne l’achetez pas non plus hors de toute condition garantissant votre sécurité. Le mélange doit contenir environ une vingtaine d’ingrédients dont un au moins a une réputation aphrodisiaque. Enfin, pour le voyage, il doit également contenir des plantes à parfum comme des fleurs, et des épices que vous ne connaissez généralement pas.

Voici une petite merveille rare qui ressemble au poivre de Sichuan tout en s’en distinguant par son étonnante saveur piquante au fort goût d’agrume. La baie est japonaise et utilisée depuis très longtemps. C’est un faux poivre, comme le poivre du Sichuan, et comme son cousin chinois, sa particularité est aussi d’anesthésier légèrement les lèvres et la langue. D’un point de vue gustatif, c’est une surprise, un éveil, quelque chose qui vient mettre un coup de fouet au palais tout en le caressant.

Il paraît que c’est un aphrodisiaque. J’y réfléchissais sérieusement lorsque je me suis souvenue d’une crème aphrodisiaque à appliquer sur les parties génitales et qui était à base de menthol, provoquant de légers picotements, préludes à l’excitation. Et si ces vertus anesthésiantes qui provoquent de légers fourmillements n’avaient pas été employées en cuisine, pour se révéler aphrodisiaques ?

Evidemment, il n’y a pas de certitudes, mais ce qu’il y a de sûr, c’est que la relation entre l’homme et les végétaux qui améliorent sa vie est loin de s’être cantonnée à l’alimentaire…

Nouvel article Labo de Cléopâtre : Faire un parfum huileux (DIY)

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Les fêtes du phallus

Au nombre d’articles qui lui sont consacrés sur le net, on voit que la fête japonaise du phallus, le Kanamara Matsuri, qui a lieu en avril à Kawasaki,  suscite la curiosité et les fantasmes de tous. Un phénomène curieux qui vaut à ce festival autant de touristes que de gens concernés parmi ses célébrants qui suivent le cortège de 3 immenses phallus promenés religieusement. Le plus célèbre, le plus filmé et photographié est rose et est porté par des hommes travestis en femmes. On vend des tas d’objets en forme de phallus, on prend des poses suggestives et la fête est le prétexte à la collecte de fond dans la lutte contre le sida; une fonction contemporaine bien trouvée pour ce temple fréquenté au XVII ème siècle par les prostituées venues prier au temple shintô pour ne pas attraper de MST.

Globalement, c’est malgré tout la fertilité sous toutes ses formes qui est demandée, que cela concerne la famille, les enfants ou la réussite. Des thématiques logiques pour ce début de printemps qui semble annoncer, avec le retour du soleil et de la végétation le meilleur pour le reste de l’année.

Et qu’y voit-on quand on est un touriste étranger ?

Comme à chaque fois qu’on regarde quelque chose qui nous est extérieur, c’est d’abord ce que nous sommes capables de voir que nous voyons.

  • De fait, dans les vidéo circulant sur Youtube, on montre des phallus géants et des lolitas mangeant des sucettes en forme de phallus ou enfourchant un sexe de bronze long de plusieurs mètres si le film est tourné par un otaku dont l’imaginaire est nourri de mangas plus ou moins pornos.
  • Les pros de l’information, pragmatiques, mettent en avant la lutte contre le sida qui sera plus compréhensible par le plus grand nombre et qui permettra de faire accepter l’étrangeté du festival.
  • Ceux qui sont sensibles à l’aspect culturel et cultuel mettent en avant l’aspect religieux de la manifestation en montrant les prêtres shintô, les costumes traditionnels et les voeux laissés au temple, se concentrant sur le facteur humain et universel; des aspects à la spiritualité bien plus présente et ancienne que ce qui apparaît de prime abord.

En effet, non seulement les fêtes du phallus ont toujours existé et remontent à bien plus longtemps qu’aux près de 40 du Kanamara Matsuri, mais de plus, elles ont fait partie de nos traditions européennes. Et cette fête japonaise qui paraît si étrange, érotique, exotique et fascinante aux Occidentaux venus de loin pour y assister, est en réalité très proche de ce qui se passait à Athènes lors des fêtes du dieu Dionysos où on promenait en procession une représentation du phallus. Là aussi, dans le cortège, des hommes travestis faisaient partie de la fête.

Mais le symbole du phallus dépassait largement le cadre du culte à Dionysos pour concerner plusieurs autres dieux de l’Antiquité, notamment ceux de l’Amour, du Désir et de la Fertilité, comme Aphrodite ou Cérès, ou des dieux plus rustiques tel Priape, fils d’Aphrodite qu’on représentait avec une érection permanente comme les satyres – autres divinités champêtres – ou même le dieu Shiva, dont on vénère toujours en Inde, le phallus et le coït avec son épouse. Décomplexé, le symbole du phallus était partout. C’était un symbole joyeux qui portait bonheur.

Tout cela eut lieu il y a bien longtemps, avant que l’ère chrétienne ne condamne toutes ces manifestations…

Pourtant, à Tyrnavos, en Grèce, le carnaval le plus célèbre du pays – mais dont la réputation n’a pas vraiment dépassé ses frontières – le « bourani », s’inspire des anciennes fêtes à la fois religieuses et grivoises de l’Antiquité, particulièrement celle des dionysies rustiques où on promenait une représentation du phallus en procession et où on cuisait pour l’occasion une sorte de bouillie. Fête rebelle et païenne qui s’intercale désormais dans le calendrier religieux orthodoxe – puisqu’elle a lieu le premier lundi de carême -, ce rituel a dû lutter contre la politique qui voulait l’interdire au XX ème siècle et contre la religion, qui lui est toujours hostile pour son caractère obscène.

Pourtant, le carnaval de Tyrnavos continue de célébrer le phallus sous sa forme gigantesque – et comme dans le festival japonais, sous forme de petits objets qu’on vend -. Avec ce symbole phallique, c’est la joie de vivre et de retrouver là encore l’espoir qui renaît avec le printemps que l’on fête. Alors, certes, la « burani », avec sa soupe aux herbes, son ambiance rurale, ses danses traditionnelles et sa musique balkanique a moins de quoi faire rêver les Occidentaux que la propreté, la perfection formelle et le chic urbain et rassurant que représentent les Japonais,  mais elle célèbre toujours ce qu’inspire le retour du printemps : l’espoir, le désir, le réveil de la nature, la montée de toutes les sèves, et la sexualité, au coeur de toutes les vies humaines.

Burani, Tyrvanos 2012.Video Burani, Tyrnavos.

Plus sur ce sujet : Du culte du phallus chez les Grecs

(Image à la Une : http://www.prothema.gr)

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La colline des deux amants : toponymie amoureuse

La grande Histoire, « avec sa grande hache », comme disait Perec, marque et construit les territoires, donnant des frontières, des noms, un cachet à des endroits où eurent lieu des batailles, où se dressaient des châteaux, des tours, prisons dont on conserve la mémoire directement ou indirectement. Mais il y a aussi le folklore, la petite histoire, celle imprécise, qui se nourrit d’anecdotes, de rumeurs, de superstitions, d’explications hasardeuses au moyen de légendes obscures. Elle aussi imprègne les lieux du monde entier, des fleuves de la mythologie qui étaient des dieux aux montagnes dans lesquelles les Immortels vivaient mais aussi les villes, les villages et même les mers.

Près de la ville de Pîtres, dans le département de l’Eure, en Normandie, c’est une histoire d’amour malheureuse et légendaire qui donne son nom à une colline d’environ 100 mètres: la colline des deux amants. La légende raconte en effet qu’un tyran, roi de Pîtres avait une fille qui s’était éprise d’un chevalier à qui il ne voulait pas la marier. Il donne alors comme condition au mariage que l’amant gravisse la colline d’une seule traite en portant celle qu’il aime sur ses épaules. Il est à deux doigts de réussir quand son pied chancelle. Il tombe, et quand la jeune fille tente de le relever, constatant qu’il est mort, elle se jette du haut de la colline avec son amant. Le roi fit alors construire une chapelle funéraire  qui devint un monastère : le prieuré des deux amants.

De quand date cette histoire ? Comme pour toutes les légendes, tout cela est bien mystérieux et imprécis. Mais quelque part entre le XII ème et le XIII ème siècle, Marie de France, la première des écrivaines de langue française – et sa première fabuliste bien avant La Fontaine – donne une version romantique et courtoise de cette histoire. Elle lui donne néanmoins un sens plus dramatique et propre à l’amour courtois dans l’égalité des sentiments, l’intensité amoureuse et le tragique.

Ainsi, sous sa plume, le père est avant tout un veuf éploré que sa fille console un peu de la perte de son épouse chérie. Son égoïsme le pousse à la garder pour lui seul, mais à l’âge où une jeune fille peut enfin se marier, on reproche au père son attitude. Pour donner l’impression de céder et de penser aux intérêts de sa fille, il accepte de la donner à qui parviendra à gravir la colline en la portant dans ses bras. Quelques uns parviennent à mi-pente, mais tous les prétendants échouant, on renonce finalement à demander sa main.

Un jeune homme s’éprend pourtant de la fille du roi, et craignant l’épreuve de la colline, lui demande de s’enfuir avec lui. La jeune fille refuse : cela tuera son père de chagrin, explique-t-elle. Elle envoie plutôt son amoureux à Salerne, ville réputée au Moyen-Age pour sa légendaire école de médecine qui ne se laissait pas influencer par les préjugés de race ou de sexe pourtant courants à l’époque. Pour preuve, c’est une femme médecin, tante de la jeune qui doit l’aider par sa science. Ainsi, quand il montera la colline – épreuve pour laquelle la jeune fille a fait un jeûne pour être plus facile à porter – un breuvage efficace que cette grande dame lui a concocté lui rendra sa vigueur aussi fatigué soit-il. Mais au moment de subir l’épreuve, il refuse de se servir du philtre quand il en a besoin pour ne devoir sa force qu’à son amour.Son obstination le tue, et quand son amante porte le breuvage à ses lèvres, il est déjà trop tard.

Comme savent le faire les amants à cette époque-là, et comme Iseult avant elle, la jeune fille rend l’âme par la simple tristesse de voir son ami mourir. Fou de douleur, le roi les laisse là 3 jours avant de les enterrer au sommet de la colline à laquelle leur histoire malheureuse a donné son nom. Finalement, il aura tout perdu.

La légende reste vivante dans la région de Pîtres et la colline est un lieu de randonnée et de promenade prisé, et peut-être aussi, un lieu inspirant pour ceux qui s’aiment ou que les lieux romantiques font rêver…

L’histoire ? Elle est ici :

Marie de France : lai des deux amants

Labo de Cléopâtre : le khôl : mythe et réalité

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Recette aphrodisiaque portugaise

Dans son livre Cinq mille ans de cuisine aphrodisiaque, Pino Correnti, le restaurateur qui s’était fait une spécialité des recettes d’amour révèle cette curiosité : en 1953, à la veille de se marier, un voyage au Portugal parmi les étudiants de Coimbra décide du tournant de sa vie. Fin septembre, à la période de l’abattage des cochons, un banquet précédant le dépucelage d’un jeune homme y était organisé, même si ce repas aphrodisiaque, on l’imagine bien, ne lui ait pas été exclusivement destiné. Cette pratique aujourd’hui perdue exigeait dans la recette des baies de mandragore ( effectivement comestibles ) ou un bout de racine ( toxique et plus difficilement maniable ) qu’on pouvait se procurer au Maroc justement à cette époque-là de l’année.

La mandragore, plante magique de première importance qui a dominé l’imaginaire européen pendant des siècles, est comme beaucoup de plantes toxiques également médicinales, à condition d’en consommer la juste dose. Son emploi comme aphrodisiaque est déjà mentionné dans la Bible où les soeurs Rachel et Léa en donnent à Joseph. Dans son livre, qui date de 1992, Pino Correnti précise que seuls aujourd’hui savent se servir de la mandragore dans les philtres d’amour les guérisseurs du Maghreb et du Portugal. Mais près de 30 ans après, qu’en est-il ? Ayant pu vérifier l’information au Maroc, il se trouve qu’il est toujours possible et il est même courant de consommer de la mandragore en l’utilisant pour la cuisine. Néanmoins, il reconnaissait déjà à cette époque-là qu’au Portugal, peu se souvenaient encore de cette pratique, certainement tombée en désuétude.

Pour autant, la plante est effectivement rare car en voie d’extinction; par ailleurs, ayant perdu l’usage approprié et raisonné de cette plante dans notre culture, il serait dangereux de la manier sans la connaître, et ce d’autant plus qu’elle est mortelle et que sa dangerosité étant aussi affaire de sensibilité, il est difficile d’évaluer sans véritables connaissances la dose limite avant d’évidents problèmes de santé. Pino Correnti ayant pensé à ces cas, propose de remplacer les 3 grammes de mandragore par 25 grammes de gingembre.

Pour l’anecdote, c’est ce banquet des étudiants portugais dont la tradition s’est aujourd’hui perdue, qui a convaincu le restaurateur sicilien de se former à la cuisine aphrodisiaque à laquelle il consacra également son restaurant. Certainement parce que lorsqu’on goûte à une tel plat, il est difficile de contester les aspects historique, culturel, et mystérieux de la cuisine aphrodisiaque. Et la recette, la voilà :

Sarrabulgo de Coimbra

Pour la marinade :

  • 2 verres de vin rouge vieux
  • 25 grammes de gingembre
  • 3 gousses d’ail
  • 1 oignon
  • 1 poivron rouge ( piquant ou doux )

Pour le sarrabulgo

  • 600 grammes de filet de porc
  • 300 grammes de foie de porc
  • 100 grammes de saindoux
  • 1 verre de sang de porc frais
  • 300 grammes de riz
  • 1 petit bouquet de persil
  • 1 pincée de cannelle
  • 1 pincée de noix de muscade
  • Sel, poivre

Hachez l’ail, l’oignon et le poivron, râpez le gingembre. Taillez 2 fois 6 tranches dans le filet et le foie de porc. Faites mariner tous ces ingrédients dans le vin rouge pendant 45 minutes.

Ceci fait, retirez les tranches de viande et séchez-les sur du papier absorbant avant de les faire frire dans le saindoux et salez légèrement. Filtrer la marinade avant de l’ajouter. Baisser le feu et profitez-en pour hâcher le persil. Lorsque le liquide a largement réduit, ajoutez le sang de porc. Poursuivez la cuisson pendant que vous faites cuire le riz qui vous servira à présenter votre sarrabulgo en remuant de temps en temps. Laissez cuire jusqu’à ce que tous les ingrédients soient bien amalgamés.

Présentez votre sarrabulgo garni de persil hâché, cannelle et noix de muscade.

Labo de Cléopâtre : le mastic du lentisque

Pommes magiques d’amour et de haine

Comme les deux versants d’Aphrodite révèlent une déesse amoureuse autant que vengeresse, la magie traditionnelle et occidentale utilisant la pomme peut aussi bien être bénéfique que nuisible, gardant malgré tout toujours un lien avec le domaine d’Aphrodite.

La magie utilisant les pommes est très ancienne puisqu’elle se faisait déjà à Babylone quand elles étaient des fruits consacrés à Ishtar. L’utilisation d’un fruit ou d’autres éléments trouvables facilement dans son environnement est la marque d’une magie très primitive puisqu’elle est simple; la discipline, en effet, s’est complexifiée avec le temps. Ou tout à l’inverse, ça peut être la marque d’une magie très contemporaine employant des éléments faciles d’accès devenus indispensables à un monde de plus en plus urbanisé et complexe dans lequel trouver du temps pour un rituel peut devenir un défi, une nécessité de plus dans un agenda surchargé.

Heureusement, les rituels anciens avec des pommes, savent être simples, surtout ceux qui concernent la divination amoureuse :

  • Pour savoir si on est aimé d’une personne

« Prendre une pomme, la couper en 2 avec un couteau bien aiguisé; si l’on peut faire cela sans couper un pépin, le désir de ton coeur sera accompli, mais si tu coupes par hasard un pépin, tu n’auras pas gagné l’amour de la personne. »

  • Pour rêver à l’homme que tu dois épouser

« Mets-toi à la fenêtre la veille de la Saint-André et prends une pomme de la fenêtre sans remercier la personne qui te l’offrira. Coupe le fruit en deux; manges-en la moitié avant minuit et la moitié après minuit; dors ensuite; tu verras dans le sommeil ton futur mari. »

Alexandre Legran : Les vrais secrets de la magie noire.

Les rituels destinés à provoquer l’amour, plus difficiles et plus longs à réaliser, ont gagné en complexité depuis l’époque babylonienne, nécessitant des étapes précises comme le jour de Vénus, et d’autres éléments personnels et intimes comme du sang, des cheveux, une intention claire et écrite, les noms des protagonistes, témoin cette recette issue du Petit Albert :

  • La pomme d’amour

« Vous irez un vendredi matin avant le soleil levé dans un verger fruitier et cueillerez sur un arbre la plus belle pomme que vous pourrez. Puis vous écrirez avec votre sang sur un petit morceau de papier blanc votre nom et surnom et, en une autre ligne suivante, le nom et le surnom de la personne dont vous voulez être aimé et vous tâcherez d’avoir trois de ses cheveux, que vous joindrez avec trois des vôtres, qui vous serviront à lier le petit billet que vous aurez écrit avec un autre, sur lequel il n’y aura que le mot Scheva, aussi écrit de votre sang, puis vous fendrez la pomme en deux, vous en ôterez les pépins et, en leur place, vous y mettrez vos billets liés par les cheveux et, avec deux petites brochettes pointues de branches de myrte vert, vous rejoindrez proprement les deux moitiés  de pomme et la ferez bien sécher au four, en sorte qu’elle devienne dure et sans humidité, comme les pommes sèches de carême. Vous l’envelopperez ensuite dans des feuilles de laurier et tâcherez de la mettre sous le chevet du lit où couche la personne aimée, sans qu’elle s’en aperçoive et, peu de temps après, elle vous donnera des marques de son amour. »

Mais le plus étonnant des rites de magie avec des pommes est celui de la « pomme endormante », révélé par Giambatista Porta qui, fasciné par le merveilleux, voulut faire de la magie naturelle une discipline savante. Dans son livre De la magie naturelle de 1538, il révèle comment créer une pomme empoisonnée pour endormir celui qui la sentira.

Pour faire une pomme endormante

« Et est constituée en cette manière. On prend du jus de pavot, de mandragore, de jus de ciguë, de semence de jusquiame, et de lie de vin, et ajoute-t-on du musc (…). Cela fait, formez-en des pelotes, ou globes aussi grosses comme on les pourrait empoigner avec le poing, car en flairant souventes fois cette pomme, ou l’allumant elle provoquera le sommeil. »

Bien qu’il ne s’agisse probablement ici que de sentir un produit ayant la forme pratique et symbolique d’une pomme faite avec des produits soporifiques, narcotiques et toxiques, on y reconnaît des poisons naturels employés depuis l’Antiquité associés au parfum irrésistible et animal connu pour ses vertus aphrodisiaques : le musc. Ce procédé de pomme empoisonnée en même temps que particulièrement irrésistible – puisque des 3 objets proposés par la sorcière, la pomme est le seul auquel elle ne peut pas résister – se retrouve dans le conte de Blanche-Neige, mis pas écrit par les frères Grimm mais forcément plus ancien. Or, si nous savons que les contes ont une dimension symbolique, il est également avéré qu’ils décrivent des situations ayant réellement existé afin d’informer et instruire ceux qui les entendaient. Ces récits constituaient autant un enseignement qu’un moyen de protection contre les menaces de tous types – le loup, la marâtre, par exemple – et d’autres sentiments conduisant un individu à l’échec comme l’impatience et découragement, puisqu’à la fin les contes, finissent bien.

Etrangement, dans l’histoire de Blanche-Neige comme dans le rite de « la pomme endormante », on peut revenir du sommeil provoqué par la pomme empoisonnée. Dans le texte de Grimm, le morceau de pomme coincé dans la gorge de la belle endormie est expulsé quand le prince qui la portait bute sur une racine. Chez Disney, le baiser du prince réveille la princesse. Dans le cas d’un sommeil provoqué par « la pomme endormante », du sel dissous dans du vinaigre suffit à réveiller l’empoisonné à condition d’en frotter le nez, les tempes et ..les « génitoires », autrement appelées les testicules ! Dans tous les cas, on peut dire que le réveil est provoqué par un « échauffement » selon le sens qu’il prenait autrefois; un choc physique direct dans le cas de la racine sur laquelle on bute, hormonal dans le cas d’un baiser ou d’un attouchement des « génitoires ».

Finalement, avec les pommes, quelles qu’elles soient, tout semble vouloir tourner autour de la sexualité, même quand on ne le dirait pas.

Labo de Cléopâtre : recettes de masques antiques aux poudres indiennes

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Principes de magie d’amour

Quiconque connaît un peu la magie et toute la culture qui s’y rapporte peut constater plusieurs choses : d’abord, la magie est universelle, et il est donc possible de trouver des recettes, des formules dans toutes les civilisations. Ensuite, la magie possède des règles, des formules particulières qu’il faut toujours respecter scrupuleusement car elles correspondent à une symbolique très précise censée contraindre l’univers à se mettre en marche pour exaucer le désir de celui qui l’a utilisée.

Un autre point particulier à l’univers de la magie est son caractère éparpillé. Ainsi, il peut être facile de trouver des livres de magie assez anciens et publiés s’ils sont assez célèbres, on peut aussi trouver des livres d’historiens très sérieux ayant étudié le phénomène et donc relevé certaines formules et pratiques, mais globalement, la magie relève plutôt d’une culture du privé, du secret, de choix personnels, voilà pourquoi un livre de magie même célèbre peut consister en des mélanges sans cohérence de formules venues de partout dans le temps et dans l’espace en fonction de ce qui aura plu à celui qui les aura retranscrites.

La magie, c’est aussi, malgré ses règles strictes, un ensemble de pratiques où peut entrer une part de créativité parce que chaque demandeur est unique, mais où la loi principale, inchangée depuis les débuts de la magie, considère que ce qui est en bas est comme ce qui en haut et que, mimer son désir ou le mettre en scène de façon symbolique en donnant son nom, en invoquant les bonnes divinités ou juste en faisant les bons gestes avec les bons objets forcera l’univers à l’exaucer. La magie rend actif le désir qui ne fait pas que consumer celui qui l’éprouve mais le rend créatif et injonctif pour que ce désir soit contagieux.

Rituel d’amour de l’Egypte antique

« Quand tu désires qu’une femme aime un homme, 

Tu prends la sève d’un arbre-her;

Tu prononces leur nom exact devant eux.

Tu la mets dans une coupe de vin ou de bière;

Tu la donnes à la femme pour qu’elle la boive. »

( Charme issu d’un papyrus du III ème siècle dans Chants d’amour de l’Egypte antique )

La magie, c’est aussi de la mythologie qui se rejoue symboliquement par certains actes, une imitation de la vie des dieux dont l’efficacité doit pouvoir reposer sur la similitude. Puisque les dieux ont créé l’univers et le manifesté, en faisant des choses semblables à ce qu’ils ont fait, le désir devrait logiquement se réaliser car comment le dieu pourrait-il être insensible à un tel hommage ? Une formule magique, c’est donc toujours l’expression d’un ordre, mais aussi parfois, l’évocation, l’hommage, ou l’imitation de l’acte d’un dieu. Et dans la magie d’amour s’y ajoute très souvent de l’organique, du fluide, du vivant.

Rituel d’amour sumérien ancien

« Je te frappe sur la tête, perturbant ton esprit

Que ma volonté soit ta volonté

Que ma décision soit ta décision

Je te possède comme Ishtar a possédé Dumuzi

Comme la bière attache celui qui la boit

Je t’ai attaché avec ma bouche chevelue

Avec mon vagin ruisselant de liquide séminal

Avec ma bouche qui salive

Avec mon vagin ruisselant de liquide séminal

Aucune rivale ne se mettra entre nous. »

(1974-1954 av. J-C. V. Grandpierre. Sexe et amour, de Sumer à Babylone)

Si on fait appel à une divinité, il est très courant de manifester son intention, son nom, le nom de la personne désirée, utiliser des parfums, représentations ou symboles qui lui sont associés.

Rituel Babylonnien ancien

Prenez une grenade ou une pomme, belle et appétissante, isolez-vous dans une pièce sans lumière et sans témoins, et dites :

« La plus belle des femmes a inventé l’amour ! Ishtar, qui se délecte des pommes et des grenades, a créé le désir. Monte et descends, pierre d’amour, entre en action à mon avantage. C’est Ishtar qui doit présider à notre accouplement. »

Réciter trois fois sur le fruit consacré à la divinité et faire croquer à la personne désirée.

( Jean Botéro. Amour et sexualité à Babylonne )

Et parce que c’est une culture à part, intemporelle et marginale, les livres de magie, ça peut aussi nous offrir la surprise de voir conservé le fragment d’un livre célèbre qu’on a toujours évoqué sans jamais prouver qu’il existait vraiment et qui a donc plus l’air d’un mythe que d’une réalité. La recette mystérieuse, la voici :

« Il est écrit dans le livre de Cléopâtre qu’une femme qui n’est pas contente de son mari comme elle souhaiterait n’a qu’à prendre la moelle du pied gauche d’un loup et la porter sur elle, il est certain qu’elle en sera satisfaite et qu’elle sera la seule qu’il aimera. »

( Alexandre Legran.Les vrais secrets de la magie noire : applications.)

Dans le labo de Cléopâtre : Cléopâtre et son célèbre bain au lait d’ânesse

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Une vie d’amour

Certains ont écrit leur histoire d’amour, certains l’ont racontée à leurs enfants, mais d’une manière générale, les histoires d’amour fondent des couples, marquent les esprits, fondent des destinées et s’évaporent dans l’oubli, ne laissant aucune trace.

Dans l’Anthologie Palatine, une compilation de poèmes grecs de l’Antiquité, une catégorie est réservée aux épigrammes, poèmes courts qu’on inscrivait sur des monuments ou des pierres tombales et qui était un genre à part entière dans l’Antiquité, même si ce sont les épitaphes, réservées aux pierres tombales, qui sont les plus remarquables. Elles savent en effet, en quelques vers, résumer la situation qu’a connue le mort, sa vie, et la restituer en poésie donnant à méditer, s’émouvoir et même rire, parfois. Les cimetières grecs, placés le long des routes au lieu de nos panneaux publicitaires, introduisaient à un autre voyage, celui de ceux partis dans l’Hadès et qui avaient eu une vie, comme le passant qui en découvre ce qu’on a voulu en sauver de l’oubli par la poésie.

C’est le souvenir de cette poésie si particulière qui m’a poussée à mener l’enquête cet été au cimetière de Montmartre à la recherche des restes d’une vie d’amour dont le souvenir a été gravé dans la pierre. Au cours de certaines visites dans différents cimetières, il a pu nous arriver de rencontrer des tombes où demeuraient des témoignages, des messages, ce qu’on avait voulu y graver de particulièrement émouvant. Quelquefois, les messages sont très banals, laconiques, peu révélateurs d’une vie ou des sentiments que la personne a inspirés, et quelquefois, c’est l’inverse.

Dans tous les cas, ce qui reste n’est jamais qu’une émotion, un résumé, ce qu’on a choisi de garder en mémoire d’une personne ou plutôt du lien qu’on entretenait avec elle comme dans les sobres « à mon père », « à ma mère », « regrets » ou d’autres plus intimes. Quelquefois, ce sont des époux qui se sont occupés eux-mêmes d’une pierre tombale qui leur est commune et ce qui demeure comme souvenir d’eux est un petit message, une petite allusion, une impression fugace dont on ne sait si elle représente véritablement les sentiments qu’ils avaient partagés. Mais qu’importe ! Ce dernier message est celui qu’ils ont choisi. Il fera peut-être sens à contrario de ce qu’ils auront voulu, vécu, ou sera peut-être conforme à ce qu’ils avaient désiré, consciemment ou non, laisser comme impression de leur lien ici-bas.

Au milieu des tombes divers messages ordinaires adressés aux chers disparus, j’ai aussi choisi la pierre tombale divisée de ces deux époux à la religion différente, l’un chrétien, l’autre juive manifestant leur volonté d’être distingués même dans la mort mais montrant qu’ils surent malgré tout être unis jusqu’au bout ( photo 1 de la galerie ). J’ai aussi été frappée de prime abord par cette pierre tombale en forme de deux coeurs entrelacés, puis je me suis aperçue que les époux qui doivent y être enterrés ont chacun une date de naissance, mais aucune date de mort ( photo 2 de la galerie )…

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( Sur cette pierre tombale où on ne voit pas grand-chose est écrit : « Nos âmes pour toujours unies veillent et se bercent l’une l’autre Amour murmurent-elles.« )

Un dernier point, lecteur qui passe ici par habitude et par choix ou par le plus grand des hasards, je n’ai pas choisi mes allées, c’est le hasard qui m’a guidée. J’aurais pu trouver mieux, peut-être, mais ça n’a pas vraiment de sens puisque le sens est le voyage, le hasard, qui est une bonne métaphore de la vie : plein d’allées possibles, et pourtant, c’est une ou deux seulement qui seront choisies.

. En revanche, il faut que tu saches, si tu as envie de tenter cette expérience, que si tu es hypersensible comme moi, une mauvaise surprise t’attend. Au bout d’une heure à une heure et demie de recherches, le mort a saisi le vif. L’empathie prenant le dessus, l’émotion a commencé à m’envahir et ce qui était un voyage au coeur des souvenirs d’amour que les gens ont voulu laisser de leur passage sur Terre est devenu rencontre avec les émotions de ceux qui ont perdu quelqu’un. Les larmes ont commencé à couler naturellement, et une fois la machine lancée, chaque message m’a mise en relation avec cette douleur d’avoir perdu un être cher.

Devant le déferlement de ces émotions violentes, il m’a fallu m’en retourner tant j’étais incapable de continuer. Si tu es de même nature que moi, te voilà prévenu. J’ai néanmoins beaucoup aimé ce voyage, je regrette seulement de n’avoir pas pu vous montrer ce que d’autres promenades précédentes m’avaient fait découvrir, auxquelles je n’avais jamais pensé donner un sens et que je n’avais donc pas photographié.

( Image à la Une : tombe d’un couple d’époux de la période étrusque. Musée du Louvre. Toutes les autres, cimetière de Montmartre )

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                                                   Amour

Veuillez lire attentivement l’intégralité de cette notice avant de prendre ce médicament. 

1. Qu’est-ce que Amour et dans quel cas est-il utilisé ?

Amour est un médicament 100 % naturel et bio-chimique synthétisé ici par les laboratoires https://echodecythere.com/.

Il est préconisé contre les sentiments de solitude, de manque affectif, de vide existentiel et de misère sexuelle. Dans ce dernier cas, c’est un aphrodisiaque puissant.

2. Quelles sont les informations à connaître avant de prendre Amour ?

Même s’il peut faire des miracles, Amour ne guérit pas de tout.

En revanche, tout le temps de sa durée, il peut vous faire voir la vie en rose, vous rendre plus fort au quotidien, plus généreux, plus altruiste, plus confiant, plus extraverti, plus serein, plus lumineux, plus beau, plus patient et plus endurant face aux problèmes de la vie en général, sexuels ou non.

Il peut augmenter considérablement votre libido, démultiplier votre vie sexuelle, son intensité et sa qualité. Il peut vous faire faire également tout un tas de projets d’avenir que vous n’aviez jamais eus auparavant : mariage, enfants, vie de famille, etc.

3. Mise en garde spéciale

Amour ne doit pas être pris avec légèreté car c’est un médicament de l’âme aux effets puissants qui exacerbe en même temps les failles psychologiques du sentiment de soi et de la perception de l’autre.

Autrement dit, Amour révèle aussi bien le meilleur que le pire de vous-mêmes. Donc, soyez prudent.

Analysez bien votre comportement pendant la prise pour conserver au mieux ses effets bénéfiques et n’ayez pas peur d’être à l’écoute des critiques constructives et bienveillantes de l’être aimé.

Interactions médicamenteuses

Attention, Amour ne doit pas être pris avec Personnalité destructive.

4. Comment prendre Amour ?

Pas de recommandations spéciales, c’est un médicament à dosage intégré : Amour se prend donc comme il vient.

Néanmoins, en cas d’oubli à cause du stress, de mauvaises conditions de vie momentanées, reprenez une petite dose d’Amour en pensant à toutes les qualités de l’être aimé, à tout ce qui vous lie et vous unit à lui.

5. Quels sont les effets indésirables éventuels ?

Comme tous les médicaments, Amour est susceptible d’avoir des effets indésirables bien que tout le monde n’y soit pas sujet.

Effets indésirables très fréquents

– Perte d’appétit

– Augmentation de l’appétit

– Perte de poids

– Prise de poids

– Perte d’intérêt pour ce qui n’est pas l’être aimé

– Perte du sentiment de réalité

– Changement de personnalité

– Augmentation impressionnante de la libido

– Exacerbation de la vie sexuelle

– Monomanie

– Jalousie modérée

Effets indésirables fréquents

– Insécurité

– Peur de la perte

– Possessivité

– Dépendance

Effets indésirables peu fréquents

– Paranoïa

– Jalousie maladive

– Désespoir

Effets indésirables très rares

– Suicide

– Crime passionnel

En cas d’effet indésirable dangereux pour votre santé et celle des autres, cessez Amour sans vous décourager. Une autre prise fonctionnera peut-être mieux à un autre moment de votre vie. N’hésitez pas à demander de l’aide en cas de problème récurrent après une autre prise.

6. Comment conserver Amour ?

Ne pas utiliser après la date de péremption au risque d’aggraver les souffrances.

Amour se conserve plus longtemps si on l’emploie avec Respect et Conscience.

Composition : mélange naturel et biochimique constitué dans des proportions inconnues d’attirance, de désir et d’autres sentiments mêlés variables et personnels selon la constitution et l’histoire de chacun.

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