coquetterie

La coquetterie du juste milieu

Comme beaucoup de sujets héritiers d’une tradition d’abord occidentale puis étendue à la plupart des civilisations, la coquetterie des femmes est traitée de façon ambivalente dans la société. D’un côté, elle est considérée comme nécessaire dans la séduction, au moins parce que plus de souci de son apparence peut être perçu comme une volonté de plaire et donc une disponibilité sexuelle; de l’autre, elle doit tendre à s’éclipser pour les femmes mariées, les filles, les mères, toutes celles dont on craint la sexualité ou qu’on ne veut surtout pas voir séduire ni être séduite.

Le souci, c’est que la coquetterie n’est pas forcément une volonté de plaire à l’autre, mais une volonté de se plaire à soi-même, qui peut passer par des représentations inspirées du monde du spectacle, cinéma ou musique où une coquetterie exagérée, à la limite du vulgaire est nécessaire comme marque de fabrique pour se distinguer et susciter le désir de consommation. On a plusieurs fois montré, pour mettre en valeur ce phénomène, l’apparence de Lady Gaga avant qu’elle ne devienne une grande star internationale. Et on a toujours un peu de quoi être surpris quand on revoit des images d’Amy Winehouse, tatouages, perruque-choucroute et gros trait d’eye-liner tout droit sortis d’un film sur les jeunes désoeuvrés de l’époque du rockabilly.

A l’âge où on se cherche, vouloir ressembler aux stars qu’on aime est normal, mais les parents qui font une différence entre monde du spectacle et monde du travail où leur fille doit s’insérer s’inquiètent d’autant plus qu’ils sont sortis de ce moment de l’être où l’apparence constitue la phase de test de l’identité. C’est d’autant plus vrai qu’ayant déjà traversé cette période et s’en rappellant le prix, le parent a bien du mal à se souvenir que pour effrayante qu’elle puisse paraître avec le recul, elle n’en est pas moins le passage obligé pour la construction de son identité sexuée et l’apprentissage des relations.

Dans une société de l’image, des millions d’images possibles passent sur notre rétine, nous donnant des idées de modèles et de contre-modèles, pour le meilleur et pour le pire. Dans sa coquetterie, une femme peut tout être, femme voilée dehors et lingerie résille dans la chambre à coucher ou tatouée, maquillée, décolletée, les jambes exhibées, le sexe épilé comme dans les films porno, les seins sur-élevés par un soutien-gorge pigeonnant, la taille affinée par des gadgets gainants ou des talons de plus de 10 centimètres, la chevelure d’une autre couleur que celle donnée par la nature, etc.

Le plus souvent, ces tests tournent bien et permettent de savoir une bonne fois pour toutes ce qu’on veut et ce dont on ne veut pas. Mais quelquefois, comme c’est arrivé, on se retrouve avec un physique qu’on ne reconnaît pas, qu’on n’assume pas, prisonnier d’une apparence qui nous aliène et qu’on veut conserver parce qu’elle plaît à un homme dont le fantasme n’est manifestement pas nous. Des faits divers nous apprennent quelquefois jusqu’où cela peut aller : décès à la suite d’une énième chirurgie plastique, auto-mutilation après une intervention pour grossir les seins, etc.

Comment garder l’équilibre entre une coquetterie d’aliénation et coquetterie constructive ?

Normalement, le confort psychologique devrait nous renseigner, mais on voit bien que les phases où on a semblé le plus travesti à nos propres yeux cumulaient à la fois celles où on était le plus mal et où le désir était le plus grand. Car dans l’excès de séduction, il y a surtout la quête de son propre pouvoir sexuel sur autrui. Autrement dit, toute vie de femme sera parsemée de paires de chaussures immettables, de vêtements ridicules, de couleurs de cheveux qui ne nous vont pas et autres accessoires tout aussi douteux. C’est normal : ils sont là pour nous renseigner.

L’essentiel est de toujours s’écouter. Si on ressent un malaise, il faut l’écouter et essayer de savoir d’où il vient. Dans les milieux très religieux, en effet, on n’aura pas de mal à faire culpabiliser celle qui veut plaire, et si elle a grandi dans cet environnement, elle peut céder à la pression. Mais le malaise peut aussi être raisonnable : une femme habillée trop court ou trop décolleté pour ce qu’elle peut assumer se sentira mal aussi. Mais la pression sera intérieure et proviendra de l’expérience. Elle sera donc fiable.

Maintenant, si un homme préférerait vous voir blond platine alors que vous êtes châtain et que vous êtes près de céder pour le garder, répondez à cette question : « Ai-je envie d’être blond platine pour moi-même ? »Et posez-lui celle-là : « Et moi, si je te dis que j’aime les hommes ( trouvez une qualité esthétique qu’il n’a pas et pourrait tenter d’avoir), tu le feras pour moi ? »

Soit c’est vous telle que vous êtes qu’il aime, soit c’est la catastrophe annoncée. Après, on a parfois besoin de vivre la catastrophe pour mieux comprendre.

Nouvel article Labo de Cléopâtre : Senteurs et reconstitutions historiques

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N°100 : Aphroditologie

Pour ce centième article qui tombe à peu près en même temps que les 2 ans du blog – même si je suis du genre à penser que ça n’est qu’un blog et qu’en somme, ça n’intéressera pas grand monde – j’ai décidé de vous raconter l’origine d’Echodecythere et du lien que j’entretiens avec Aphrodite. Soyons fous, c’est parti, c’est le numéro 100 ! Merci de continuer à me lire après tout ce temps car dans la jungle des médias et de l’offre proposée, c’est dur de s’intéresser de façon constante à quelque chose créé par une seule personne, surtout si elle est un peu sauvage comme je le suis.

Donc, il y a deux ans, je décide de faire un blog sur Aphrodite dont chaque article, sauf exception, sera illustré par une photo de la déesse, le plus souvent sous la forme de la Vénus de Milo dont j’ai acheté une statuette dans une boutique pour touristes du quartier Saint-Michel. Tout est clair dans ma tête. Je n’ai qu’à commencer.

Tout cela est presque vrai. On va dire que c’est plutôt intuitivement clair, d’autant plus qu’à cette époque, j’ignore ce que c’est que de tenir un blog. Cette histoire t’intéresse ? Viens, lecteur, pour la première fois, je ne fais pas d’analyse, je ne vais pas chercher dans les livres anciens, les grimoires de magie, je ne vais pas interroger le sens d’une oeuvre d’art, je sors tout de moi-même, pour ce centième article, je te raconte une histoire.

Quelle histoire ? La mienne. J’ai horreur d’écrire sur moi pourtant, mais je trouve moi-même cette histoire si surprenante que je te la raconte.

C’est Noël et j’ai entre 12 et 13 ans. Je viens de recevoir un livre sur les mythes et légendes du monde entier adapté à mon âge. La plupart des histoires sont grecques et je les trouve passionnantes car je leur vois du sens et j’ai l’impression que je n’y suis pas habituée. En lettres, je suis la meilleure élève, et je suis une coquette. En lisant l’histoire du Jugement de Pâris, je rencontre Athéna, Héra et Aphrodite, et c’est là que j’ai le coup de foudre pour la déesse de l’Amour et de la beauté des anciens grecs. Je me mets à l’adorer et je n’arrive pas à comprendre comment l’Europe a pu renoncer aux anciens dieux qui me semblent bien plus intéressants que les grandes figures judéo-chrétiennes.

Dans ma vie, depuis toujours, les questions sur la beauté, la séduction, l’amour sont celles qui m’interpellent, m’interrogent, me passionnent sans relâche. Comme toutes les autres figures aphrodisiennes, les pin up, Marylin Monroe, Elisabeth Taylor, Cléopâtre me fascine également. Si tu connais bien ce blog, je suis sûre que tu n’es pas surpris de ce que je te raconte. Mais voici la suite.

Je suis à l’université, en licence de lettres. Un cours sur Homère me fait envie. Je sais que je vais y retrouver les anciens grecs. Je m’y inscris et je découvre l’Iliade et L’Odyssée et j’y retrouve surtout Aphrodite qui parle, bouge, agit, s’habille, joue des tours, exerce son pouvoir ! Je suis en adoration et je devine qu’il y a autre chose, qu’il y a plus à savoir à propos d’elle. Je rêve souvent que quelqu’un ait fait ce travail de compilation à propos de tout ce qui a pu se dire et se réfléchir sur Aphrodite, mais malheureusement ça n’existe pas. Le sujet aurait mauvaise réputation, serait jugé superficiel et de faible intérêt. Si on veut faire valoir son intelligence, on a plutôt intérêt à le faire à partir des codes de société masculins.

Retrouver cet univers m’a tellement enchantée que je m’inscris au cours suivant de ce professeur. Cette fois-ci, j’ose une synthèse sur Aphrodite et Hélène après que ce professeur a dit que malgré ce qu’on croyait, Aphrodite était la déesse de l’intelligence. Forcément, je vois un pont, je m’emballe. Je dois vite déchanter car contrairement à la première fois, je ne reçois pas une excellente note. « Superficiel », paraît-il. Oui, c’est l’adjectif en forme de préjugé qu’on applique toujours à mon intérêt pour l’amour, la beauté, la séduction, les cosmétiques, c’est-à-dire tout ce que j’aime au même titre que l’art, la littérature, la poésie, la réflexion.J’y ai encore droit aujourd’hui et pourtant, il s’était attaché à prouver le contraire. Je comprends que c’était un exercice de rhétorique avant toute chose. Dès que ça devient réel…Pourtant, je refuse de choisir car ce serait me trahir et j’assume de garder tous ces aspects de ma personnalité, que ça plaise ou non.

J’entame mon troisième cycle universitaire et j’apprends à faire de la recherche sans passer par les Grecs, sans passer par Aphrodite, avec un autre profond amoureux de la superficialité néanmoins. Aphrodite, de toutes façons, reste et restera toujours en moi. D’ailleurs, j’ai même acheté une statuette de la Vénus de Milo dans un magasin pour touristes du quartier Saint-Michel.

Bien des années plus tard, lorsque tout à fait par hasard, je conseille à quelqu’un de faire un blog, cette idée : « Et pourquoi pas moi ? » s’impose à mon esprit. Est-ce que ça te surprend, lecteur, si je te dis qu’immédiatement, je sais de quoi je vais parler et que la statuette que j’avais achetée à saint-Michel devient le fil conducteur de mes photos ? Tout vient naturellement, comme si ça m’attendait depuis toujours. et c’est seulement depuis peu de temps que je réalise : cette recherche sur Aphrodite, cette aphroditologie que je rêvais que quelqu’un fasse pour que j’y apprenne tout sur elle, c’est moi qui me la suis finalement apportée, persistant même avec mon second blog Le labo de Cléopâtre. J’ai travaillé à tous mes rêves de jeune fille et ça me donne tellement de joie que je suis bien sûre que ces projets te lasseront avant moi !

Et ça va peut-être te surprendre si tu n’as pas de sensibilité païenne, mais quand j’espère que tu es content de ce que tu as lu, j’espère toujours que la déesse aussi.FullSizeRender (97)

Famille de mes Vénus de Milo élargie au fil du temps pour Echodecythere. Ma première était la plus petite. A gauche, mon indispensable miroir grossissant, à droite, le parfum que j’ai créé à partir du cosmétique original de Cléopâtre.

Le labo de Cléopâtre : Cléopâtre et son célèbre bain au lait d’ânesse

 

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Hystérie des genres et de la beauté

Si nous posons les questions du type :  » Qu’est-ce qu’un homme ? » ou  » Qu’est-ce qu’une femme ? », nous pouvons être surpris par les réponses pouvant être données, car elles excèdent facilement la réalité prosaïque du dictionnaire qui désigne l’homme comme un être humain de sexe masculin et la femme comme un être humain de sexe féminin pour atteindre fantasmes et abstractions, croyances parfaitement subjectives.

Dans certains groupes religieux fondamentalistes où les femmes ne doivent pas s’habiller en hommes et les hommes en femmes, pour ne pas déplaire à Dieu, un homme peut être perçu comme un individu en pantalon et une femme comme un individu en jupe et ce même si porter un pantalon n’empêche ni à une femme d’avoir un vagin et d’être enceinte et que porter une jupe pour un homme ne parviendra jamais à l’émasculer. Si c’était le cas, combien éviteraient l’opération et choisiraient cette méthode simpliste !

La même confusion règne lorsqu’on parle de beauté. Ce qu’on définit comme la beauté peut concerner l’harmonie des traits, des courbes d’une personne mais aussi d’un paysage, d’une oeuvre d’art, qu’elle soit architecturale, picturale, des sons pour une oeuvre musicale, etc. Ca, c’est le point de vue philosophique. Au quotidien, dans la vie en société, la beauté est aussi l’ensemble des pratiques esthétiques qui vont des soins cosmétiques à l’habillement en passant par la coiffure, la coloration, le maquillage, les bijoux, tous ces ornements réservés depuis l’Antiquité à l’univers féminin et auquel nous restons attachés, à quoi s’ajoute désormais les pratiques de chirurgie corrective.

De la reine à la caissière, la plupart des femmes affirment et revendiquent par leur coquetterie un éternel féminin qui passe par les accessoires, ornements et mises en scène que la civilisation lui a fait porter et prendre pour son apanage depuis des millénaires et dont les magazines, revues et autres défilés et exhibitions perpétuent la tradition en la renforçant toujours un peu plus.

Une femme est-elle un individu en jupe ? Oui, disent les fondamentalistes. Non, disent les occidentaux modernes, laïcs et urbanisés, elle ne porte pas forcément de jupe si elle trouve de beaux escarpins, maquillages, bijoux ou autres accessoires qui féminisent sa tenue.

Conditionnés à penser cela, nous le pensons, et c’est comme cela que nous l’aimons et c’est normal. Intégrer, accepter et se reconnaître dans les codes de société est logique, légitime et même nécessaire. Néanmoins, ça ne change rien au fait qu’objectivement et d’une manière très simple, un homme reste essentiellement un individu de sexe masculin et une femme un individu de sexe féminin et rien de plus, même si dans les psychismes, les choses savent se rendre plus compliquées.

Ces croyances et codes sont si bien ancrés que lorsqu’on veut tenter de communiquer aux extra-terrestres ce qu’est notre espèce, comme on l’a fait sur la plaque Pionner, nous avons la bonne idée de représenter un homme et une femme nus, donc dans la réalité objective de ce qu’ils sont, mais il faut d’abord qu’ils soient de type européen, que l’homme soit actif, engageant et porte les cheveux courts, la femme passive et porte les cheveux longs. La plaque conserve donc des éléments artificiels et des codes de société qui ne définissent pas l’homme et la femme au sens strict mais qui se sont agglutinés à eux, faisant presque croire à leur réalité objective dans la définition des genres !

Il est vrai qu’en société, ces différenciations culturelles, ce surjeu des genres nous semble bien plus acceptable et agréable que la réalité qui fait de la femme un être au sexe rentré, doté de seins et à la graisse localisée sur le bas du corps et de l’homme un être au sexe sorti, doté de poils sur le visage et le torse, et à la graisse localisée sur l’abdomen.

Quand nous voyons des reportages sur certaines sociétés tribales où hommes et femmes vivent nus et là se situent leurs différences, est-ce la nudité qui nous choque ou bien ce miroir sans complaisance de la réalité que nous cachons derrière nos vêtements et accessoires d’hommes et femmes civilisés ?

Et quand il nous arrive de rencontrer un travesti et que nous le scrutons avec intensité, avec ce sentiment que quelque chose cloche, est-ce vraiment par lui que nous sommes choqués ou par le miroir qu’il nous tend ? Parce que lorsqu’on y regarde bien, sauf en ce qui concerne les seins qui sont une spécificité féminine facilement imitable dans une société qui les cache derrière des vêtements, un homme ne peut se déguiser en femme que par une condition essentielle et que chacun semble avoir oubliée : c’est qu’elle est elle-même déguisée en femme. Les choses réelles et essentielles qui font la femme, tant qu’il n’en est pas doté, l’homme ne peut les imiter.

En Occident et dans les sociétés très civilisées, que nous le voulions ou non, la beauté et la féminité sont des rôles d’interprétation, un histrionisme devenu tellement normal que ne pas y céder correspond presque à perdre son sexe. Car celui-ci est bien mieux représenté par les signes extérieurs et artificiels qui pourtant le dissimulent que par sa réalité, finalement embarrassante, apanage grossier des sociétés tribales qui vivent nues et qui seules peuvent encore l’accepter comme il est.

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