cosmétiques

Les objets de la beauté

Fascinants, les objets de la beauté accompagnent l’histoire des hommes en société – et surtout des femmes – depuis la nuit des temps, pour augmenter leur séduction ou leur intégration sociale. Nous aussi vivons entourés d’objets de beauté en lesquels nous croyons, auxquels nous consacrons du temps et de l’argent car nous en attendons des résultats en vertu de la foi que nous mettons en eux.

Pourtant, malgré la confiance qu’ils nous inspirent sur la foi d’arguments technologiques ou scientifiques, les scandales et suspicions sont réguliers sur les bases de longues périodes. Les produits qu’on croyait sûrs s’avèrent toxiques, comme autrefois les sels d’ammoniaque censés ranimer les femmes de leurs évanouissements.

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Flacons de sels d’ammoniaque. 19 ème

Cosmétiques, produits et objets de beauté apparaissent dans un contexte de mentalité et de croyances qui rend leur conception possible pour l’inventeur et crédible pour le consommateur. On croyait autrefois en le vinaigre pour repousser puanteurs et maladies, encore plus depuis l’aventure des 4 voleurs qui s’en étaient protégés pour dévaliser sans dommage les maisons marseillaises pendant une épidémie de peste au XVIII ème siècle. Les voleurs livrèrent leur recette et ce produit se fit parfum protecteur, à respirer dans d’élégants boîtiers appelés vinaigrettes, que nous associons aujourd’hui beaucoup plus à la salade !

Vinaigrette

Vinaigrette. 18 ème siècle

La foi, c’est aussi celle en la technologie qui pousse à inventer des objets que l’histoire a oubliés mais que quelques archives conservent encore pour nous donner une idée de la manière dont peuvent être vues nos pratiques esthétiques et ce que nous considérions comme l’innovation au bout de plusieurs décennies…

brosse

Brosse à manivellePermanente

Machine de coiffeur pour les permanente électrique. 1928

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Masques anti-rides à lanières de cuir. 1908

Parfois, l’innovation, c’est juste une matière, comme le bakélite. Poudrier

Poudrier en bakélite. 1925.

Mais toujours, les objets de la beauté nous éclairent plus sur le monde dans lequel ils ont été conçus que sur leur efficacité, par exemple pour une marque cherchant à faire sa place sur le marché que nous ne connaissons maintenant plus que pour un type de produit et que les autres générations précédentes ont pu connaître pour d’autres. IMG_9093

Autrefois, Colgate faisait du parfum et des crèmes. 

Ca peut aussi être l’indice du temps qui passe, au travers d’égéries autrefois symboles de beauté et de glamour et qui sont aujourd’hui des figures désuètes et désexualisées de l’histoire du cinéma, rappelant plutôt les sucettes ou les livres pour enfants de nos grands-mères.

Houpette

Houppette Marlène Dietrich.

Mais c’est encore plus surprenant lorsque c’est un produit mythique que vous connaissez bien, mais sous une forme que vous ne reverrez plus tant les pratiques de société ont changé. Aujourd’hui, parfumer des mouchoirs avec de petites ampoules remplies de Shalimar n’est plus considéré comme une manière de se parfumer, à l’ère des mouchoirs jetables, mais plutôt comme une manière de s’intoxiquer et de jeter l’argent par les fenêtres avant de polluer.

Shalimar

Enfin, n’oublions pas que le meilleur moyen de ne pas voir disparaître les objets de beauté est de ne pas trop les dévoyer; et faire évoluer les établissements de bain en lieu de prostitution n’était sûrement pas ce qu’il y avait de mieux pour donner longtemps confiance en la baignoire.

Bain moyen-Age

Etablissement de bain au Moyen-Age. BNF

( Toutes les photos sauf celles des masques proviennent du livre Les Objets de beauté de Catherine Sauvat dans les Carnets du Chineur. Editions du Chène )

Cet article est la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de le reproduire sans l’autorisation de son auteur.

Nouvel article Labo de Cléopâtre : cosmopolitisme du kyphi

 

Recettes de beauté de femmes célèbres

Le sujet des recettes de beauté n’est pas simple. Vaste et complexe, il nous amène à toujours déborder sur la question des causes d’utilisation, leur survivance, leur conservation, leur diffusion, etc.

Les causes, ça peut tout simplement être le pouvoir, car le pouvoir au féminin passe obligatoirement par la beauté, réelle ou symbolique. Pour les grandes pharaones Hatchepsout et Cléopâtre, c’est clairement une question de pouvoir.

Dans le documentaire Reines d’Egypte, diffusé sur Arte, l’égyptologue explique les conditions des échanges entre l’Egypte et le pays de Pount, au sud de la  Mer Rouge : les Egyptiens apportaient perles, bracelets et armes et les échangeaient contre la résine de myrrhe qui servait à l’embaumement mais aussi au parfum. On sait ainsi qu’Hatchepsout frottait sa peau d’huile de myrrhe parfumée « afin de briller comme les étoiles aux yeux de tout le pays.« , de l’aveu même de la souveraine.

Même chose pour Cléopâtre : les recette de beauté, les parfums, sont nécessaires à la représentation. « Les parfums eurent une place importante dans la mise en scène de la comédie amoureuse jouée par Cléopâtre allant au devant de Marc-Antoine sur le Cydnus, et par la suite dans la séduction exercée sur son ennemi par la reine d’Egypte.« , ce qui n’empêchait pas un vrai intérêt pour la question : »Pline et Galien rapportent que c’est à cette reine qu’on devait l’invention de la pommade à la graisse d’ours. » Nouveau manuel complet du parfumeur. MM. Pradad, Lepeyre, Villon. 1918.

La beauté peut donc être un souci personnel. Ainsi, la femme de Néron, la célèbre Popée semble plus avoir été motivée par une coquetterie qui la rendait ingénieuse et dont les recettes ont longtemps été utilisées à la cour des plus grands plus d’un millénaire après. C’est le cas de son célèbre bain au lait d’ânesse, copié par les grandes coquettes des temps modernes, mais aussi de son masque constitué de farine de seigle et d’huile parfumée qu’elle s’appliquait pour garder son teint frais, loin des atteintes du soleil et que les mignons d’Henri III redécouvrirent et appliquèrent également, apprend-on aussi dans le Nouveau Manuel du parfumeur.

Néanmoins, la condamnation des cosmétiques et des soins de beauté dans la tradition judéo-chrétienne aussi bien dans les textes du canon biblique que chez les prédicateurs semble avoir jeté une sorte de tabou sur leur emploi qui pouvait se faire mais dont on ne devait pas parler sans risque pour sa réputation. C’est donc tout naturellement que les secrets de beauté ont fait leur entrée dans l’aristocratie par les grandes maîtresses royales, qui avaient à la fois perdu tout sens de la vertu et dont le pouvoir ne reposait que sur leur rayonnement.

Ainsi, Agnès Sorel, maîtresse de Louis VII et première maîtresse officielle d’un roi de France, multiplie les audaces en matière de mode et de soins, avec notamment l’utilisation d’un rouge à lèvres au coquelicot, de la poudre blanche à base de farine et d’os de seiche pilés, un masque au miel pour la nuit et cette étrange crème de beauté dont Marc Lefrançois donne la composition dans Histoires insolites des Rois et reines de France : »bave d’escargot, cervelle de sanglier, fiente de chèvre, pétales d’oeillets rouges et de vers de terre vivants. »

Pour Diane de Poitiers, maîtresse d’Henri II, pas de cosmétiques mais des secrets de beauté plus occultes, plus intérieurs qui finiront d’ailleurs par la tuer : « Elle avait une très grande blancheur et sans se farder aucunement, mais on dit bien que tous les matins, elle usait de quelques bouillons composés d’or potable et autres drogues.« , révèle P. Erlanger dans Diane de Poitiers, déesse de la Renaissance. On parle bien sûr d’une époque où on n’achetait pas ses produits, l’industrie cosmétique n’existant pas encore, mais où on suivait des recettes pouvant en effet provenir de grimoires magiques ou alchimiques. Car la volonté de paraître, rester belle, passait facilement pour démoniaque dans une société où manifester une volonté sur sa propre destinée par le fait de guérir ou rajeunir paraissait être une forme de révolte contre les lois divines.

Dans ses mémoires de Ninon de Lenclos, Eugène de Mirecourt rapporte d’ailleurs une histoire caractéristique dans laquelle la belle courtisane rencontre un être diabolique qui lui offre la beauté éternelle qu’elle convoite, ce qui expliquerait sa séduction durable. Ce n’est bien sûr qu’une légende, mais cela reflète assez ce qu’on pensait de cette étrange aristocrate et intellectuelle française qui devint courtisane par choix, dont la beauté était encore attestée quand elle avait plus de 50 ans et qui eut des amants jusqu’à près de 80.

Etrangement, cette femme exceptionnelle semble bien plus fasciner les anglo-saxonnes d’aujourd’hui que les femmes de son pays. Si en France on parle des bains froids qu’elle prenait en toutes saisons comme de son seul secret pour rester belle, les blogs de beauté de langue anglaise diffusent une étrange recette qu’on raconte avoir été découverte dans une brochure par une femme jadis à son service et dont voici la traduction :

Traduction de la recette de beauté de Ninon de Lenclos d’après le site thebeautytonic.com

120 grs d’amandes

90 grs de lard

30 grs de blanc de baleine

Jus d’oignon

Eau de rose

Le site donne ainsi la recette dite originale et une recette adaptée à un usage contemporain. S’il est impossible sans autre élément de savoir si cette recette est authentique ou non, on ne peut néanmoins qu’être intrigué par le pouvoir de fascination qu’exerce Ninon de Lenclos dans la conception de ce qu’est la beauté dans la blogosphère anglo-saxonne.

Nouvel article : Du détergent au parfum de Cléopâtre

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Qu’est-ce qu’un secret de beauté ?

Je vous vois déjà vous demander si vous allez continuer à lire, indignés que j’aie la prétention de vous enseigner ce qu’est un secret de beauté. Pourtant, vous allez le voir, la question est plus complexe qu’il n’y paraît, et la réponse également. La beauté qui se construit nécessite effectivement des savoir et des savoir-faire qui s’exécutent dans l’ombre, dans le secret. De ce secret dépend toute la force d’apparition, le mystère de la beauté.

Un mystère en effet bien plus profond qu’on ne pourrait le penser puisque si une femme apparaît comme globalement belle, la composition exacte de sa beauté est impossible à déterminer, à moins d’exercer tous les métiers auxquels elle doit ses qualités esthétiques. Malgré cela, quelle part peut-on attribuer à ses gènes, à sa bonne santé, à son humeur, à sa qualité de vie, qui comptent pour la majorité dans son apparence, et quelle part attribuer à tout ce qui se construit, comme le choix des vêtements, du maquillage, des soins, des divers trucs et astuces qui rajeunissent, grossissent les seins, remontent les fesses, amincissent, colorent, donnent du soin aux cheveux, etc. ?

Dans le laboratoire esthétique d’une femme qu’on peut considérer comme belle, tant d’éléments entrent en ligne de compte qu’il est impossible en réalité d’en percer le mystère qui, de plus, dans le cas des stars, réside sur un certain  art de l’image obligeant le photographe à vouloir prendre les plus beaux clichés et donc décider des plus belles poses, des plus belles expressions, puis resserrer ces choix aux plus belles images qui seront ensuite certainement retouchées. La beauté construite s’étoile alors en des paramètres encore plus nombreux et complexes mais dont les ressorts, de plus en plus cachés, sont logiquement de plus en plus secrets.

Les secrets de beauté se situent ici, dans la part considérée comme travaillée, attribuable à une cause accessible à toutes les femmes. Elle est belle; en posant son regard sur elle, nous voyons une femme à laquelle, quand nous sommes femme, nous pouvons nous identifier et à la fois ressembler. Que nous manque-t-il ? La coupe, la couleur de cheveux, la minceur, le style, le maquillage ? Tout cela est facile à reproduire. Mais le reste, ce qui demeure mystérieux ?

Ce désir de leur ressembler, ce besoin d’identification et des points de rapprochement entre n’importe quelle femme et une autre représentant son idéal de beauté n’a pas échappé aux marques qui utilisent des actrices prestigieuses comme ambassadrices de leurs produits et ce pour toutes les tranches d’âge afin de cibler au mieux la clientèle en même temps que toutes les femmes. Ce désir, grand levier dans une société où la femme a toujours eu la nécessité d’être belle pour faire valoir d’autres droits ou qualités, a fait vendre du lait d’ânesse parce que Cléopâtre était censée l’avoir utilisé en bain – ce qui est faux – et du n°5 de Chanel depuis que Marylin Monroe a révélé innocemment ne dormir qu’avec ça.

Qu’en est-il alors réellement des secrets de beauté ?

Le mieux qu’on pourrait en dire est qu’ils procèdent du muthos , le mythe, à la fois dans son sens de récit originel et fondateur, et à la fois dans son sens de mensonge, qu’on retrouve dans le nom de mythomane. Autrement dit, les secrets de beauté, ce sont des mythes auxquels on croit encore et qui font vendre des millions de produits de cosmétiques et autres produits de beauté, faisant de l’esthétique un secteur qui ne connaît pas la crise. Mais pris dans cette spirale de désir qui nous avale aussi, difficile d’y voir clair. Un peu de recul s’avère nécessaire.

La Bibliothèque Nationale recèle quelques secrets scientifiques d’un autre âge dissimulés dans des traités d’esthétique et d’hygiène. L’un d’entre eux, A travers la beauté du Dr Jean d’Auteuil, écrit au début du siècle dernier, propose ses crèmes, mélanges, lotions, mélanges pour bains censés avoir été utilisés par les personnalités les plus prestigieuses de l’histoire et être issus d’ouvrages anciens de cosmétiques qui ont pourtant complètement disparu depuis longtemps comme le livre d’Ovide ou celui d’Aspasie, compagne de Périclès. Mais après tout, qui ira vérifier ? Personne, semble-t-il, et même si c’était le cas, cela aurait-il empêché sa dixième édition, marque de son succès durable ?

A partir du succès de cet ouvrage, véritable tissu de mensonges pour vendre des produits, que penser de ceux qui nous proposent des secrets de beauté miracle dont l’efficacité ne peut être vérifiée ? Dans son article sur les cosmétiques, de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, Louis de Jaucourt écrit : «  Celse a judicieusement remarqué que la plupart des cosmétiques vantés ne sont qu’un vain amusement, un pur charlatanisme; qu’il est inutile d’entreprendre de détruire le hâle, les taches de rousseur, les rougeurs du visage; que c’est une folie d’espérer de changer la grosseur du teint, la couleur de la peau naturelle; encore plus de vouloir remédier aux rides : mais que les femmes sont tellement éprises de la beauté, et du désir d’éloigner ou de réparer les débris de la vieillesse, qu’il est impossible de vaincre en elles ce penchant, et de leur persuader la futilité de tous ces beaux secrets qui portent le nom de cosmétiques. »

Les secrets de beauté seraient-ils donc un leurre ?

A cette question, on peut répondre par une autre : à quoi doit-on  que de tous les ouvrages, pourtant très nombreux, qui nous restent de l’Antiquité, seuls ceux sur les cosmétiques aient presque complètement disparu ?

Et on peut également y ajouter une affirmation : un monde sans espoir, à quelque niveau que ce soit, est un monde sans beauté. Et c’est peut-être ça le vrai secret.

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Mon second blog

Ceux qui suivent ce blog le savent, je me suis intéressée de près aux vrais cosmétiques de Cléopâtre et sur la base d’un mémoire universitaire qui leur était consacré, j’en ai recréé un, normalement issu du Kosmètikon, le vrai livre de cosmétiques de Cléopâtre dont il ne reste que des fragments éparpillés chez des médecins de l’Antiquité qui ont laissé des ouvrages.

Entre deux adaptations contemporaines de la recette et une assez semblable à l’originale, j’ai découvert des choses que j’ai trouvées passionnantes. Je les ai écrites dans un livre auto-publié pour que d’autres puissent reproduire pour eux-mêmes cette recette ancienne et prestigieuse d’un nettoyant visage et corps de la dernière reine d’Egypte.

Quelquefois, la tentation est grande de consacrer quelques articles aux cosmétiques anciens et à ceux de Cléopâtre en particulier, et ce d’autant plus que mes recherches continuent.

Alors, pour ne pas détruire l’unité et la cohérence d’Echodecythere et malgré tout ne pas me priver d’un partage sur mes expériences et découvertes, mes propos sur les cosmétiques anciens et en particulier ceux de la fascinante reine d’Egypte se trouveront ici : Le labo de Cléopâtre

Le blog est tout neuf, et comme tous les blogs, il ne demande qu’à s’épanouir, donc soyez patient.

Bonne découverte.

Mon livre : Réalisez un vrai cosmétique de Cléopâtre

Dans mon blog comme dans celui des autres, il y a les articles populaires, ceux rarement consultés, et mieux que tout, il y a le numéro 1.

Mon numéro 1 s’appelle « les vraies recettes de beauté de Cléopâtre » https://echodecythere.com/2014/09/03/les-vraies-recettes-de-beaute-de-cleopatre/dans lequel, sur la base de ce que j’ai lu des recettes qui nous restent du Kosmètikon, j’analyse leur contenu, leur accessibilité et surtout nos mentalités. Car comme mes lecteurs, l’idée des recettes de beauté de la célèbre reine d’Egypte m’a toujours fait rêver.

Au printemps, alors que j’explorais de nouveau ces recettes, l’une d’entre elles – un nettoyant visage et corps riche en ingrédients et qui paraissait moins étrange que les autres – m’a donné envie d’analyser sa composition. Voyant que beaucoup d’ingrédients étaient encore trouvables, j’ai eu l’idée de créer un parfum sur cette base pour au moins avoir une idée de ce que portait Cléopâtre. J’ai acheté le matériel nécessaire et j’ai commencé à faire des tests.

Je ne vais pas vous mentir : ça a été long, cher, difficile, tous les ingrédients ne sont pas disponibles et je reste avec une dizaine d’essais sur les bras. Et surtout, la recherche m’incombait. Le problème avec la recherche, c’est qu’une nouvelle découverte, parfois tardive, peut toujours réduire à néant tout ce que vous aviez réalisé et aviez cru abouti.

Sur la base de ce parfum – en tout cas de son odeur – j’ai aussi créé un gel douche.

  • Vous voulez savoir ce que sent un  parfum adapté du « détergent » de Cléopâtre ?

Ca sent une odeur orientale à laquelle vous ne comprenez pas grand-chose.

  • Vous voulez savoir si ça sent bon ?

Au bout de 6 mois de fréquentation et d’habitude, je crois que je peux dire que oui, mais ça ne correspond à rien de connu.

J’ai commencé à rédiger mon expérience, mes recettes, mes recherches, quand l’idée de tenter de refaire à l’identique le « détergent » ne m’a plus paru si impossible que ça. J’ai acheté ( encore !) les plantes nécessaires et je l’ai réalisé avec quelques restrictions néanmoins car sur les 10 ingrédients nécessaires au détergent :

  • 6 sont toujours trouvables
  • 1 existe encore mais à moins d’être géo-botaniste, impossible à trouver
  • 2 n’existent que sous des formes proches mais pas identiques
  • 1 est l’objet d’une interprétation, d’un choix ( mais que l’Antiquité elle-même permettait)

Cette dernière recette, qui ressuscite le vrai cosmétique de Cléopâtre, est ma préférée et ma plus grande satisfaction.

J’ai rajouté cette expérience et ces recettes à mon livre et je les ai proposées à un éditeur qui m’a répondu qu’il ne voulait plus développer la thématique des cosmétiques « maison ». Il a raison, même si c’est un secteur en plein développement, il y a peu de monde que cela intéresse certainement. Sauf que…c’est quand même un authentique cosmétique de Cléopâtre ! En cherchant un autre éditeur potentiel, je me suis aperçue que les éditeurs publiaient surtout des ouvrages généralistes qui ont des chances de ratisser large, et je les comprends. Avec mon propos très spécialisé, comment pourrais-je les intéresser ?

C’est pourquoi j’ai décidé de m’auto-éditer, pour que cette aventure et les recettes sur la base du « détergent » de Cléopâtre soient malgré tout diffusées auprès de ceux qui voudraient le reproduire pour eux-mêmes à titre privé ( puisque la reproduction à but commercial est interdite et les recettes, soumises à droit d’auteur, sont bien entendu protégées ). La recette de base datant de l’Antiquité, seule une adaptation artisanale comme à l’époque s’avère conforme au cosmétique de Cléopâtre fait presque exclusivement à base de plantes.

Je précise d’ailleurs que bien que ce soit le cosmétique d’une reine, les recettes sont faciles à réaliser une fois acquis les ingrédients nécessaires qui peuvent toutefois être un peu longs à obtenir parfois, sachant que pour certains d’entre eux – 2 ou 3 – vous ne les achèterez que sur internet, n’étant pas d’un emploi très courant en Occident.

Si vous ne connaissez pas mon article sur les vraies recettes de beauté de Cléopâtre vous permettant de vérifier l’authenticité de la démarche et des recettes, c’est ici : https://echodecythere.com/2014/09/03/les-vraies-recettes-de-beaute-de-cleopatre/

Si vous rêvez de vous lancer dans la réalisation des cosmétiques issus du « détergent » de Cléopâtre – qui sont malgré tout très faciles à faire même pour un débutant – ou si vous êtes simplement curieux de cette aventure et de cette recherche, voici mon e.book qui la raconte et vous donne les vraies recettes :

Réalisez un vrai cosmétique de Cléopâtre : le e.book

ou bien, la version papier :

Réalisez un vrai cosmétique de Cléopâtre : le livre.

Mon second blog, consacré aux cosmétiques antiques et en particulier ceux de Cléopâtre se trouve ici :Le labo de Cléopâtre

 

Je tiens enfin à remercier tous ceux qui, fréquentant ce blog, ont permis à ce rêve de se concrétiser car leur présence a toujours été un encouragement suffisant à me donner envie de continuer mes explorations sur un thème trop souvent jugé superficiel.

« Détergent » de Cléopâtre réalisé d’après la recette authentique. Bonne nouvelle, ça sent bon ! ( Je vous le propose sur ma boutique Etsy consacrée aux parfums de l’Antiquité ) )

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Cosmétiques et sorcellerie

Depuis le début de la civilisation, l’emploi de produits de beauté a toujours été préférablement dévolu aux femmes : à elles les poudres, les fards, les produits améliorant la souplesse, l’apparence de la peau, la couleur des cheveux. Egyptiennes, Grecques et Romaines sont connues dans l’Antiquité pour avoir utilisé les fards, et les musées conservent d’antiques fioles de khôl ou de mélangeurs de fards retrouvés dans des tombes de femmes.

Cette quasi-exclusivité d’un emploi de cosmétiques au féminin fait également partie de ce qui a semblé creuser l’écart culturel entre hommes et femmes. Platon, déjà, reprochait aux femmes leur usage des cosmétiques jugés hypocrites, pernicieux, étant donné qu’à cause d’eux, on ne sait pas véritablement à qui on a à faire. C’est également un de ces arguments qui justifie pour Socrate, la supériorité des amours entre hommes.

Pourtant, dans un monde où la femme n’a pas de libertés, dépend d’un père puis d’un mari, ne peut sortir seule, ne peut étudier ni travailler, quel recours peut-elle avoir d’autre que la séduction ?

Depuis, culturellement, et malgré les nombreux changements intervenus dans la société et les droits qui leur ont été accordés, la séduction est du côté des femmes. Et pour que cette séduction ait plus de chances d’être durable, l’emploi de cosmétiques est judicieux. Judicieux mais ambivalent. De fait, même aujourd’hui, l’emploi des cosmétiques par les femmes fait toujours l’objet de méfiance souvent au sein même du couple ou des familles, même si cette méfiance s’avère plus marquée pour le maquillage dont les conséquences sont plus visibles.

Les raisons de cette méfiance, souvent inconscientes, peuvent avoir des origines très anciennes dans notre histoire culturelle et parfois très surprenantes :

– L’emploi des crèmes, fards et autres cosmétiques nécessitent des produits qui paraissent étranges, inconnus pour celui qui ignore tout de leur usage. L’ensemble de ces cosmétiques, conservés dans des flacons et pots sous forme de lotions, crèmes, pommades aux différentes textures, couleurs et parfums évoquent les substances employées par les sorcières dans l’imaginaire collectif. L’impression est renforcée par le fait que si l’homme n’y comprend rien, la femme semble en maîtriser tous les secrets sans être forcément passée par une formation pour cela. Cela donne alors le sentiment que la femme possède une science mystérieuse et se dessine alors inconsciemment la figure ancienne de la magicienne. Sans compter qu’autrefois, les cosmétiques employaient des substances toxiques aux effets très nocifs, comme le plomb de la céruse, qui, sous forme de poudre, blanchissait la peau en même temps qu’elle la détruisait et atteignait les organes. Le doute quant à l’innocuité des substances employées continue d’ailleurs toujours de planer sur les produits cosmétiques.

– Comme les arts magiques, la préparation qui permet de changer une femme ordinaire en une star de cinéma se fait dans le plus grand secret que semblent vouloir percer tous ceux qui consultent les photos des stars avec et sans maquillage. Chacun des gestes de la femme, entre le moment où elle s’apprête à se faire belle et le moment où elle se dévoile semble relever du mystère de Mélusine que son mari ne devait pas voir le samedi, jour où elle retrouvait sa queue de serpent. Chaque femme qui s’enferme pour se faire belle a quelque chose de la fée qui déploie son art secret d’enchanteresse. Et la transformation physique intervenue, d’autant plus discrète qu’elle a été tenue secrète, apparaît comme sans cause, relevant du mystère ou d’un sort.

– Bien avant ça, cependant, aux yeux de beaucoup de religieux de toutes confessions, la femme qui emploie des cosmétiques a quelque chose de démoniaque en ce qu’elle ne se satisfait pas de l’apparence que Dieu lui a donnée en tentant de l’améliorer. Son acte, par le simple fait de mettre des crèmes et du maquillage pour être plus belle, fut et peut encore être interprété comme un acte de rébellion envers les choix de Dieu qui l’ont faite comme elle est. Qui n’a d’ailleurs jamais vu de femmes de milieu très religieux aller au-delà du refus de maquillage et s’abstenir même des simples soins élémentaires de la peau ?

– Enfin, celle qui emploie des cosmétiques en vue d’améliorer son apparence risque de le faire dans le but de séduire. Or, la séduction a longtemps été considérée comme une caractéristique du Diable dans le but de détourner de Dieu. Et de fait, dans la séduction comme dans la beauté féminine, ce qui est suspect est la cause qu’on lui attribue. Pour les théologiens d’autrefois, le fait que la femme soit plus belle que l’homme n’est pas due à la nature ou à la volonté de Dieu mais à sa volonté de nuire. «  Qu’est-ce que la femme ? C’est un lacet formé avec un artifice admirable pour prendre les hommes; un piège toujours tendu, une Circé qui ne s’occupe qu’à préparer divers poisons.« , dit l’abbé Drouet de Maupertuis, à la suite de Saint Diacre.

Si, en plus, au lieu d’être passive, c’est elle-même qui organise sa séduction au moyen de poudres, crèmes, fards et lotions, comment ne pas voir en elle, chez ceux qui la craignent ou la méconnaissent, l’ombre de ce qu’elle fut pendant si longtemps à leurs yeux : la sorcière, maîtresse de sa beauté et donc de son destin ?

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Les vraies recettes de beauté de Cléopâtre

Tout le monde connaît le bain au lait d’ânesse de Cléopâtre que nous vantent certains vendeurs de savonnettes qui en contiennent. Lait de jument et d’ânesse sont utilisés en cosmétique sur l’argument que Cléopâtre employait ces produits. Il existe également un savon nommé Cléopâtra dont l’emballage doré est orné d’un dessin de type égyptien antique représentant une reine de profil.

En tant que reine mythique à la beauté légendaire, Cléopâtre fait vendre. Cette capacité, elle l’avait déjà dans l’Antiquité. En effet, Cléopâtre avait la réputation d’être une femme savante, cultivée et particulièrement séduisante. Mais en même temps, comment une reine aurait su conquérir le coeur de Jules César et Marc-Antoine si elle n’avait été belle ? Par une particularité de l’esprit humain, le cerveau est plus enclin à se raconter des histoires et plus séduit quand on lui en raconte que lorsqu’on énonce des faits réels. C’est de ce constat que le marketing s’est mis à baser les publicités et campagnes de communication des marques, produits ou groupes sur le storytelling. « Laissez-moi vous raconter une histoire… »

Dans la réalité, rien n’indique que la reine Cléopâtre ait employé des soins de beauté à base de lait d’ânesse ou autre, de roses ou quoi que ce soit qui paraisse naturel et attrayant aujourd’hui. Néanmoins, il exista bien un ouvrage de recettes de beauté attribué à Cléopâtre appelé le Kosmètikon dont il ne reste que des fragments disséminés chez divers auteurs antiques, nous explique Anne-Lise Vincent dans le mémoire qu’elle a consacré à cet ouvrage lors de son master : Edition, traduction et commentaire des fragments grecs du Kosmètikon attribué à Cléopâtre<. L’ouvrage spécifie que s’il n’est pas écrit de la main de Cléopâtre, il contient des recettes qu’elle utilisait. Néanmoins, il n’est pas exclu qu’on l’ait attribué à la célèbre reine d’Egypte pour en assurer le succès. D’un autre côté, ajoute Anne-Lise Vincent, cette reine était savante et a très bien pu le rédiger sur la base de ses connaissances. En bref, on n’a aucune certitude à propos du Kosmètikon sinon qu’il n’est pas en contradiction avec l’univers de Cléopâtre et ce qu’on sait d’elle.

Sur les cosmétiques eux-mêmes, ils ne sont plus exploitables, car si certains ingrédients sont toujours employés en cosmétique tels que le myrte, la moutarde, le lin, la racine d’iris, l’huile et le vin, d’autres tels que les têtes de souris mortes, les mouches calcinées, l’urine et autres produits toxiques rebuteraient n’importe qui aujourd’hui. Et si certains composants sont exploitables, comme on l’a vu, la manière de les rendre actifs sur la peau, comme le rasage des cheveux ou la scarification ne sont pas acceptables de nos jours. Sans parler du fait que rares sont les personnes pouvant croire que le cosmétique créé puisse être efficace hors de tout contrôle scientifique.

Les vrais cosmétiques dont Cléopâtre a prétendument donné les recettes ne feraient rêver personne aujourd’hui, et quiconque a conscience qu’elles ont été écrites il y a plus de 2000 ans sait que c’est normal. Ces recettes conservées en fragments sont au nombre d’une vingtaine et concernent majoritairement la perte des cheveux, leur pousse et leur couleur, ce qui démontre l’importance de la chevelure dans le monde antique.

En bref, que reste-t-il de la beauté de Cléopâtre ? Derrière le fantasme de ses produits de beauté qui n’ont pourtant rien que de très rebutant mais sont justement très caractéristiques de la médecine et de la magie d’autrefois, il y a le fantasme chimérique de transférer en nous une partie du pouvoir de séduction de la légendaire reine d’Egypte. Une beauté et une séduction dont nous ne savons absolument rien, en réalité !

La vérité est qu’il y a infiniment plus de distance entre le monde de Cléopâtre et le nôtre qu’il n’y en a entre le monde de nos fantasmes et la foi en leur réalisation. Et pourtant, quelle chance réelle ont les produits cosmétiques de vaincre la génétique, le temps qui passe ou les hormones pour nous faire ressembler aux mannequins et actrices qui les représentent ?

Pour une traduction et une recherche de grande qualité sur le Kosmètikon livrant les recettes de la possible mythique reine d’Egypte et le détail de leur composition, l’excellent mémoire d’Anne-Lise Vincent :

Mon livre : Réalisez un vrai cosmétique de Cléopâtre

le livre qui vous explique comment j’en ai réalisé un et vous donne des recettes adaptées de celui-ci est là :

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