Non classé

Blogueuse et auteure chez Lulu

Cette semaine, je suis la blogueuse invitée du blog Lulu. Les blogueurs et auteurs ayant été invités à parler de leur expérience d’auteur Lulu, j’ai décidé de faire partager la mienne puisque j’ai écrit mon livre Réalisez un vrai cosmétique de Cléopâtre via ce moyen d’auto-publication.

Ca me tenait d’autant plus à coeur que mon expérience d’auteure et même de créatrice de boutique de senteurs de l’Antiquité dépendent entièrement des recherches que j’ai faites pour ce premier blog, Echodecythere, consacré à Aphrodite et qui ont évolué dans tous les sens sans que je l’aie auparavant projeté.

Alors, lecteur, lectrice, tiens bien ton coeur, tiens bien tes rêves, amuse-toi, prends plaisir mais sois aussi rigoureux, et lance un projet de toute ton âme car tu ne sais pas jusqu’où te portera ton univers intérieur…

Pour me lire sur le blog de Lulu, c’est ici : Pour faire connaître un vrai cosmétique de Cléopâtre…

A très bientôt avec de vrais articles de fond, c’est promis !

Unboxing « encens découverte » du Labo de Cléopâtre

Mes encens du Labo de Cléopâtre ont gentiment mais objectivement été testés par Sophie du Blog Eso&Créative, avec les plus et les moins et elle a pris la peine d’en faire un article, donc je partage, via mon second blog Le labo de Cléopâtre ( oui, c’est un peu compliqué, même moi, je m’y perds !)

Merci bien, en tous cas de l’intérêt porté aux véritables senteurs de l’Antiquité.

Encens du Labo chez Eso&Créative

( Photo à la Une : préparation de commande dans mon atelier. )

N°100 : Aphroditologie

Pour ce centième article qui tombe à peu près en même temps que les 2 ans du blog – même si je suis du genre à penser que ça n’est qu’un blog et qu’en somme, ça n’intéressera pas grand monde – j’ai décidé de vous raconter l’origine d’Echodecythere et du lien que j’entretiens avec Aphrodite. Soyons fous, c’est parti, c’est le numéro 100 ! Merci de continuer à me lire après tout ce temps car dans la jungle des médias et de l’offre proposée, c’est dur de s’intéresser de façon constante à quelque chose créé par une seule personne, surtout si elle est un peu sauvage comme je le suis.

Donc, il y a deux ans, je décide de faire un blog sur Aphrodite dont chaque article, sauf exception, sera illustré par une photo de la déesse, le plus souvent sous la forme de la Vénus de Milo dont j’ai acheté une statuette dans une boutique pour touristes du quartier Saint-Michel. Tout est clair dans ma tête. Je n’ai qu’à commencer.

Tout cela est presque vrai. On va dire que c’est plutôt intuitivement clair, d’autant plus qu’à cette époque, j’ignore ce que c’est que de tenir un blog. Cette histoire t’intéresse ? Viens, lecteur, pour la première fois, je ne fais pas d’analyse, je ne vais pas chercher dans les livres anciens, les grimoires de magie, je ne vais pas interroger le sens d’une oeuvre d’art, je sors tout de moi-même, pour ce centième article, je te raconte une histoire.

Quelle histoire ? La mienne. J’ai horreur d’écrire sur moi pourtant, mais je trouve moi-même cette histoire si surprenante que je te la raconte.

C’est Noël et j’ai entre 12 et 13 ans. Je viens de recevoir un livre sur les mythes et légendes du monde entier adapté à mon âge. La plupart des histoires sont grecques et je les trouve passionnantes car je leur vois du sens et j’ai l’impression que je n’y suis pas habituée. En lettres, je suis la meilleure élève, et je suis une coquette. En lisant l’histoire du Jugement de Pâris, je rencontre Athéna, Héra et Aphrodite, et c’est là que j’ai le coup de foudre pour la déesse de l’Amour et de la beauté des anciens grecs. Je me mets à l’adorer et je n’arrive pas à comprendre comment l’Europe a pu renoncer aux anciens dieux qui me semblent bien plus intéressants que les grandes figures judéo-chrétiennes.

Dans ma vie, depuis toujours, les questions sur la beauté, la séduction, l’amour sont celles qui m’interpellent, m’interrogent, me passionnent sans relâche. Comme toutes les autres figures aphrodisiennes, les pin up, Marylin Monroe, Elisabeth Taylor, Cléopâtre me fascine également. Si tu connais bien ce blog, je suis sûre que tu n’es pas surpris de ce que je te raconte. Mais voici la suite.

Je suis à l’université, en licence de lettres. Un cours sur Homère me fait envie. Je sais que je vais y retrouver les anciens grecs. Je m’y inscris et je découvre l’Iliade et L’Odyssée et j’y retrouve surtout Aphrodite qui parle, bouge, agit, s’habille, joue des tours, exerce son pouvoir ! Je suis en adoration et je devine qu’il y a autre chose, qu’il y a plus à savoir à propos d’elle. Je rêve souvent que quelqu’un ait fait ce travail de compilation à propos de tout ce qui a pu se dire et se réfléchir sur Aphrodite, mais malheureusement ça n’existe pas. Le sujet aurait mauvaise réputation, serait jugé superficiel et de faible intérêt. Si on veut faire valoir son intelligence, on a plutôt intérêt à le faire à partir des codes de société masculins.

Retrouver cet univers m’a tellement enchantée que je m’inscris au cours suivant de ce professeur. Cette fois-ci, j’ose une synthèse sur Aphrodite et Hélène après que ce professeur a dit que malgré ce qu’on croyait, Aphrodite était la déesse de l’intelligence. Forcément, je vois un pont, je m’emballe. Je dois vite déchanter car contrairement à la première fois, je ne reçois pas une excellente note. « Superficiel », paraît-il. Oui, c’est l’adjectif en forme de préjugé qu’on applique toujours à mon intérêt pour l’amour, la beauté, la séduction, les cosmétiques, c’est-à-dire tout ce que j’aime au même titre que l’art, la littérature, la poésie, la réflexion.J’y ai encore droit aujourd’hui et pourtant, il s’était attaché à prouver le contraire. Je comprends que c’était un exercice de rhétorique avant toute chose. Dès que ça devient réel…Pourtant, je refuse de choisir car ce serait me trahir et j’assume de garder tous ces aspects de ma personnalité, que ça plaise ou non.

J’entame mon troisième cycle universitaire et j’apprends à faire de la recherche sans passer par les Grecs, sans passer par Aphrodite, avec un autre profond amoureux de la superficialité néanmoins. Aphrodite, de toutes façons, reste et restera toujours en moi. D’ailleurs, j’ai même acheté une statuette de la Vénus de Milo dans un magasin pour touristes du quartier Saint-Michel.

Bien des années plus tard, lorsque tout à fait par hasard, je conseille à quelqu’un de faire un blog, cette idée : « Et pourquoi pas moi ? » s’impose à mon esprit. Est-ce que ça te surprend, lecteur, si je te dis qu’immédiatement, je sais de quoi je vais parler et que la statuette que j’avais achetée à saint-Michel devient le fil conducteur de mes photos ? Tout vient naturellement, comme si ça m’attendait depuis toujours. et c’est seulement depuis peu de temps que je réalise : cette recherche sur Aphrodite, cette aphroditologie que je rêvais que quelqu’un fasse pour que j’y apprenne tout sur elle, c’est moi qui me la suis finalement apportée, persistant même avec mon second blog Le labo de Cléopâtre. J’ai travaillé à tous mes rêves de jeune fille et ça me donne tellement de joie que je suis bien sûre que ces projets te lasseront avant moi !

Et ça va peut-être te surprendre si tu n’as pas de sensibilité païenne, mais quand j’espère que tu es content de ce que tu as lu, j’espère toujours que la déesse aussi.FullSizeRender (97)

Famille de mes Vénus de Milo élargie au fil du temps pour Echodecythere. Ma première était la plus petite. A gauche, mon indispensable miroir grossissant, à droite, le parfum que j’ai créé à partir du cosmétique original de Cléopâtre.

Le labo de Cléopâtre : Cléopâtre et son célèbre bain au lait d’ânesse

 

Cet article et ces photos sont la propriété du site Echodecythere. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

L’enjeu des soins de beauté

 

Les soins de beauté existent depuis les débuts de l’humanité, depuis sans doute qu’un premier individu s’est enduit d’ocre et, ayant ainsi modifié son apparence, son statut ou la réaction de ses congénères à son endroit se sont transformés, démontrant que changer, améliorer son physique par divers soins a une importance. Parce que c’est indéniable, même si les effets des soins esthétiques sont difficilement mesurables, leur pratique, considérée comme utile depuis toujours, n’a jamais cessé.

Dès l’Antiquité pourtant s’opère une échelle morale les distinguant : les soins destinés à modifier son apparence en vue de son embellissement – les soins de maquillage, notamment – que les médecins dédaignent, et les soins destinés à entretenir, dont les médecins les plus célèbres immortalisent les recettes.

L’avènement du christianisme et la diffusion de ses idées fait éclater ces distinctions elles-mêmes, car pour le christianisme, l’individu est scindé et le corps est son ennemi. Mortel, faillible, il nous attire vers la Terre, le péché, les vils désirs, la vanité. Et surtout, le corps s’oppose à l’âme qui, elle, a le pouvoir de rejoindre Dieu et devenir immortelle. En sur-valorisant l’âme, on dévalue le corps. Les austérités des lois monastiques et autres auto-flagellations pour expier ou prouver sa dévotion, les scènes de torture des saints abondamment décrites dans les hagiographies et érigées en exemple achèvent de nous démontrer que seuls les êtres dédaignant le corps sont parfaitement purs.

Les pratiques esthétiques reculent, chaque être susceptible de s’y adonner se voyant immédiatement soupçonné de vanité, coquetterie voire pire. Une idée qui se prolonge au-delà du Moyen-Age, de la religion et continue de perturber les liens familiaux.

Pourtant, parallèlement, la découverte des raffinements de l’Orient lors des Croisades marque les esprits et change progressivement le regard et les pratiques de société. L’Europe redécouvre les parfums, et avec eux une certaine conception de l’hygiène et de la beauté en général. La pression de l’Eglise ne parviendra à endiguer le mouvement, et avec l’exemple d’Agnès Sorel, première maîtresse royale de l’histoire de France, les fards font scandale autant qu’ils fascinent. Depuis, ils n’ont pas cessé de progresser malgré quelques éclipses idéologiques dues au conceptions politiques, comme lorsque le rouge passe de la couleur des fards des aristocrates au rouge populaire des sans-culottes.

Idéologiquement, c’est vrai, améliorer son apparence de façon visible, c’est manifester son influence sociale ou politique, ou au moins y prétendre. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que des personnages publics, hommes et femmes politiques sont de plus en plus nombreux à pratiquer la chirurgie esthétique ou au minimum des soins coûteux pour séduire et rester plus longtemps dans la course, et que plus les classes sociales sont élevées et plus les soins sont visibles.

De leur côté, les pratiques esthétiques visant les soins tels que l’envisageait l’Antiquité ont pris une dimension de plus avec l’avancée de toutes les sciences et les technologies. Car entre les moyens pour réparer la peau ou améliorer ses tissus, et une connaissance très pointue des divers processus du vieillissement, diverses inflammations et traumatismes, rêver la perfection et tendre vers elle devient de plus en plus réalisable. Et de plus en plus obligatoire. Car dans nos sociétés, à l’inverse de ce qui se passait au Moyen-Age, mieux vaut viser le corps dans lequel on s’incarne que l’âme dont on doute qu’elle nous offrira le Ciel où on pense qu’y volent plus d’avions que ne s’y rencontre Dieu.

Finalement, dans l’utilisation des soins de beauté, le véritable enjeu est notre façon d’être au monde et surtout de rêver. Mais aussi de s’aimer, de vouloir influencer le monde, d’être conforme, d’accéder aux premières places voire d’obtenir la première place. Car user de cosmétiques et autres soins, c’est encore et toujours viser la Beauté dont les effets ne sont pas entièrement mesurables, dont la formule mathématique n’a jamais été établie et dont l’idée s’incarne le mieux sous forme de déesse éternelle, intemporelle, insaisissable et dont le mystère reste entier. Tout comme s’avère incertaine l’efficacité des actions et des soins de beauté destinés pourtant à nous embellir.

Néanmoins, la caractéristique humaine étant de toujours tendre vers un idéal nourri de rêves qui paraissent impossibles avant de devenir une réalité, il ne faut pas s’étonner de voir cette pratique avoir non seulement toujours existé mais de plus, perdurer. Car user de soins de beauté, c’est déjà rêver l’humanité en mieux et concourir à sa transformation universelle par autant de petits actes personnels qui affirment : « J’y crois et je le veux. »

Nouvel article du Labo de Cléopâtre : livre, tarif et transparence

Cet article et cette photo sont la propriété du site Echodecythere. Il est interdit par le code de la propriété intellectuelle de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Mon second blog

Ceux qui suivent ce blog le savent, je me suis intéressée de près aux vrais cosmétiques de Cléopâtre et sur la base d’un mémoire universitaire qui leur était consacré, j’en ai recréé un, normalement issu du Kosmètikon, le vrai livre de cosmétiques de Cléopâtre dont il ne reste que des fragments éparpillés chez des médecins de l’Antiquité qui ont laissé des ouvrages.

Entre deux adaptations contemporaines de la recette et une assez semblable à l’originale, j’ai découvert des choses que j’ai trouvées passionnantes. Je les ai écrites dans un livre auto-publié pour que d’autres puissent reproduire pour eux-mêmes cette recette ancienne et prestigieuse d’un nettoyant visage et corps de la dernière reine d’Egypte.

Quelquefois, la tentation est grande de consacrer quelques articles aux cosmétiques anciens et à ceux de Cléopâtre en particulier, et ce d’autant plus que mes recherches continuent.

Alors, pour ne pas détruire l’unité et la cohérence d’Echodecythere et malgré tout ne pas me priver d’un partage sur mes expériences et découvertes, mes propos sur les cosmétiques anciens et en particulier ceux de la fascinante reine d’Egypte se trouveront ici : Le labo de Cléopâtre

Le blog est tout neuf, et comme tous les blogs, il ne demande qu’à s’épanouir, donc soyez patient.

Bonne découverte.

Le poil aux jambes de la reine de Saba

Non, ce n’est pas un titre volontairement provocateur mais une authentique information donnée par les traditions juive et musulmane à propos de la reine de Saba, bien que la tradition musulmane ait plus évoqué ce fait que la tradition juive. Cela commence par le Livre des Rois qui n’évoque pas encore la célèbre reine dans ces termes-là. Dans la Torah, en effet, elle est une reine qui a entendu dire du bien de Salomon et qui vient l’éprouver avec des énigmes qu’il résoudra facilement. Eblouie par son savoir et convaincue de sa sagesse, elle le comblera de présents et rentrera chez elle, comblée de présents à son tour.

Au fil des récits, repris tour à tour par les diverses traditions, la reine de Saba, prenant un dallage de cristal pour un plan d’eau la séparant de Salomon qu’elle doit rejoindre, elle soulève sa jupe et révèle alors des jambes très poilues. Dans la tradition judaïque du Targûm Shenî – recueil d’homélies sur le Livre d’Esther – Salomon lui fait alors remarquer que si sa beauté est celle d’une femme, sa pilosité est celle d’un homme et que c’est odieux. Blessée dans son orgueil, elle lui pose ses énigmes avant de reconnaître la supériorité du roi et repart chez elle comblée de présents.

Dans la tradition islamique, en revanche, le récit gagne de l’ampleur, et selon les versions, la question du poil aux jambes de cette grande reine des temps bibliques devient moins une anecdote qu’un enjeu d’importance. Dans une des versions, en effet, pour dégoûter Salomon de la reine par peur de leur union, les démons qui ont participé à la construction du temple prétendent que Balqîs, la reine de Saba, dissimule des pattes d’âne sous sa jupe. Le roi veut alors vérifier l’information, car les pattes d’âne l’identifieraient avec un démon – les démons étant connus pour leur pilosité excessive. La reine se révèle finalement être une femme authentique, poils de jambes en plus, ce qui, on ne va pas se mentir, fait d’elle une femme des plus ordinaires.

Voici ce que raconte à ce propos Tabari, historien persan du X ème siècle, dans son premier tome des Chroniques :

« Les Dîvs étaient jaloux de Balqîs et voulurent détourner d’elle le coeur de Salomon. Or, Balqîs était très belle et sans défaut, excepté qu’elle avait quelques poils de chèvre sur les jambes. Les Dîvs dirent à Salomon : Balqîs a beaucoup de poils sur les jambes. Salomon voulut voir les jambes pour s’en assurer lui-même. Il ordonna donc aux Dîvs de construire un château, et, devant ce château, un pavé de cristal long de cent coudées, et de verser sous le cristal de l’eau. Puis il ordonne de placer son trône au-dessus du cristal, de façon que, si quelqu’un y regardait, il pensât que ce fût de l’eau. Salomon s’y plaça, et Balqîs, pour arriver à lui, devait traverser cette place. A la manière des femmes quand elles vont dans l’eau, elle retroussa ses culottes et découvrit ses jambes. Salomon les vit et en fut surpris et satisfait. » Plus tard, il la prend pour épouse et les démons inventent pour elle un onguent dépilatoire : « Alors les Dîvs firent une composition de chaux et d’arsenic pour enlever les poils. »

Pourquoi ce récit nous surprend-il et qu’a-t-il à nous apporter aujourd’hui ?

Il est surprenant d’abord parce qu’il traite d’un sujet trivial, d’un tabou, et qu’il n’hésite pas à l’associer pourtant à une reine mythique qui a néanmoins certainement existé. Les textes anciens ont leurs racines dans des croyances et références que nous n’avons plus, mais il continue d’ériger des modèles et de nous délivrer un message. En ce sens, la reine de Saba est un modèle, une grande figure aussi féminine que mythique, ce qui est rare dans la tradition des grands monothéismes. Nécessairement, l’évocation du poil aux jambes de la reine ramène chacune des femmes à sa propre pilosité et l’importance qu’elle tient dans le rapport problématique qu’elle entretient avec l’image de la féminité.

Ces questions paraissent triviales et sans importance, et pourtant, dans notre monde contemporain, il n’est pas une femme qui ne ressente à la fois la nécessité de l’épilation et l’injustice d’une telle aliénation : selon la société, une femme ne devrait pas avoir de poils, sauf que naturellement, elle en a. On voit qu’à l’époque de la reine de Saba, c’était déjà le cas.

Mais écoutez ce que semble dire la tradition au travers de ces récits : le poil aux jambes de la reine de Saba ne l’a pas empêchée d’être une reine célèbre dont on parle encore aujourd’hui pour vanter son intelligence, et son poil aux jambes n’a pas non plus éclipsé sa beauté. Malgré ses poils, le roi Salomon s’est montré satisfait des jambes de la reine. Et non, les poils aux jambes ne nous identifient pas à des démones.

En revanche, la tradition paraît claire : si ce poil aux jambes n’est en réalité qu’un détail, il n’est quand même pas le bienvenu sur le corps de la femme, et ce depuis les temps les plus reculés. Et ça, ça n’est pas près de changer.

Pour faire le tour complet de la question de la reine de Saba dans toutes les traditions, sur son poil aux jambes ou non, cet excellent article : http://www.selefa.asso.fr/files_pdf/AcLettre_01_D2_SABA.pdf

Cet article et cette photo sont la propriété du site Echodecythere. Il est interdit par le code de la propriété intellectuelle de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Critères de beauté en poésie : les blasons

Au XVI ème siècle, la beauté féminine triomphe comme jamais car en effet, le Moyen-Age l’évoquait peu, et l’Antiquité semblait s’intéresser autant, sinon plus, à la beauté masculine. La femme devient objet d’admiration – et le mot objet est ici tout approprié – figeant sa forme dans des représentations, certes plus variées qu’autrefois, mais malgré tout rigides. Pourtant, les critères esthétiques, loin d’être vécus comme aliénants, inspirent toute la poésie de la Renaissance en prenant la forme de poèmes et de jeux littéraires appelés blasons dans lesquels seule une partie de la femme est célébrée.

Bien qu’il soit très connu, pour continuer sur le thème du sein à la Renaissance, et aussi parce qu’il est bon de se rappeler qu’avant d’avoir été mise en boîte par des académies, la littérature a d’abord été le lieu de l’expression du désir et de la frivolité un peu vulgaire – bref, de la vraie vie ! -, c’est le blason du Beau tétin de Clément Marot, datant de 1535, qui a été choisi.

Le Beau Tetin

Tetin refaict, plus blanc qu’un oeuf,
Tetin de satin blanc tout neuf,
Tetin qui fait honte à la rose,
Tetin plus beau que nulle chose ;
Tetin dur, non pas Tetin, voyre,
Mais petite boule d’Ivoire,
Au milieu duquel est assise
Une fraize ou une cerise,
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Mais je gaige qu’il est ainsi.
Tetin donc au petit bout rouge
Tetin quijamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller.
Tetin gauche, tetin mignon,
Tousjours loing de son compaignon,
Tetin qui porte temoignaige
Du demourant du personnage.
Quand on te voit il vient à mainctz
Une envie dedans les mains
De te taster, de te tenir ;
Mais il se faut bien contenir
D’en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendroit une aultre envie.
O tetin ni grand ni petit,
Tetin meur, tetin d’appetit,
Tetin qui nuict et jour criez
Mariez moy tost, mariez !
Tetin qui t’enfles, et repoulses
Ton gorgerin de deux bons poulses,
A bon droict heureux on dira
Celluy qui de laict t’emplira,
Faisant d’un tetin de pucelle
Tetin de femme entière et belle.

La même année, l’auteur s’est ensuite amusé à écrire le contre-blason de son Beau tétin, celui du laid tétin, qui n’est pas moins connu. Ici, c’est tout le manichéisme d’une société qui a su concevoir, sans autre alternative, Dieu d’un côté et le Diable de l’autre. En somme, tout ce qui n’est pas Dieu est Diable.

Et sur la beauté, quelles conséquences ?

A la Renaissance, la belle femme est célébrée, oeuvre angélique et divine. Mais malheur à celle qui est laide !

L’épanouissement intellectuel, culturel et artistique de cette époque masque bien, à cause de notre pensée manichéenne, justement, que ce n’est pas le Moyen-Age qui a vraiment brûlé les sorcières, mais bien la Renaissance, et que contre l’avis de Michelet, c’était surtout la vieille femme, la femme âgée d’où toute beauté est partie et à qui Dieu semble avoir retiré sa grâce qui était persécutée.

Les entendez-vous, ces menaces discrètes : « Cueillez, cueillez votre jeunesse ! », « Comme à cette fleur la vieillesse, fera ternir votre beauté » et « Quand vous serez bien vieille, Hélène…Ronsard me célébrait, du temps que j’étais belle » ?

Du Laid Tétin

Tetin, qui n’as rien, que la peau,
Tetin flac, tetin de drapeau,
Grand’ Tetine, longue Tetasse,
Tetin, doy-je dire bezasse ?
Tetin au grand vilain bout noir,
Comme celuy d’un entonnoir,
Tetin, qui brimballe à tous coups
Sans estre esbranlé, ne secoux,
Bien se peult vanter, qui te taste
D’avoir mys la main à la paste.

Tetin grillé, Tetin pendant,
Tetin flestry, Tetin rendant
Vilaine bourbe au lieu de laict,
Le Diable te feit bien si laid :
Tetin pour trippe reputé,
Tetin, ce cuydé-je, emprunté,
Ou desrobé en quelcque sorte
De quelque vieille Chievre morte.

Tetin propre pour en Enfer
Nourrir l’enfant de Lucifer :
Tetin boyau long d’une gaule,
Tetasse à jeter sur l’epaule
Pour faire (tout bien compassé)
Ung chapperon du temps passé ;
Quand on te voyt, il vient à maints
Une envye dedans les mains
De te prendre avec des gants doubles
Pour en donner cinq ou six couples
De soufflets sur le nez de celle
Qui te cache sous son aisselle.
Va, grand vilain Tetin puant,
Tu fourniroys bien en suant
De civettes et de parfums
Pour faire cent mille deffunctz.
Tetin de laydeur despiteuse,
Tetin, dont Nature est honteuse,
Tetin des vilains le plus brave,
Tetin, dont le bout tousjours bave,
Tetin faict de poix et de glus :
Bren ma plume, n’en parlez plus,
Laissez-le là, veintre sainct George,
Vous me feriez rendre ma gorge.

Dans cette image de sein de vieille femme, les voyez-vous, ces métaphores démoniaques et caractéristiques de tout ce que pense une société de ses femmes âgées : « le Diable te fait bien si laid », «  »tétin propre pour en Enfer, Nourrir l’enfant de Lucifer. »?

N’oublions jamais qu’il n’y a pas de critères de beauté qui s’établisse sans les critères opposés, ceux de la laideur.

N’oublions pas non plus que plus les critères définissant la beauté sont précis, plus celle-ci est rare, et plus la laideur devient répandue.

IMG_3540IMG_3537

Cet article est la propriété du site Echodecythere. Il est interdit par le code de la propriété intellectuelle de le reproduire sans l’autorisation de son auteur.

Echodecythère a un an !

Il y a un an, j’ouvrais ce blog après avoir conseillé à quelqu’un d’en faire un et sans même savoir ce que ça impliquait. Je ne connaissais pas du tout l’univers des blogs, et je n’avais dans la tête qu’un projet général de textes concernant la Beauté et l’Amour sous l’angle des sciences humaines et de photographies avec pour motif récurrent la Vénus de Milo. J’étais persuadée que je ne pourrais alimenter le blog au-delà de 4 à 6 mois.

Voici maintenant 1 an que je le fais avec plaisir et avec la certitude que c’était une des meilleures choses à faire. A tous les niveaux, je me trouve désormais plus riche d’expériences et de satisfactions dont j’ignorais tout !

Si le blog est alimenté grâce à mes articles, sachez que c’est d’abord grâce à votre soutien, votre lecture, votre confiance que cela se fait dans la durée. Car malgré une modeste fréquentation, le site a bénéficié depuis le début d’encouragements et de suiveurs et c’est eux qui fondent les motivations, l’envie, mieux que n’importe quoi d’autre. Un blog, c’est comme un nouveau-né que des tuteurs aident à bien grandir et à qui ils apprennent à marcher.

Grâce à ce blog, j’ai aussi découvert l’univers des autres blogueurs et je compte parmi eux des gens que j’apprécie, qui me font rire, réfléchir, qui m’apprennent des choses et avec qui je partage avec plaisir.

C’est pourquoi, pour cette excellente année passée sur WordPress en votre compagnie et dans la blogosphère, Aphrodite et moi vous adressons un grand merci !

Reflet de Cythère (3)

Dans Reflet de Cythère, une poésie ou une invocation à Aphrodite est mise à l’honneur. Généralement, il s’agit d’une poésie de l’Antiquité, époque où on croyait encore aux dieux anciens. Mais il existe des exceptions, et certaines fois, des gens conservent un coeur et une sensibilité païens sans qu’eux-mêmes sachent pourquoi.

C’est le cas de Leconte de Lisle, un de nos poètes un peu oubliés du XIX ème siècle. Parnassien, épris de Beauté, il était inspiré par la Grèce ancienne dont il traduisit des poèmes dans des vers d’une grande perfection formelle. C’est sans doute même ce qu’on lui reprocherait aujourd’hui.

Mais peut-on vraiment reprocher à un être épris de Beauté d’être prisonnier des formes ?

Cette poésie s’affirme comme Hymne orphique, imitant des Hymnes d’Orphée consacrés à chaque divinité sous le nom de « parfum » suivi du nom de la divinité et qui sont parvenus jusqu’à nous. Mais rares sont ceux qui les lisent encore.

La myrrhe était le parfum précieux de l’Antiquité consacré à Aphrodite, du nom de l’arbre d’où venait la sève odorante à la base du parfum et d’où sortit son grand amour Adonis. Une vieille histoire, encore !

PARFUM D’APHRODITE
« La Myrrhe
Ô Fille de l’Écume, ô Reine universelle,
Toi dont la chevelure en nappes d’or ruisselle,
Dont le premier sourire a pour toujours dompté
Les Dieux Ouraniens ivres de ta beauté,
Dès l’heure où les flots bleus, avec un frais murmure,
Éblouis des trésors de ta nudité pure,
De leur neige amoureuse ont baisé tes pieds blancs,
Entends-nous, ô Divine aux yeux étincelants !
Par quelque nom sacré que la terre te nomme,
Ivresse, Joie, Angoisse adorable de l’homme
Qu’un éternel désir enchaîne à tes genoux,
Aphrodite, Kypris, Érycine, entends-nous !
Tu charmes, Bienheureuse, immortellement nue,
Le ramier dans les bois et l’aigle dans la nue ;

Tu fais, dès l’aube, au seuil de l’antre ensanglanté,
le lion chevelu rugir de volupté ;
Par Toi la mer soupire en caressant ses rives,
Les astres clairs, épars au fond des nuits pensives,
Attirés par l’effluve embaumé de tes yeux,
S’enlacent, déroulant leur cours harmonieux ;
Et jusque dans l’Érèbe où sont les morts sans nombre,
Ton souvenir céleste illumine leur ombre ! »

Leconte de Lisle. Derniers poèmes publiés à titre posthume par José Maria de Hérédia. 1899.

Désir et civilisation

Le désir est un des sentiments les plus ambivalents auxquels la civilisation ait à se confronter, et ce quelle que soit la civilisation.

Chez les Grecs, et d’abord pour Hésiode, Eros est un dieu primordial qui vient opposer au Chaos un ordre du monde qui lui permet d’être stable. Cette idée, on la retrouve chez Empédocle et sa loi aphrodisienne d’attirance et répulsion qui crée la cohérence de l’univers. Mais à l’inverse, plus tardivement, Eros, le désir, est devenu le petit dieu ailé, insolent, indiscipliné qui dicte sa loi au père des dieux lui-même et sème paradoxalement…le chaos.

Car le désir, c’est l’inattendu, la force qui fait agir hommes et femmes, leur fait construire ou détruire des vies, des enfants, des familles, des empires, même, comme le roi Edouard VIII qui abdiqua pour épouser Wallis Simpson.

Le désir est d’une telle puissance qu’il n’est pas une civilisation qui ne se soit méfiée de lui tout en reconnaissant qu’on ne peut faire sans. Et entre la tendance humaine à l’absolu apportée par l’intelligence et la tendance naturelle au désir de vivre imposé par l’espèce, les plateaux de la balance ne sont jamais vraiment parvenus à s’équilibrer. De la satisfaction de ses désirs prônée par Epicure à la maîtrise de ceux-ci par Platon, la philosophie grecque a pu affirmer une chose et son contraire.

En Orient, en revanche, rien ne vaut la maîtrise de soi et la paix de l’esprit. Chez les Hindous, il existe un dieu du désir, Kamâ, dont le Kamâsûtra tire son nom. Pourtant, le jour où Shiva s’éprend de son épouse Paravatî, il le fait sans l’aide du dieu du désir qu’il a pulvérisé de son 3 ème oeil pour avoir osé le perturber pendant sa méditation.

Ce mythe est très éclairant et la suite le confirme : il est du devoir de Shiva d’épouser Parvatî pour engendrer le chef de guerre des dieux, Skanda, destiné à les protéger. Le devoir ! Pas le désir. La maîtrise. Le dieu hindou se doit de dépasser tous les conditionnements imposés par la matière dont il n’est pas fait. Dans l’idéal, l’Homme devrait les dépasser aussi, et dépasser ce qui conditionne son espèce, cette espèce qui le rapproche de la bête et l’éloigne de Dieu.

Car le désir, c’est ça : cette puissance qui nous rappelle qu’à force de vouloir faire l’ange, on finit par faire la bête, cette bête que l’on est aussi et qu’on voudrait bien oublier.

Pire même, à force de vouloir faire l’ange, le Bouddhisme lui-même dut assouplir sa philosophie uniquement destinée aux vrais renonçants, et valoriser le mariage, la famille, au risque de voir chacun vouloir devenir moine ou nonne et voir s’éteindre du même coup, bien sûr, la doctrine. Le détachement absolu, ce n’est pas bon pour la natalité ni pour la diffusion de la doctrine qui serait morte en une génération si chacun avait suivi ses préceptes libérateurs. Sur le site Buddhachannel tv, on peut lire un article portant néanmoins ce titre révélateur de ce que le Bouddhisme du Petit Véhicule reflète : «  Procréer, c’est engendrer le dépérissement et la mort. »

Et c’est un peu la posture de toutes les religions à l’origine des civilisations : leur survie dépend beaucoup de ce démon logé au fond du corps qu’il faut tenter de canaliser, équilibrer pour l’empêcher de faire oublier Dieu.

Et puis, Freud est arrivé pour nous expliquer que le désir était à la base de la construction compliquée de notre psyché et nous a également appris que sa répression avait permis à l’Homme de créer la civilisation, mais que son passage dans l’inconscient faisait de nous des marionnettes qui pilotions en automatique.

Cette vérité sera reprise à son compte par son neveu Edward Bernays qui, sur la base des découvertes de Tonton, inventera la propagande moderne et le marketing – inspirant ironiquement Goebbels qu’on croit souvent être l’inventeur de la propagande -, n’hésitant pas à utiliser des images phalliques et user et abuser de ce démon controversé des religions dans le commerce pour nous faire consommer.

Et c’est pourquoi, à la télé, les femmes semblent avoir un orgasme quand elle goûtent un carré de chocolat ou une tasse de café, se caressent nues en mettant du gel douche dont les ventes vont sûrement exploser sans que soit intervenu l’entendement, le jugement critique, l’attention portée aux choses qui nous entourent et qui nous conditionnent.

Saisi par les ailes et mis en cage par le père de la psychanalyse, le bel Eros est désormais condamné à nous envoyer ses flèches par campagnes publicitaires, films ou musiques médiocres interposés pour un succès facilement assuré. Il fut un dieu, le voici désormais aussi esclave que nous.

Souviens-toi toujours que le désir est sacré pour lui rendre sa liberté et fonder la tienne.

Cet article est la propriété du site Echodecythere. Il est interdit par le code de la propriété intellectuelle de le reproduire sans l’autorisation de son auteur.