Femmes et fleurs sont rapprochées depuis longtemps dans la tradition poétique et littéraire en raison de leur beauté et du caractère éphémère de celles-ci. Il y a d’autres rapprochements entre elles dans la littérature ancienne, notamment à propos de la virginité. La libération du corps des femmes, longue à émerger, a malgré tout fini par avoir raison du mythe de la virginité, du moins dans la société occidentale. Ne reste alors plus que la vieillesse pour unir femmes et fleurs dans une même métaphore qui perdure.
Voici une généalogie – sommaire et donc incomplète malgré tout- de cette tradition très épicurienne et née en même temps que cette philosophie.
» Si tu t’enorgueillis de ta beauté, considère avec quel éclat passager la rose fleurit. Elle se fane dans un instant, et soudain elle est confondue avec les choses les plus viles. Les fleurs et la beauté ont la même durée; le temps envieux les flétrit également. » Anthologie Théocrite, Bion, Moschus. III ème siècle av. J-C
– Ici le constat est sévère et cru : le vocabulaire péjoratif « enorgueillis », »les choses les plus viles », « flétrit ». Il y a autant de hargne que de poésie, les grecs anciens n’ayant jamais craint la brutalité. L’invitation épicurienne à jouir de la vie n’est pas présente et on sent quelque chose comme du ressentiment à l’égard d’une femme qui repousse un amant.
» …Nous nous plaignons, nature, que la beauté des fleurs soit fugitive : les biens que tu nous montres, tu les ravis aussitôt. La durée d’un jour est la durée que vivent les roses : la puberté pour elle touche à la vieillesse qui les tue. Celle que l’étoile du matin a vue naître, à son retour le soir elle le voit flétrie. Mais tout est bien : car si elle doit périr en peu de jours, elle a des rejetons qui lui succèdent et prolongent sa vie. Jeune fille, cueille la rose, pendant que sa fleur est nouvelle et que nouvelle est ta jeunesse, et souviens-toi que ton âge est passager comme elle. » Ausone. IV après J-C.
– Ausone est un poète bordelais de langue latine aujourd’hui oublié. Ce morceau est extrait d’une poésie plus longue et plus naturaliste qui parle longuement de la rose. D’une manière générale, sa poésie est champêtre et s’intéresse donc beaucoup à la nature. L’invitation à « cueillir » est enfin présente : elle aura une longue lignée. Ici, et ce sera la seule fois dans l’histoire de ce motif littéraire, il y a un espoir dans la génération future : » elle a des rejetons qui lui succèdent et prolongent sa vie ».
– Ce n’est pas ce motif qu’utiliseront ses imitateurs très connus de la Renaissance, Malherbe : « Et rose elle a vécu ce que vivent les roses.. » qui exprimait le deuil d’une petite fille de 3 ans qui ne pouvait alors pas avoir eu de rejetons, et Ronsard, qui emploie ces vers et la métaphore de la rose flétrie pour inviter Cassandre à partager son amour avant qu’il ne soit trop tard :
« A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté. » Ronsard 1545
– Enfin, Raymond Queneau, comme dans un de ces exercices de style, reprend le thème bien connu dans une chanson de 1947 pour Julienne Gréco, mêlant langage familier et descriptions peu flatteuses d’un siècle qui depuis peu manipule les images devenues fixes permettant d’avoir un recul et une image enfin précise du délabrement de la beauté féminine. L’invitation à cueillir les roses de la vie est la même que celle d’Ausone et de ceux qui le suivent, mais les Grecs anciens s’invitent dans cet hommage sous la forme de la brutalité du propos néanmoins réaliste.
« Si tu t’imagines
Si tu t’imagines
Fillette fillette
Si tu t’imagines
Xa va xa va xa
Va durer toujours
La saison des za
La saison des za
Saison des amours
Ce que tu te goures
Fillette fillette
Ce que tu te goures
Si tu crois petite
Si tu crois ah ah
Que ton teint de rose
Ta taille de guêpe
Tes mignons biceps
Tes ongles d’émail
Ta cuisse de nymphe
Et ton pied léger
Si tu crois xa va
Xa va xa va xa
Va durer toujours
Ce que tu te goures
Fillette fillette
Ce que tu te goures
Les beaux jours s’en vont
Les beaux jours de fête
Soleils et planètes
Tournent tous en rond
Mais toi ma petite
Tu marches tout droit
Vers sque tu vois pas
Très sournois s’approchent
La ride véloce
La pesante graisse
Le menton triplé
Le muscle avachi
Allons cueille cueille
Les roses les roses
Roses de la vie
Roses de la vie
Et que leurs pétales
Soient la mer étale
De tous les bonheurs
De tous les bonheurs
Allons cueille cueille
Si tu le fais pas
Ce que tu te goures
Fillette fillette
Ce que tu te goures » Queneau.1947
Alors, à qui le tour ?
difficile de faire mieux, beuaté , femme et fleur sont souvents des points qui vont bien ensemble ( Michelle, ma belle ? 😉 … désolé pour la référence 😉 ) une femme s’apprécie comme une fleur, chacune a ses formes , ses couleurs , son odeur sa saveur et il y a en pour tous les goûts et il faut savoir être ouvert , mais je ne ferais pas mieux que ces illustres auteurs comme Ronsard & co… 😉
Pour info je t’ai taggé sur un défi positif si jamais ça te tente d’y participer même si je sais que ce n’est pas trop l thème de ton blog :
http://pimpfdm.net/2014/10/03/tag-happy-2-3-days-le-defi-positif-20141003/
et de même sur un défi musical, sur ces musiques et albums qui nous marquent dans la vie et qui continuent de suivre au travers des ages :
http://pimpfdm.net/2014/10/02/tag-selection-de-vos-15-albums-de-musique-preferes-select-your-favourite-15-music-lps/
pas de participation obligatoire, mais personnellement j ‘ai pris beaucoup de plaisir à les faire alors je partage si ça te dis de les faire
sur ce bon week-end et bon courage !
Ouais, c’est parti ! C’est gentil de penser à moi !