sexualité

Comment devenir une déesse du sexe ?

Le projet d’un blog pouvant être clairement défini à nos yeux, il est toujours surprenant de constater que ce que les gens viennent y chercher est à mille lieues de ce qu’on imaginait. Ainsi, une recherche google mentionnant les termes  » devenir une déesse du sexe » a mené quelqu’un jusqu’ici. Si sur le coup, cela peut paraître surprenant, en définitive, ce n’est pas incohérent pour un blog parlant de beauté et d’amour.

Et si d’abord, on parlait de vous ? Votre question montre :

– que vous êtes une femme.

– que vous voulez exercer votre pouvoir par la sexualité.

– que vous ne vous sentez pas à la hauteur, que ce que vous donnez déjà ne vous semble pas suffisant.

Dans la culture occidentale, il n’y a pas de déesse du sexe. Il y a une déesse de l’Amour et de la Beauté. Ses moeurs sont légères et elle est connue pour avoir eu de multiples relations sexuelles mais celles-ci ne sont que des conséquences de l’amour et l’attirance éprouvés. La mythologie ne nous dit rien de ses performances car elle se concentre sur la psychologie et les liens de cause à effet entre les actions.

L’expression « déesse du sexe » semble plus appartenir au monde de la pornographie qui met en scène et catégorise de façon artificielle une infinité de désirs quand celui-ci se résume souvent, si tout va bien, à quelque chose de très simple et qui n’a pas besoin de choses compliquées pour s’exprimer. Cette machine à créer des désirs et surtout de l’argent finit par devenir la mesure de la sexualité des sociétés de consommation et relayés par les médias, les diktats qu’elle nous impose deviennent un mode de vie.

Néanmoins, la part essentielle et profonde des hommes et des femmes n’est pas celle qui est téléguidée, c’est celle, naturelle et primordiale, de l’amour, de la confiance et du respect, seules valeurs dont nous ayons réellement besoin pour nous épanouir dans tous les domaines. Une relation basée sur l’amour et la confiance mènera un couple jusqu’aux cieux, du premier jusqu’au septième.

Demander à être une déesse du sexe implique déjà que d’une manière ou d’une autre, on en est plutôt l’esclave. Esclave de qui ? de quoi ? D’un petit ami, d’un homme à qui ça plairait et qui l’a demandé ouvertement ou non, soi-même parce qu’on s’est créé des complexes ou on nous en a créés ? La première étape pour être une déesse de quoi que ce soit est d’être libre, de faire soi-même les lois. Et pour être libre, il faut comprendre de quoi on est esclave.

Pour déterminer ce qui était vraiment de l’ordre de ses idées, Descartes s’est interrogé sur elles en se demandant honnêtement de qui il les tenait : de telle personne, de telle autre ? Ce qu’il ne pouvait attribuer à personne d’autre qu’à lui-même, il savait que cela lui appartenait. Il pouvait dire qu’il  » était  » car il savait penser. Un monde de surinformation nous influence trop pour ne pas manquer de faire de nous autre chose que des machines. Savoir qui on est est la première étape pour être vraiment et faire des choix.

Aphrodite n’est une déesse de l’Amour pour personne. Etre une déesse, c’est un absolu qui se projette sans objet et sans objectif, c’est une nature essentielle. Nous ne sommes une déesse que lorsque les choses sont devenues naturelles, que ce qu’on incarne est si intégré à notre personnalité que l’association entre soi et la chose est évidente. Une déesse du sexe a toujours un autre pour objectif, et c’est ce qui l’empêche d’être libre.

Dans la culture grecque qui a fait naître notre civilisation au niveau des concepts et de la psychologie, la sexualité est sacrée et est le fait de deux dieux, Eros et Aphrodite. Elle est libre et peut aller où elle veut mais elle ne se projette pas car elle est en soi, elle ne se convoite pas, c’est un don des dieux. Son pouvoir n’est pas désiré pour s’exprimer sur autrui.

Enfin, demander à être une déesse du sexe, c’est peut-être surtout demander à retenir l’être aimé grâce à une sexualité débordante et addictive, celle qui ne vous est pas accessible aujourd’hui, soit parce qu’elle n’a pas eu le temps de se développer, soit parce que ce qui est offert à l’autre ne semble pas suffire, à cause de complexes qui n’ont peut-être pas lieu d’être ou à cause de la surenchère performative banalisée par la pornographie et les magazines qui donnent l’impression qu’il y a mieux à obtenir. En fait, il n’y a rien de mieux à obtenir ni pour la relation ni pour l’image de soi.

Malgré cela, vous voulez tenter de devenir une déesse du sexe ?

Accordez-vous du temps. Pour maîtriser et s’épanouir dans sa sexualité, il faut du temps et de la confiance en soi et en l’autre. Respectez-vous aussi, les choses que vous voulez et ne voulez pas, vos besoins réels. Enfin, s’ils vous ont mal influencés, dites non tous les deux aux médias qui vous en donnent une fausse image pour redécouvrir tout cela sans influence aucune, sans stress, et une fois au lit, laissez-vous guider par ce que la déesse vous inspire. Cela risque de vous étonner.

Mais rassurez-vous , si les réponses ne vous satisfont pas, d’autres sites vous expliquent comment mettre de la musique, faire un strip tease et utiliser les gadgets qui vous seront bien entendu, indispensables…

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Comment perçoit-on le maquillage ?

Chaque message produit est comme un texte à lire, à interpréter. Dans l’analyse des textes littéraires, il y a plusieurs approches : la critique qui s’intéresse aux origines du texte, celle qui s’appuie sur la psychanalyse, celle qui s’appuie sur les symboles, la sociologie et enfin celle qui s’intéresse à la réception.

La beauté est comme un texte à lire et à comprendre, particulièrement pour la beauté construite : il y a ce qu’on a voulu construire comme image, pourquoi, et bien sûr, ce que les autres en ont compris, qui peut être bien différent de l’objectif visé.

Quand nous voyons une femme maquillée, que voyons-nous, comment l’accueillons-nous ?

Dans l’étude menée par le magazine ELLE auprès de plusieurs hommes et qui rejoint l’expérience commune, leur accueil est paradoxal.

D’un côté, ils prétendent que les femmes sont mieux au naturel, que le maquillage ne leur va pas et qu’elles trahissent leur vraie beauté avec les fards. Ils affirment donc n’apprécier le maquillage que lorsqu’il est naturel et qu’il ne se voit presque pas. Mais d’un  autre côté, ils aiment le khôl le plus noir, le rouge à lèvres et le vernis seulement quand ils sont d’un beau rouge sang.

Si on analyse leurs propos, on se rend compte qu’ils prétendent ne pas aimer le maquillage alors qu’ils adorent qu’il soit criard ! Ce qui est parfaitement incohérent.

Ce paradoxe est l’expression du sentiment éprouvé pour le féminin, entre peur et désir. La femme très maquillée comme la femme décolorée attirent l’oeil de l’homme par les signes extérieurs de leur volonté de séduire, ce à quoi il est plus que sensible. Rouges à lèvres et vernis rouges en sont les panneaux de signalisation les plus évocateurs, et il n’y a pas de pin up sans maquillage sophistiqué, rouge à lèvres rouge sang, ongles parfaitement vernis et yeux chargés. Ici, l’hyper féminité est une manière d’assumer pleinement la séduction dans son identité, d’affirmer sa sexualité sans la craindre, ce qui n’est pas une posture commune à toutes les femmes et est d’autant plus attirant.

A condition que ce soit dans un cadre bien défini, car la sexualité de la femme a toujours fait peur.

Un homme qui veut séduire une femme sera conquis par celle qui sera très maquillée parce qu’elle affichera son ouverture, son expérience, sa maîtrise et semblera promettre ce qu’il désire. Mais si c’est sa mère, sa soeur, sa fille ou toute autre femme dont l’idée de sa sexualité le dérange qui est ainsi maquillée ?

La sexualité des mères, soeurs, filles est interdite ou taboue, et le maquillage de ces femmes est alors nommé  » vulgarité  » pour se dédouaner de cette crainte-là, pour la dissimuler derrière des arguments qui pourraient passer pour raisonnables. Le problème se pose aussi avec les femmes des hommes jaloux : peu de maquillage ou pas du tout leur donnera le sentiment de maîtriser leur sexualité, voire de la rendre inexistante aux yeux des autres. Par ailleurs, la diversité des maquillages possibles fait peur en évoquant les diverses facettes de la femme, les dérobades identitaires infinies que lui permettent les fards qui ont été conçus pour elle, qui seule peut se le permettre. Car ils ont en effet la capacité de rendre méconnaissable une femme qui peut passer, avec une simple palette de couleurs, d’une personne effacée à une reine triomphante. Et une femme soudainement très maquillée n’a aucun mal à n’être pas reconnue de ceux qui l’ont toujours vue sans fards.

Dans les rapports plus lointains, les recherches ont révélé plusieurs effets du maquillage sur les autres.

– Un teint non unifié empêche le rapport émotionnel à l’autre, et la façon d’y réagir sera alors moins empreinte d’empathie. Est-ce alors un hasard si l’homme qui prétend aimer les femmes au naturel déteste par dessus tout les fonds de teint, poudres et autres correcteurs ?

– Une femme maquillée attire plus les regards par la mise en valeur de son visage et sera préférablement choisie dans des situations aussi anodines que le fait de demander un renseignement ou son chemin.

– Enfin, d’une manière générale, loin des préjugés des philosophes antiques plutôt séduits par l’amour entre hommes, les fards ne sont pas vus comme des poisons destinés à tromper le monde mais comme des instruments d’intégration sociale. Car le maquillage est, dans l’inconscient collectif, associé à l’exception : la fête, le cinéma, l’événement officiel et chic. Par transfert, dans les rapports moins émotionnels que ceux de la relation d’un homme jaloux ou anxieux avec une femme, il transmet les valeurs positives de soin, respect d’autrui, estime de soi, bonne connaissance et respect des pratiques sociales, intégration. Ne serait-ce que parce qu’un modèle, mère, femme admirée, a donné à une autre envie de se maquiller et posé les bases de l’image sociale qu’une femme a voulu se construire, il y a déjà transmission de pratiques hautement sociales, très anciennes et positives. Se maquiller est un acte essentiel, dans la construction de soi, « une manière d’ordonner le chaos », explique Camille Saint-Jacques dans son Eloge du maquillage. 

Ordonner le Chaos, c’est la fonction occupée par Eros dans la Cosmogonie d’Hésiode.

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Le coquillage

Le coquillage est un symbole bien connu d’Aphrodite, celui qu’on lui associe peut-être encore plus naturellement que la rose, bien que ce symbole soit rarement mentionné dans les dictionnaires de mythologie. L’imaginaire collectif se l’est facilement approprié à partir de la très célèbre peinture de Botticelli, La naissance de Vénus. Le motif était déjà exploité bien avant, puisqu’on trouve une représentation au motif semblable dans la villa de Pompéi portant le nom de la magnifique fresque de son jardin : Vénus à la coquille, où la déesse est allongée nonchalamment dans une énorme coquille Saint-Jacques.

Les symboles associés aux dieux ne sont pas toujours dans un lien très clair avec ce qu’ils représentent, si bien qu’au fil du temps, leur compréhension par tous n’est plus possible. Par exemple, l’association d’Athéna avec la chouette n’est plus compréhensible aujourd’hui. On pense que cela a un rapport avec une religion primitive où les dieux étaient représentés sous forme d’animaux avant de devenir anthropomorphes. Bien loin donc, de ce à quoi la société est sensible.

Dans le cas du coquillage, par contre, le symbole est toujours accessible. Aphrodite étant née de l’écume de l’océan, il n’est pas illogique de la voir associée à un animal marin. Mais pourquoi le coquillage ?

Qui n’a jamais été fasciné par les coquillages qui jonchent par millions le sable des plages ? On cherche les plus beaux, on en fait des bijoux, des ornements, et surtout, on les ramène chez soi à défaut d’y ramener ce qu’on voudrait vraiment : la plage, la mer, le vent, le soleil, ce moment de détente où on est heureux, n’ayant rien d’autre à devoir penser qu’au bonheur de l’instant présent. Cet état de plénitude, c’est celui de l’enfant qui vient de naître. La mer, dans sa fonction de pourvoyeuse primordiale de vie, renvoie à la mère de chacun, qui protège l’enfant dans ses eaux avant de lui donner naissance.Le voyage près de l’océan est toujours un pèlerinage, un retour aux origines que la semi-nudité permise renforce encore un peu plus.

On remarque néanmoins qu’Aphrodite ne représente pas à proprement parler une déesse mère. En tant que déesse de la Beauté et de l’Amour, elle évoquerait plutôt la sexualité, la sensualité que la maternité. Justement, le coquillage est souvent un fascinant bi-valve dont les coques, lorsqu’elles s’entrouvrent, dévoilent légèrement un mystérieux enchevêtrement de chairs molles et vivantes. Ce mystérieux être vivant rappelle ainsi mieux qu’aucun autre le sexe féminin : deux grandes lèvres ouvrant sur un inconnu de chair dont le mystère demeurera toujours entier. En effet, il est à la fois l’origine du plaisir et de l’existence, le lieu d’où un homme vient et où il ne cesse de vouloir revenir.

Dans son ouvrage, La femme celte, Jean Markale remarque que le sexe féminin excité sécrète du trimétylamine, la même substance que celle des poissons en décomposition. L’odeur du sexe féminin est donc proche de celle des animaux marins morts, comme ces coquillages qu’on ramasse sur les plages, ces bi-valves mystérieux dont il ne reste que les coques vides par lesquelles nous sommes toujours attirés sans comprendre pourquoi.

Par ailleurs, les produits issus des coquillages, nacres et perles – dont la couleur blanchâtre irisée renvoie encore à la sexualité – sont des matières précieuses qui ne sont réservées qu’aux femmes, là où pierres semi-précieuses et métaux précieux peuvent être portés indifféremment par les deux sexes.

Enfin, comme ce qu’il représente dans notre inconscient, le coquillage orne les boîtes à secrets, les miroirs, révèle le flux de notre sang quand on y porte l’oreille. C’est donc un objet lié symboliquement à l’intimité, à l’intériorité. On le retrouve également sur les objets archaïques, ethniques ou exotiques pour les décorer et renforcer l’impression de naturel, de simplicité et surtout d’ancienneté. Dans ce cas-là, il renvoie celui qui l’admire aux origines de l’humanité comme à sa propre origine. Et la boucle est bouclée.

Le coquillage est comme une femme qu’on aime et comme la Beauté, on peut les posséder mais ne jamais percer leur mystère. C’est la caractéristique même d’Aphrodite.

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