Dans ses divers ouvrages, Michel Pastoureau, historien spécialisé dans les couleurs, nous fait découvrir que les goûts que nous pensons avoir en matière de couleurs sont en réalité les restes d’un patrimoine culturel et idéologique, une histoire oubliée transmise néanmoins par l’éducation. Il nous apprend donc l’histoire et la symbolique de chaque couleur, dont la plus grande partie réside dans celle des conditions de teinture du vêtement.
C’est sur la base de cette connaissance et de cette culture commune que nous pouvons ensuite choisir la couleur de nos vêtements en fonction de l’image que nous voulons véhiculer et l’effet que nous voulons produire sur l’autre, sachant néanmoins que l’usage de la couleur lui-même est connoté. En effet, les classes sociales les plus hautes n’utilisent généralement pas de couleurs vives mais la palette des bleus, bruns, noirs, beiges, gris. Dans les classes populaires, en revanche, la couleur se rencontre plus facilement, ce qui a tendance à se généraliser avec la mondialisation des idées et des cultures. Par ailleurs, chez les classes populaires, mettre de la couleur, c’est afficher sa bonne humeur et donc sa bonne santé.
Dans « Le petit livre des couleurs », condensé passionnant de ses ouvrages consacrés souvent à une seule couleur, Michel Pastoureau nous apprend d’abord que les couleurs ont des symboles ambivalents développés au cours de leur histoire, même si certaines peuvent être complètement positives ou négatives. Certaines également ont connu un renversement de valeur.
Voici ce qu’il a découvert sur les couleurs, à quoi j’ai ajouté certaines explications et des applications pratiques pour que vous puissiez vous en servir au quotidien :
- Le blanc
Couleur positive, on y associe les valeurs de pureté, d’innocence mais aussi de propreté – le linge blanc donne l’impression de netteté – de sagesse, aussi. C’est une couleur à porter dans toutes les occasions sérieuses, professionnelles ou officielles.
- Le noir
Associé depuis la Renaissance aux élites sociales et religieuses, il véhicule les mêmes valeurs de sérieux que le blanc, mais il possède une certaine ambivalence puisque c’est aussi une couleur de marginaux affichant leur contestation – métalleux, goths, punks, personnes en souffrance psychique ou sociale. Paradoxalement, il reste malgré tout la couleur du chic et de l’élégance. On peut donc le mettre partout, à l’autre de comprendre pourquoi et comment vous le faites.
- Le gris
Associé désormais à la tristesse – comme un jour de pluie, sans doute – c’est encore une couleur ambivalente puisqu’elle garde les valeurs positives de sagesse et d’intelligence associées aux cheveux gris et qu’on retrouve dans l’idée de matière grise. On affiche donc son sérieux avec du gris autant peut-être que son caractère un peu terne.
- Le bleu
D’après les découvertes de Michel Pastoureau, c’est la couleur préférée des Occidentaux aux valeurs positives incontestées depuis le Moyen-Age. On peut le porter partout et en toutes circonstances.
- Le rouge
Autre couleur ambivalente, les valeurs qu’il véhicule sont aussi antagonistes que violentes : vie, mort, passion, sexe, violence, danger, hypomanie…Le rouge ne laisse personne indifférent ! En petites touches, il peut signifier la motivation, un caractère passionné, ce qui peut être un atout en entreprise ou en amour. Mais mieux vaut le réserver en total look pour une personne envers qui on éprouve véritablement la passion…
- Le rose
C’est un rouge atténué, la couleur de la tendresse, du bonheur, voire de la mièvrerie. On la réserve aux femmes pour lesquelles uniquement il est bien connoté, même s’il va mieux à celles qui assument leur côté femme-enfant.
- Le vert
Son histoire est ambivalente et il continue de signifier le sort, le hasard du trèfle à 4 feuilles sur les tapis de jeux et dans les lieux où se disputent des matchs. Peu à peu, pourtant, il se veut plus rassurant, devenant un symbole de la nature, de l’écologie. Peu porté, pourtant, il semble garder son symbolisme aléatoire : soit celui qui vous regarde l’aime, soit il ne l’aime pas. Réservez-le pour des moments où vous ne craignez pas le jugement.
- Le jaune
Il est mal aimé en Occident car il a toujours été historiquement associé à la trahison, aux condamnés, aux réprouvés. A force de le voir sous représenté, nous y sommes devenus hostiles sans raison autre qu’éducative. Si vous l’aimez, portez-le uniquement pour vous-mêmes, sinon, vous en entendrez parler !
- Le orange
Peu apprécié, on lui associe malgré tout l’énergie. Il ne faut pas en abuser.
- Le violet
Couleur assez artificielle, il n’a jamais vraiment su trouver sa place, hormis dans la spiritualité. En petites touches, pourquoi pas ? ( J’écris ça pour ne pas mentir sur son opinion car pour ma part, j’adore cette couleur !)
- Le brun
Ce fut longtemps une couleur de moines, associée à la pauvreté et à l’humilité. Parfait si vous voulez rassurer une future belle-mère ou un établissement religieux.
Mon conseil personnel néanmoins, c’est de faire éclater les couleurs de la vie, car s’il y a bien une chose que m’ont fait comprendre les Indiens, c’est que les couleurs, c’est la Beauté et c’est la vie !
https://www.youtube.com/watch?v=MlOrkja2Z54
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Bon, je suis en « brun » aujourd’hui, mais je n’ai pas l’impression de ressembler à un moine pour autant!
Bottes camel, top léopard, pashmina indien et boucles d’oreilles cuivrées… j’aimerais bien entendre son interprétation de ma tenue, tiens!
Ah ! Ça, c’est parce que je n’ai pas précisé la palette de l’élite sociale, car j’ai cru que l’article serait trop long, mais comme ce n’est pas le cas, je vais le faire finalement. Donc, il dirait que tu appartiens à l’élite sociale ou tu aspires à en faire partie…
Bon, j’aspire alors, parce que pour l’instant je ne crois aps faire partie de l’elite…. mais l’espoir fait vivre!
Continue de porter du brun, ce sera payant. Et surtout, évite le jaune !
Je n’aime pas le jaune, de toute maniere!
C’est culturellement normal, semble-t-il, mais en Chine, c’est la couleur de l’empereur. Comme quoi, c’est vraiment culturel !
Je confirme, en Chine c’est la couleur imperiale 🙂