Séduction, amour et folie

En cherchant le terme pin up sur Wikipédia, on trouve des articles connexes qui nous sont proposés comme à chaque fois : « playmate », « vamp », « femme fatale », « séduction », qui ne nous surprennent pas. Et puis un autre plus surprenant :  » trouble de la personnalité histrionique », appelé autrefois hystérie.

En effet, l’hystérique homme ou femme ne conçoit ses relations que dans la séduction, une séduction dont se nourrit le Moi perturbé pour éviter les angoisses. Sa séduction est physique et se voit au soin excessif apporté à sa personne, mais elle s’exerce pour mieux mettre une limite entre soi et l’autre. Bref, c’est un allumeur ou une allumeuse…

Chaque pathologie génère ou subit sa propre manière de séduire et d’aimer. On pourrait citer le cas des cyclothymiques qui développent un TOC de l’apparence non pour séduire mais par complexe, grossissement de leurs défauts, les femmes anorexiques ou les hommes souffrant du complexe d’Adonis ( appelés manorexiques dans le ELLE de cette semaine ) qui ne parviennent pas à se voir tels qu’ils sont et qui s’abîment toujours plus, l’une dans les régimes hypocaloriques, auxquels s’ajoute le développement de la musculature pour l’autre.

Car la séduction est d’abord un rapport de soi à soi : comment plaire à l’autre si on ne se plaît pas à soi-même ? Et sur quels critères pouvons-nous projeter l’image de notre beauté dans le regard de l’autre sinon par ceux que nous possédons ? La séduction commence à l’intérieur de notre esprit, quand Narcisse rencontre sa propre image et s’éprend de lui-même ou du moins, tente d’y parvenir, comme le fait une anorexique ou une victime du complexe d’Adonis, sans se rendre compte que c’est impossible. Vouloir plaire, c’est d’abord vouloir se plaire à soi-même sur des critères subjectifs, même s’ils se nourrissent de représentations communes dans la société.

Pareillement, le rapport au partenaire ne s’envisage pas de la même manière selon qu’on a affaire à un pervers narcissique qui séduit l’autre pour mieux l’écraser, une hystérique qui repoussera le désir après l’avoir provoqué, un bipolaire en phase maniaque dont la séduction extraordinaire débouchera sur une sexualité frénétique, voire à risque, la cyclothymique dont le choix de partenaire et de sexualité iront dans un sens souvent destructeur, etc.

Dans nos amours, ce sont des Moi que nous rencontrons, des Moi différents qui se sont construits selon des lois dont nous ignorons tout et qu’eux-mêmes ne maîtrisent souvent pas. Et ce sont nos Moi que nous y oppposons dans un choc des psychés qui se sont séduits avant même de se comprendre.

Derrière cette séduction, il y a toujours une raison. Pour les Anciens, Aphrodite en a donné l’ordre à son fils ailé, Eros. L’homme et la femme sont incomplets et chacune des parties de cet être qui ne faisait qu’un cherche à se rejoindre.

Oui, cela est vrai. Hors l’amour, nous sommes incomplets et au fil des années, ayons nous été appelés sains d’esprit, nous développons des pathologies car il est dans la nature essentielle du vivant de chercher à rejoindre l’autre, même si c’est de manière bancale, même si c’est au travers d’un psychisme blessé, aveugle ou construit de travers.

Et nous, quelle séduction pouvons-nous trouver à une personnalité histrionique, un dépressif, un pervers narcissique ou encore quelqu’un qui ne peut nous aimer comme un homosexuel quand on est une femme, un hétéro quand on est un homme, etc. ?

Chaque fois que nous aimons, nous tentons effectivement de rejoindre cette partie que nous ne possédons pas et qui nous fera atteindre un équilibre. C’est vrai des amours temporaires comme de l’amour de notre vie. Avez-vous remarqué comme bien après une relation qui s’est terminée, nous sommes capables de trouver des causes à notre amour dans la conjonction entre la personnalité de celui ou celle qu’on aimait et l’état de notre psychisme à ce moment-là ? Les amours-tampons ou les amours temporaires nous font parvenir à l’équilibre partiel d’un moment. Combien de fois avons-nous conclu ainsi le bilan de ces relations  par des :  » J’avais besoin de cette expérience. » ?

Et l’amour d’une vie ? On le partage avec l’être qui, psychiquement, répond intégralement à notre déséquilibre par le sien pour parvenir à un équilibre qui peut être heureux ou malheureux mais qui dans tous les cas ne s’atteint qu’à deux. Cet équilibre s’inscrit dans la durée car les points de jonctions sont plus nombreux.

Alors, oui, vraiment, l’amour est une folie !

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