Le voile fait polémique par tout ce qu’on y met d’idéologie politique. Il est vrai que dans la société où on l’emploie, le voile est considéré comme un rempart contre l’impudeur et le désir des hommes, et il est vrai aussi que c’est un accessoire typique des pays qui accordent beaucoup de droits à l’homme et fort peu à la femme. Des pays ou des sociétés où on demande à la femme de se cacher et non à l’homme de se maîtriser.
Mais au-delà de ces constats, on pourrait faire quelques remarques concernant ce voile, au-delà de ce qu’il semble justement voiler, qui souvent n’est que chimère.
Et d’abord, les sociétés qui demandent à la femme de se voiler ont-ils une vue courte et sexiste ? Oui et non. Oui, les cheveux et la peau de la femme troublent l’homme, mais plus il en voit moins c’est le cas. Autrement dit, on pourrait très bien se retrouver avec un système qui déplace le désir. Le voile, même si on ne voit que lui, peut très bien suffire à affoler juste par le fait de savoir qu’il cache quelque chose de prohibé. Tiré par les cheveux le raisonnement ? Pourtant, le fantasme est ainsi fait.
Et ce fameux voile, alors ? S’il peut abuser un homme, il n’abusera pas une femme. Ainsi, comment ne pas remarquer que chez certaines, le voile a une certaine tendance à les embellir, du fait même de la régularité de l’étoffe qui a le pouvoir de masquer l’imperfection de cheveux mal plantés, d’épis, de bosses disgracieuses, d’un cheveux gras ou crépu, bref tout ce qu’une femme peut ne pas aimer et trouver avantageux de cacher ? Car les chevelures féminines ne sont toutes sublimes que dans les fantasmes masculins.
Par ailleurs, et c’est plus visible chez les femmes juives dont le cou et la nuque ne sont pas couverts, comment ne pas remarquer dans le peu de cheveux qui s’échappent de leur coiffure, qu’à l’heure où les cheveux blancs commencent à envahir la chevelure, le voile devient un atout et une alternative à la coloration pas toujours heureuse qui contraint à un entretien permanent ? Sur un visage peu ridé, les cheveux blancs révèlent un âge, le même visage aux cheveux voilés ne révèle qu’une femme sans âge certain.
Chez la femme musulmane, en revanche, pas un cheveu ne dépasse. Mais en compensation, le voile fait l’objet d’une véritable mise en beauté : ornements, accessoires tels que broches, bandeaux, strass, plis particuliers et subtils viennent révéler ou inventer la beauté cachée en-dessous, au point que dans quelques pays musulmans, c’est la spécialité de certains salons de coiffure.
Enfin, comment ne pas parler de la femme indienne dont le voile de pudeur, point final de sa tenue qu’il rehausse et tout en étant multi-usages au quotidien, est né d’un savoir-faire plusieurs fois millénaire ? Ces écharpes, larges, colorées, magnifiques et légères, faites d’étoffes délicates, font de la femme une oeuvre d’art vivante là où il n’y a sûrement qu’une femme ordinaire.
En définitive, il n’y a guère que les femmes belles comme des déesses que le voile contraint et aliène. Les autres peuvent toujours se sentir belles, car pourquoi les cache-t-on sinon pour leur beauté si dangereuse pour leur vertu ? Passé un certain âge, ne serait-ce pas bon pour le moral ?
A sa guise et au-delà de qu’on a voulu faire de lui, le voile cache des beautés pour mieux en révéler d’autres…
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